Simon Delacroix, a.k.a. The Toxic Avenger déferle sur les scènes françaises depuis plus d’un an avec dans ses bagages, Angst, son premier véritable album q’il défend dans un live résolument Rock, après une pile de maxis, de remixes, de collaborations et de sets clubs mémorables. Alors qu’il semble prendre goût à ce trip Rock pas du tout acidulé, on lui a demandé si finalement, il ne préférerait pas le costume de Rock Star à celui de DJ, même si son avenir dans les clubs paraît quand même toujours en bonne voie…
Tu arrives sur une sorte de fin de cycle après avoir tourné un an et demi avec un projet plus «Rock» sur scène en défendant ton premier album, quel bilan peux-tu tirer de cette période?
Ben, c’était un an et demi de beuveries, déjà! Non, c’était une année hyper enrichissante, c’est là que tu te rends compte de l’écho qu’a eu ton album chez les gens, donc c’est assez gratifiant. Et puis il a ce côté «colo» de la tournée…
C’est l’aspect «Rock» qui apporte cela?
Ouais, c’est mon vieux passé de métalleux, de tout ce que tu veux avec des guitares qui resurgit, et j’ai fait jouer mes potes de lycée avec lesquels j’avais un groupe quand j’avais 15 ans! Donc c’était chouette, quoi, super marrant.
Finalement dans ta carrière, tu as déjà fait des choses très différentes. Qu’est-ce qui t’as le plus plu? Faire un album de choses que tu aimes, bien marcher aux USA, passer à la radio en France ou être un DJ réputé dans les clubs?
Ce qui m’a le plus fait kiffer, c’est de pouvoir vivre de ma passion, c’est le rêve de tout le monde. C’est tout bête, mais je fais ce que j’aime tous les jours depuis 6-7 ans, donc c’est génial. Je pense que le côté festival et vrais concerts m’a fait vraiment kiffer. Parce qu’on s’est pris la tête pour monter cela, parce qu’on ne se fout pas de la gueule des gens où je suis derrière un ordinateur, j’appuie sur trois boutons et je laisse le truc tourner, tu vois! On a essayé de faire un vrai truc live et ça me fait plaisir de voir que dans la majeure partie des cas, ça marche. Il arrive que quand tu joues dans un festival 100% Electro, ça passe moins bien, mais c’est tout. Donc je suis super content de cela.
Finalement, le rôle que tu préfères, c’est celui de DJ ou de musicien live?
Non, celui de musicien, et si j’avais à choisir, ce serait celui de musicien studio, c’est mon truc je crois. J’aime ça, je peux passer trois ou quatre jours enfermés dans un studio, sans dormir, sans manger si j’ai un truc dans la tête… C’est vraiment un truc que j’adore. Après, c’est clair que partir avec les copains dans le Tour Bus, c’est très chouette aussi.
Avec ton album que tu as défendu sur scène pendant un an et demi, tu revendiquais ton côté Rock. Tu termines actuellement ton nouvel album…
On le finit en septembre, mais oui il est quasi fini.
… ce nouvel album s’annonce plus «disco» et plus lent… Est-ce une sorte de réaction par rapport à ce que tu as fait précédemment?
Oui, quelque chose de plus Disco, plus New Wave même. En fait je travaille avec Olivier Dax, qui a un groupe qui s’appelle les Dax Riders, un groupe de la French Touch première génération et qui a sorti un gros tube club il y a 15 ans, «People», et du coup j’ai écouté beaucoup de choses avec lui, dont des trucs très Disco qui m’ont un peu lancé dans cette voie là. Et il y a aussi la voie New Wave, car c’est un truc que j’adore aussi, les trucs des années 80… Et donc je pense que ça va être très surprenant encore! On m’aime ou on me déteste pour cela. Je suis super girouette, et c’est jamais calculé car je fais toujours le truc qu’il ne faut pas au mauvais moment! (rires)
Est-ce une façon de reconquérir un peu les clubs?
Je sais pas peut-être… je ne sais pas du tout ce que les gens vont en penser! C’est un énorme parti pris, et ça me fait un peu flipper car je ne sais pas du tout comment il va être reçu. Il y a des guests auxquels on ne s’attend pas forcément, on a fait chanter une chorale d’enfants, il y a José de Stuck In The Sound qui chante sur ce qui je pense sera le premier single, d’ailleurs… Je ne sais pas ce que ça va donner, mais je suis impatient. Ca va faire six mois que je travaille dessus quasiment tous les jours… on est parti dans le sud pour bosser, et là on revient dans une cave dix heures par jour avant de travailler le live en septembre…
Après avoir beaucoup fonctionné avec des maxis et des remixes comme un DJ, tu es parti sur un schéma album/tournée comme dans le Rock, cela te convient-il plus?
Oui, ça c’est mon côté Pop! Et puis en fait tu sais, dans l’Electro de club, tout se renouvelle tous les six mois… il y a un nouveau genre qui arrive tous les six mois et qui enlève l’autre… et à un moment, je me suis dit que je n’ai pas la force de m’ «updater» à chaque fois, et de faire un truc comme il faut faire maintenant… A un moment c’était un peu la course de qui sera le plus «véner», qui sera le plus Punchy, et je ne suis pas le plus fort pour faire ça, c’est tout!
Justement, as-tu été un peu surpris par la tournure plutôt violente qu’a pris l’Electro, avec le Dubstep notamment?
Pas surpris, mais un peu saoulé en fait. Il y a des trucs que j’aime beaucoup hein! Mais ce côté course à celui qui sera le plus speed, m’énerve vraiment. Moi je ne me reconnais pas vraiment là-dedans. Au fur à mesure que les maxis sortent, il faut que ce soit de plus en plus «véner»… c’est bon quoi, moi j’aime bien les mélodies aussi! J’ai toujours fait des trucs un peu énervés, mais j’ai toujours cherché à garder des mélodies…il y a des trucs que j’écoute où il n’y a plus de mélodie… ça fait un peu discours de trentenaire aigri, mais il y a un moment où il faut qu’il y en ait, et dans l’album que je prépare, il y en a encore plus, il y a quelques morceaux clubs, mais c’est vraiment des trucs plutôt Pop, Dicso, New Wave, et je trouve ça bien, quoi! Après il n’y aura peut-être que trois personnes qui vont me suivre dans le monde, mais bon…
Penses-tu que l’Electro joue un peu le rôle que jouait le Rock dans le passé?
C’est ce que disais il y a quelques années, et je crois que c’est toujours un peu le cas. Quand j’étais gosse, j’écoutais du Métal, et quand je joue un truc un peu véner, les gosses bougent comme moi je bougeais sur du Métal… Donc j’imagine que c’est un peu ça et c’est bien d’une certaine manière.
Pour finir, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter de bien pour cette fin d’année?
J’espère que les gens vont comprendre ce que je fais.
Comprendre ou aimer?
Comprendre, ça serait déjà bien! Aimer, c’est le bonus! Le public Electro pur, c’est un public jeune, et je crois que cet album là est un album un peu plus mature, donc j’espère qu’ils comprendront ça, que tout n’est pas mis dans la prod et dans la grosseur du son, mais plus dans l’émotion et le reste. On verra!
Interview : Julien Peschaux pour Vacarm.net
Photos: Facebook officiel The Toxic Avenger
Un grand merci à Simon pour sa disponibilité, ainsi qu’à Elisa (Social Club) et l’organisation du festival Artsonic qui nous ont permis de réaliser cette interview.