On n’avait rarement entendu une telle fanfare. Loin du « tagada tsoin tsoin » de l’imaginaire commun, la Fanfare en pétard est plutôt un groupe qui manie avec élégance les cuivres au profit d’un flow hip hop et d’un son électro. On était bien loin d’imaginer ça en mettant la chaine hi-fi. Plutôt qu’une chronique, nous vous proposons le récit d’une surprise : Le monde est curieux. Tout est résumé dans le titre.
Play. Comme un bon album de ska, les cuivres, et principalement les trombones tintonnent en ouverture de « Shabby ». Aura-t-on le droit à un remake de La Ruda Salska, des Ogres de Barbacks ou de Debout sur le Zinc ? Les toms lourds d’écho de la batterie en fond nous mettent la puce à l’oreille. « ça sera plus rock », se dit-on. L’intro se termine, dans un instant, on passe à « Curieux », deuxième morceau de l’album. Cette coupure d’une seconde nous fait basculer dans un tout autre monde. A l’écoute de ce beat dub profond et suave, qui enveloppe la pièce d’une torpeur sonore, on comprend vite que l’on s’est mépris. La surprise survient comme une averse ; un véritable déluge de mots au rythme d’un flow hip hop. On nage en plein délire jungle avec « Noir comme l’or », mélangeant de longues nappes de cuivres mid-tempo aux paroles d’un chanteur dopé aux amphétamines qui nous emmène dans une course effrénée pour suivre son discours. La Fanfare en Pétard porte mal son nom à ce moment de l’album car ces strasbourgeois représente un volet bien plus moderne de notre histoire musicale. Plus proche des cités que du champ de foire, la Fanfare en Pétard nous livre une vision non-stéréotypée. Le rythme retombe au profit d’une ambiance plus hip hop avec « Morphine » avant de muter en un monstre sonore sur « Puppets ». La production est écrasante ; on croule sous le poids d’une batterie qui assène de lourds coups de grosse caisse tandis que le groupe scande « rock machine ». L’instant d’après, « Ermite » est un morceau raffiné, bourré de jeux de mots, d’allitérations et d’assonances. Après ce débordement de figures de style, trêve de paroles, place aux instruments avec « Tempo di reggae ». Ils se font maitres du jeu, tout comme précédemment sur « Afrovalse » ou « Skolios » qui clôture l’album.
En somme, la Fanfare en Pétard nous aura surpris par son mélange des genres, travestissant un cliché pour en faire un archétype. Ces strasbourgeois réinventent l’usage des cuivres pour les mettre au profit des musiques urbaines. Il fallait y penser.
1. Shabby
2. Curieux
3. Noir comme l’or
4. Morphine
5. Interloqués
6. Afrovalse
7. Puppets
8. Ermite
9. Tempo di reggae
10. Elle