Monté au départ comme un simple passe-temps par le chanteur Geir Helge Fredheim (WinterStrain) et le batteur Trym (membre de Zyklon et d'Emperor), Paganize deviendra un projet plus sérieux à la suite d'enregistrements de diverses démos. Aujourd'hui distribué par Candlelight Records, les norvégiens passent de nouveau une vitesse supérieure en sortant sleur premier essai sous le nom de Evolution Hour.
Intro à rallonge sur un tempo relevé, attaque de riff incisive et batterie usant de sa double-pédale d'entrée de jeu, les premières mesures de Evolution Hour pourraient laisser penser à un énième groupe de metalcore. L'arrivée de Geir Helge Fredheim décollera bien vite l'étiquette apposée le temps de quelques secondes à Paganize. Alors que l'on croyait le heavy metal à l'ancienne désormais uniquement promulgué par les vieux de la vieilles, Iron Maiden en tête de file, le quintet vient remettre sur la table ses influences tout droit issues des années 70 et 80. Surprenant, original et sacrément risqué tant le mouvement semble désormais has-been aux yeux du jeune public. Pas de hurlement rauques ni de haine viscérale dans le chant de Fredheim, celui-ci préférant se calquer sur ses glorieux aînés, adoptant pour ce faire des tirades radicalement éloignées des formations actuelles. Le grave est donc totalement absent des lignes de chant, le frontman s'envolant dans les aigus hauts perchés à la manière d'un Bruce Dickinson ou d'un Ronnie James Dio (« The Wraith », « Conscience »). La voix se veut limpide et claire, et à défaut de proposer quelque chose de vraiment novateur, aura le mérite de rendre nostalgique les hard-rockeurs qui désespéraient de voir un jour une quelconque relève à leurs idoles ridés. Ceux qui n'auront pas vu leur jeunesse commencer avec ces piliers du mouvement auront néanmoins nettement plus de mal à adhérer à la musique des norvégiens, un petit sentiment de lassitude s'installant au fur et à mesure du défilement des morceaux, le chant s'avérant au final légèrement répétitif.
Musicalement, Paganize fait également preuve d'un atout de moins en moins décelable sur une bonne partie de sorties récentes : un véritable niveau technique. Les musiciens ne se limitent pas au riff répétitif sous-accordé répété trois minutes durant, proposant de véritables constructions dignes des grands guitaristes heavy des années 80 et n'hésitant pas à ponctuer leurs morceaux d'échappées en solo généreuses et irréprochables (l'épique « Unfolded » qui viendra fermer Evolution Hour, « Conscience », « Turn Of The Tide »). La section appuie les prouesses de ces deux érudits de la six-cordes par une rythmique soutenue et marquée, le tempo ne faiblissant à aucun moment dans le but commercial d'insérer un titre mellow, ce que le quintet à de toute évidence jugé inutile (exception faite de « Hollow », morceau plus lent et appuyé que la moyenne, qui conserve néanmoins l'esprit des autres compositions). Les guitares décoiffantes se dédoublent, habillant sur bandes dix morceaux fortement axés sur l'aspect mélodique, sans que ceux-ci ne sombrent pour autant dans la facilité. Ce premier opus n'est en effet pas un disque facile d'accès pour des oreilles vierges des sonorités eighties.
Evolution Hour sera très certainement perçu différemment selon l'âge de l'auditeur. Irritant pour un ado actuel, sans doute très bon pour un les éternels admirateurs des groupes précédemment cités, Paganize reste dans tous les cas une formation techniquement au dessus de la masse.
.: Tracklist :.
01. The Hour
02. Conscience
03. Dark
04. Hollow
05. Turn Of The Tide
06. The Wraith
07. Divinity In Vain
08. Blind Eyes
09. Mary King’s Close
10. Unfolded