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Gojira – L’Enfant Sauvage

Quoi de plus dur que sortir un album lors de l’âge d’or d’un groupe? Combien se sont fourvoyés dans des essais ratés, ou en répétant les recettes usées d’un succès? Gojira joue gros avec L’Enfant Sauvage, car pour de nombreuses personnes ayant découvert le groupe avec The Way Of All Flesh, ou par les premières parties des concerts de Metallica, cet album aura une valeur de test quant à leur intérêt pour le groupe. Et pour les fans de la première heure, ce sera la crainte de voir surgir un album «commercial» loin des préoccupations d’origine. En gros, ils ont quasiment tout à perdre. Que tout le monde se rassure. Il y a trop de talent dans ce groupe pour que Gojira ait pu sortir autre chose qu’un album immense.L’Enfant Sauvage peut être considéré comme l’acte final d’une trilogie entamée avec From Mars To Sirius et poursuivie avec The Way Of All Flesh. La puissance du premier, mêlée aux ambiances du second, ou l’inverse peut-être. En fait, on ne distingue plus bien moments calmes et violents, le côté hypnotique ayant définitivement pris le dessus. Ce qui est sûr en revanche, c’est que la voix de Joe Duplantier a passé un cap, qui ne ravira pas les fans du «Stay Brutal» mais qui émerveillera les autres: une voix maintenant presque Rock, qui explore les contrées autrefois arpentées par Jonathan Davis (Korn) ou Corey Taylor (Slipknot), celles d’un chant où émotion et violence sont maîtrisées par une technique vocale aboutie et qui amène Gojira là où peu de groupes de Métal vont, c’est-à-dire au firmament du Rock. La production atomique de cet album possède l’américanisme que tant de français redoutent ou critiquent, mais qui donne les armes au plus grand groupe de Métal français de tous les temps pour finir de conquérir un public toujours plus large à travers le monde. So what?

Josh Wilbur, en charge de la production énorme mais infiniment subtile de cet album travaille sur les extrêmes, conservant les basses et graves caractéristiques du son du groupe, en apportant de la lumière sur les parties progressives et mélodiques qui pourraient durer encore plus longtemps, tellement elles sont réussies. Rien d’exceptionnellement nouveau au niveau du son, ne serait-ce que le fait que Gojira se détourne de plus en plus des groupes de Métal traditionnels, par sa touche progressive et son approche des breaks qui les rapprochent désormais plus des groupes de Post-Core comme Isis, que des mastodontes du Métal tels Machine Head ou Lamb Of God, Jean-Michel (basse) n’y étant pas tout à fait étranger, de par son intérêt pour ces groupes.

Et puis? Eh bien, de la claque initiale d’ «Explosia» et son final fantastique digne d’un film d’Ennio Morricone, à l’agonie dantesque de «The Fall», tout l’arsenal de Joe Duplantier et sa bande passe par nos oreilles ajouté à des performances vocales toutes nouvelles. Si «L’Enfant Sauvage» élevait d’entrée le niveau du débat avec une violence inouïe et un chant effarant d’intensité, on succombe tout de suite après face aux parties de double-pédale démentielles de «The Axe», ou les atmosphères sublimes couplées à un chant d’anthologie sur les refrains de «Liquid Fire». Un interlude presque Stoner («The Wild Healer») vient faire un peu redescendre la pression avant un autre chef d’oeuvre de l’album «Planned Obsolescence», qui ne tient pas pour rien une place centrale dans l’opus. Si le titre démarre en trombe sur un rythme supersonique, il part dans des méandres mélodiques dissonants qui englobent l’auditeur dans un univers unique, où les détails rythmiques et harmoniques subliment le désespoir. Avant un final électronique éblouissant de douceur où le monde de Trent Reznor n’est plus si loin.

Et que dire de cette étonnante partie ternaire sur «Mouth Of Kala» ou encore du futur hymne «The Gift Of Guilt» avec tapping hypnotique et refrain dingue d’efficacité et d’émotion? Il est clair que l’intégralité du public de Gojira ne sera pas forcément sensible à cet album, qui joue sur la fibre émotionnelle ainsi que sur le côté hypnotique des compos du groupe. Les gros riffs déboulonnants ne sont pas absents de cet album, bien au contraire, mais ce n’est pourtant pas ce que l’on retient le plus. Juste une impression d’avoir été happé dans un tourbillon d’émotions contradictoires, d’être entré dans une transe jubilatoire où même le mot «Métal» n’a plus de sens. A la manière d’un The Downward Spiral de Nine Inch Nails ou d’un Lateralus de Tool. Quand on sent que l’alchimie du combo tutoie les sommets, et qu’il est difficile de passer à autre chose après son écoute. En somme, quand on tient entre les mains un album d’exception.

.: Tracklist :.
1. Explosia
2. L’Enfant Sauvage
3. The Axe
4. Liquid Fire
5. The Wild Healer
6. Planned Obsolescence
7. Mouth Of Kala
8. The Gift Of Guilt
9. Pain Is A Master
10. Born In Winter
11. The Fall

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