Capable de porter une poignée de formations au plus haut, la vague néo-metal aura aussitôt enterré bon nombre de ces nouvelles coqueluches du mouvement sitôt retombée. Loin d’être des nouveaux venus sur la scène Américaine, Staind en aura payé le prix fort, mais étrangement uniquement à l’international. Avec Break The Cycle, le groupe a connu l’envolée en flèche de son chiffre d’affaire, une couverture médiatique considérable et un matraquage des ondes à grands renforts de singles plutôt mieux troussés que chez la concurrence. Un succès que les musiciens parviendront à prolonger le temps d’un 14 Shades Of Grey présentant une légère mais belle évolution, avant un très moyen Chapter V qui passera totalement inaperçu. S’il n’est pas véritablement distribué en dehors de leurs frontières, l’opus trouve néanmoins son public aux Etats-Unis, poussant aujourd’hui Roadrunner à s’engager dans une politique de relance Européenne avec The Illusion Of Progress.
Tout comme le dernier-né des masqués de Slipknot, Staind présente un disque affublé d’une appellation particulièrement prémonitoire. Mais là ou leurs collègues de l’Iowa ont su passer outre et présenter une livraison rassurante, Staind ne se fend que d’un album relativement moyen et pleinement inscrit dans la continuité de son prédécesseur. Chapter V ne se dotait pas d’originalité particulière, et peinait à tenir la longueur faute de morceaux véritablement catchy, The Illusion Of Progress n'intègre une nouvelle fois aucune grosse évolution notable. Mais si l’album se montre relativement quelconque, il n’en est heureusement pas pour autant foncièrement mauvais. Staind conserve en effet tout son potentiel radiophonique, bien que la place du single ravageur demeure désespérément vide (le très mou et plaintif « Believe » ne possédant clairement pas le potentiel émotionnel d’un « It’s Been Awhile » ni la puissance de « Mudhsovel »), et pose sur bandes une belle brochette de morceaux agréables et convenablement troussés. A base de riffs entraînants bien rock’n’roll couplés à une section rythmique efficace qui ne dévie jamais vers la frénésie rythmique, The Illusion Of Progress possède à son actif quelques très bonnes chansons qui parviendront à trouver l’alchimie entre l’énergie nécessaires et les horizons ultra-mélodiques si chers aux musiciens (« This Is It », « All I Want » ainsi que « Break Away », tous trois excellents). On notera même quelques échappées en lead de la part de Mike Mushok, qui bien que courtes procurent leur petit effet (« Pardon Me », « Lost Along The Way »). Le leader Aaron Lewis profite d’ailleurs de ses compositions bien calibrées pour exploiter les meilleures facettes de son chant toujours très juste et travaillé, ce dernier habillant les instrumentations d’interventions parvenant à présenter une certaine puissance sans pour autant avoir recours à des techniques vocales plus virulentes (les très bons refrains de « Pardon Me »).
The Illusion Of Progress se profile certes comme une pure bande-sonore de collège rock radio-friendly mais le tout se savoure dans l’ensemble avec un certain plaisir, d’autant plus que ce dernier se montre rapidement accessible, structures académiques à base de couplet / refrain / couplet aidant. Malheureusement, le quatuor reproduit également cette propension à sombrer dans les limbes les plus soporifiques (« Save Me », horrible cliché de la ballade adolescente, « Tangled Up In You »), et bien que les morceaux sous anesthésiants représentent une minorité, ils suffisent à briser net tout élan. Entre guitares acoustiques à l’accord unique et nappes cotonneuses plongeant dans une profonde léthargie, The Illusion Of Progress prend une sévère douille de chevrotine dans l’aile (« The Corner », qui ne décolle jamais véritablement malgré toutes ses ambitions bluesy). Aaron Lewis et son légendaire spleen ne sont guère responsables d’un quelconque regain d’intérêt pour ce type de compositions pullulant en fin de course, tant son chant peine à transporter les émotions nécessaires. Dommage.
The Illusion Of Progress reste au final un album plutôt convenable et agréable, bien que quelques compositions aux mélodies trop mélancoliquement appuyées ne viennent grandement nuire au rythme de l’ensemble. Certes loin du trait de génie, mais toutefois un cran au dessus du dispensable Chapter V.
.: Tracklist :.
01. This Is It
02. The Way I am
03. Believe
04. Save Me
05. All I Want
06. Pardon Me
07. Lost Along The Way
08. Break Away
09. Tangled Up In You
10. Raining Again
11. Rainy Day Parade
12. The Corner
13. Nothing Left To Say
14. It's Been Awhile (Acoustic at The Hiro Ballroom)
15. Schizophrenic Conversations (Acoustic at The Hiro Ballroom)