Pour décrire le monde d’ Alcest, c’est par les mots de Neige lui même qu’on y arrive le mieux: il a eu des «visions» étant enfant, d’un monde «d’une beauté indescriptible», où «les arbres, les clairières et les ruisseaux produisaient une lumière nacrée […] et où une musique céleste flottait dans l’air comme du parfum». Même si les propos semblent un peu illuminés, on est en plein dans le monde d’Alcest: une musique aérienne progressive, Post-Rock, Shoegaze parfois, avec quelques toutes petites touches Black Métal, où place est faite à la rêverie et l’évocation de mondes merveilleux. On se rapproche beaucoup des derniers albums d’ Anathema, et surtout de Weather Systems, dans la démarche atmosphérique planante. Le chant en français va en refroidir plus d’un, soyons clairs, sur le single et premier titre «Autre Temps», car ce chant côtoie la naïveté presque enfantine d’un personnage poétique et délicat. Mais les parties guitares et clavier tout à fait sublimes prennent le dessus sur cette impression, et on est littéralement envoûtés, si on se laisse aller dans cette évasion mirifique.
D’ailleurs si on entend très clairement les paroles sur «Autre Temps», c’est beaucoup moins le cas sur le reste des titres, où l’on discerne surtout des notes et des atmosphères vocales qui sont là essentiellement pour soutenir la musique aérienne, comme c’est le cas sur l’excellent morceau progressif Rock «Là Où Naissent Les Couleurs Nouvelles». De somptueux arpèges à la Opeth ponctuent cet opus (le génial final «Summer’s Glory», le non moins magnifique intermède «Havens»), ainsi que des refrains forcément très mélodiques («Nous Sommes L’Emeraude») et un tempo toujours lent, voire langoureux dans ses intentions. On trouve quelques Blasts et ambiances bien Black Métal («Beings Of Lights», «Faiseurs De Mondes») qui nous perdent un peu plus à la croisée de styles qu’on ne reconnaît au final plus beaucoup. L’étiquette «progressive» est finalement la seule qui tienne sur l’ensemble de l’opus. Mais qu’importe, Neige nous a transporté ailleurs avec ses rêveries. Et finalement, le paon un peu kitsch qu’on trouvait marrant sur la pochette, on finit presque par le voir. Comme quoi il est parfois bon de laisser ses a priori au placard…
.: Tracklist :.
1. Autre Temps
2. Là Où Naissent Les Couleurs Nouvelles
3. Les Voyages de L’Âme
4. Nous Sommes L’Emeraude
5. Beings of Light
6. Faiseurs de Mondes
7. Havens
8. Summer’s Glory