Artwork superbe, mix assuré par Daniel Bergstrand… Lowdown rassemble d'emblée deux qualités qui ne manqueront pas d'attirer l'attention. Capter les oreilles du public, Lowdown le mérite aujourd'hui amplement, puisque activiste de la scène norvégienne depuis maintenant plus de cinq années et déjà reponsable d'une première livraison éponyme auto-produite. Distribuée avec les moyens du bord, ce disque enregistré en 2003 restait difficile à se procurer, ennuyeux détail qui n'aura pas raison d'être pour son nouvel opus Antidote.
Désormais signés sur le label Black Balloon Records, les gagnants du Zoom Stavanger (un jeu norvégien mettant en concurrence plusieurs groupes) livre un album qui s'inscrira dans la plus pure tradition Power-Thrash. Se calquant directement sur les modèles de feu Pantera ou encore des plus récents albums de Chimaira sans pour autant s'apparenter à un vulgaire copié-coller, Lowdown est un explosif concentré de hargne à très haute teneur en saturation. Ramenant au gout du jour des plans de guitares abusément exploités au cours des années 90, Lowdown parvient à accoucher de onze compositions que l'on pourrait presque qualifier de banalement savoureuses. Car si Antidote ne possède rien de fondémentalement novateur, les quatre musiciens parviennent néanmoins à appliquer les codes du genre avec une efficacité indiscutable. Il n'est donc aucunement surprenant de voir le riff bien lourd s'imposer ici en maitre absolu et indétronable (« Inside Revelations » et son presque unique accord de guitare ripé sur les couplets, « Me vs Everything ») doublé d'un ensemble basse / batterie qui assome avec insistance et sans relache ses rythmiques appuyées sur près d'une heure. La formation vise d'avantage à marteler l'esprit plutôt qu'à s'aventurer dans des expérimentations maladroites ou des démonstrations techniques inutiles (même si le solo épique viendra agréablement s'immiscer durant les excellents « Imperfection » et « Stick It In ») qui ne pourraient que s'avèrer néfastes. Voulu le plus compact possible, le son massif adopté par Lowdown s'avère heureusement relativement bien travaillé par la production du groupe ainsi que le mix du très demandé Daniel Bergstrand. Plutôt lente, la rythmique n'hésite pas à s'emballer à quelques rares reprises, permettant au batteur Stefan Køningsberg de faire raisonner de facon plus insistante sa grosse caisse à grandes rasades de double-pédale (« Your God Failed », l'aventureux « Imperfection », logiquement relégué en fin de disque compte-tenu de son olympique durée proche des neuf minutes)
La puissance reste donc l'élément moteur principal, ne laissant qu'une place fortement limitée à la mélodie. Néanmoins bien présente, celle-ci vient très occasionelement (« Your God Failed », l'introduction de l'excellent « The World Has Ended » ou encore la surprenante interlude acoustique « … And Reborn », ponctuée d'une tirade inspirée de guitare flamenco) briser le bloc de béton armé afin de laisser l'auditeur brièvement respirer. Antidote aurait peut-être gagné à légérement multiplier ces courtes pauses d'accalmies, d'autant plus que la voix de Leo Moracchiol n'apportera pas à une seule ligne de chant clair à l'ensemble. Accordé sur les tessitures graves et pesantes adoptées par les instrumentations, le registre vocal du frontman ne décroche à aucun moment du caverneux, les hurlements subissant même très peu de variations tout du long de l'album (« Be The Clown » proposant cependant un très court et trop discret passage de borborygmes)
Si ce nouvel album n'est pas la révélation de l'année, ni même du mois, il reste très largement supérieur à la musique metal en boite de conserves sur-médiatisée. A l'image de l'opus éponyme de Chimaira, la saturation excessive et continue dont fait preuve Antidote le confine dans une sélection de disques qui demanderont un certain effort d'écoute.
.: Tracklist :.
01. Inside Revelations
02. Nothing Will Come
03. The World Has Ended
04. Sick Page
05. … And Reborn
06. Be The Clown
07. Chaos In Harmony
08. Stick In Harmony
09. Me vs Everything
10. Your God Failed
11. Imperfection (The Bleeding Source)