Retour aux affaires pour Ina-Ich. Annoncé en septembre 2014 par un EP concis mais relativement costaud – Ma Chair et mon Sang –, le troisième long-format du trio débarque enfin via le label du groupe. Irrémédiablement, le support rassemble un peu de vieux – les quatre morceaux du précédent maxi – et une bonne dose de neuf. En l’occurrence huit compos, qui s’inscrivent sans surprise dans la directe continuité de ce qui avait été présenté en 2014. Alliant fureur et mélodies, ce « ii 3 » affiche une formule désormais bien connue. Mais surtout parfaitement maitrisée.
Les Ina-Ich ne sont pas du genre productifs. Un premier album éponyme qui cartonne en 2007, un second opus plus discret quatre années plus tard, et plus rien depuis si ce n’est l’EP warm-up Ma Chair et mon Sang. Le groupe aura pris le temps d’organiser son retour, de retrouver symbiose et inspiration. Depuis le précédent album, le projet a connu la valse des musiciens. Frédéric Mariolle puis Stéphane Bertin ont quitté le navire côté guitare. Sacha Dubas a pour sa part abandonné ses fonctions de bassiste. Brad Thomas Ackley reprend finalement les deux postes laissés vacants, et offre à Ina-Ich l’expertise acquise en matière de bidouilles et d’instrumentations aux côtés de Mathieu Chedid. Ce troisième opus reste majoritairement écrit par la multi-instrumentiste et chanteuse Kim-Thuy Nguyen, mais il reste facile d’imaginer que ce dernier a amené une certaine remise en question / une nouvelle dynamique, comme toute réorganisation interne. Électrique à souhait et judicieusement équilibré, ii 3 se profile en effet comme un disque de rock’n’roll parfaitement inscrit dans son temps. L’ensemble pioche à ce titre aussi bien du côté de Nine Inch Nails que de No One is Innocent, et conjugue avec brio riffs à l’esprit punk, mélodies soignées et enluminures électroniques classes et efficaces.
Le disque déroule douze compositions qui cognent dur et contient bon nombre de refrains vraiment fédérateurs – « Lève-toi », L’Argent » ou « La Fin du Monde », un tube en puissance. Si côté instrumentations, le disque bastonne, l’atout-charme Kim-Thuy Nguyen tient une nouvelle fois le haut de l’affiche. Chanteuse charismatique, cette dernière s’affranchit d’un travail d’orfèvrerie en matière de modulations vocales et pose une petite série d’hymnes qui devraient passer à merveille l’épreuve de la scène. Le discours affiche par ailleurs son petit côté réac’ habituel, la frontwoman signant ici de belles et habiles critiques sociales sur la déshumanisation progressive de notre espèce. Un texte comme « La Fin du Monde », juste et sans pathos, trouve à ce titre une consonance particulière quelques mois après les attentats de novembre 2015. Très bon.
Ina-Ich aura pris le temps nécessaire à la gestation de son troisième album. Une initiative heureuse, le disque proposant une série de compositions cohérentes – aussi bien sur le fond que sur la forme –, bien construites et sans détours. La production, assurée par Brad Thomas Ackley himself, est par ailleurs absolument énorme, et exacerbe judicieusement l’énergie déployée par le groupe. Une totale réussite.
.: Tracklist :.
01. Lève toi
02. Fais nous un tube
03. La fin du monde
04. Comme un garçon
05. L’argent
06. Rien à foutre
07. Tes silences
08. Ma chair et mon sang
09. Maman
10. Je t’emmène
11. 20 secondes
12. Au bout de ses doigts
