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Une rencontre avec Von Pariahs, « On est rien, on est nous-mêmes. »

En marge de la conférence de The Clash, nous avons retrouvé quelques membres de Von Pariahs parti en équipée belle pour une tournée promotionnelle dans la capitale. A la sortie du Palais des Glaces, nous nous rendons dans un brasserie du 10e arrondissement à l’ambiance tamisée où se retrouvent peu à peu les journalistes présents au cérémoniel punk. L’occasion était trop belle pour ne pas leur poser quelques questions en face à face, tant leur premier album, Hidden Tensions, a stimulé notre curiosité. Un brin timide et distant, la discussion va naturellement dériver vers ce qui nous intéresse le plus : où trouvent-ils leur inspiration ?

Votre album nous a marqué par sa force et la qualité de ses compositions, capable de retranscrire des émotions. Parlez-nous un peu de votre album. Quel a été le processus de création ? Pourquoi était-ce le bon moment d’aller en studio ?

On a vraiment pris le temps de faire les choses. On a quand même attendu 4 ans avant de le mettre sur galette pour être complétement sûr de nous et pour laisser aux morceaux le temps de mûrir. Vous découvrez ainsi sous une forme très travaillée.

Effectivement, certains morceaux sont assez anciens. On retrouve, par exemple, « Someone New » sur vos précédents opus.   

Oui, double single, on a sorti d’autres EPs aussi. L’occasion s’est présentée pour enregistrer aux studios Black Box. On est resté là-bas 9 jours avec un producteur qui s’appelle aux studios David Odlum. On a fait des prises voix, 2-3 mois après, avec notre ingénieur son. On faisait des journées éparpillées pendant 2 mois.

Et concernant « Someone New », j’aimerai bien qu’on en parle car c’est l’une des chansons phares de cet album. Personnellement, elle m’accompagne tout au long de la journée et ne me quitte plus depuis que je l’ai entendue la première fois. Elle a eu le droit à un super clip aussi… C’est quoi « Someone New » ? Ca veut dire quoi ?

C’est marrant, je n’aime pas trop parler en détails de nos paroles. Ce que j’écris est assez simple pour que les personnes comprennent assez vite ce que ça veut dire. Je peux juste dire que c’est très inspiré de ma petite amie, les premiers mots sont venus naturellement. C’est un message positif qui me fait penser à « Je t’aime, moi non plus » de Serge Gainsbourg.

[on trinque] Au niveau de l’instrumental, c’est un morceau très énergique qui donne envie de danser. D’ailleurs, le clip illustre tout à fait cela avec un couple de danseurs. Qu’avez-vous cherché à exprimer au travers de vos instruments ?

On a cherché à exprimer le quotidien et la vie. On a cherché à sublimer les moments forts et les moments à la fois triste ou de bonheur. On pense que ça passe aussi au travers de l’énergie de la musique. Danser, ça parait assez primordial pour nous quand on écoute de la musique. L’urgence des sentiments, ça passe par là.

Il y a un groupe qui a essayé de faire passer ces énergies au travers de sa musique. Vous les connaissez car vous venez de les rencontrer : The Clash. Vous vous reconnaissez dans ce groupe ?

Dans la musique oui, car on aime vraiment tous les groupes influencés par le punk. On aime bien la violence directe que ça peut projeter et en même temps cette classe qu’il y a dans le côté efficace de la musique et du propos. En revanche, l’aspect politique des Clash on ne s’en sent pas proche du tout. C’est une autre époque et nous ne faisons pas de politique.

Et vous êtes punks ?

Non, pas du tout. On est rien, on est nous-mêmes.

Quand on écoute votre album, on ne pense pas que vous êtes français. On retrouve beaucoup d’influences de groupes anglais, tel New Order. C’est un groupe qui fait partie de vos influences ?

Pas vraiment. On a écouté New Order mais plutôt en soirée ! Il y a des membres du groupe qui ont beaucoup écouté leurs disques, mais je pense que cette sensation vient d’un mélange d’influences bien plus complexe.

Vos compositions sont très new wave tout de même…

Oui, carrément. Le côté très synthétique du clavier qu’on utilise apporte vachement cette touche. On aime bien des groupes qui ont aussi eu recours à de tels artifices : Stooges, Nick Cave, David Bowie, The Beatles, Franz Ferdinand, Queens of the stone age…  On écoute beaucoup trop de musique !

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Les références que vous citez sont des groupes qui aiment s’exprimer sur scène. Nous, on va vous découvrir à la Cigale le 10 octobre. Von Pariahs, c’est comment sur scène ?

C’est énorme. Tu dois le vivre. Pour nous, c’est un moment énorme et on le partage avec les gens qui sont en face de nous. C’est du jamais vu !

C’est modeste…

Non mais c’est vrai. On est nous-même et en même temps on est beaucoup plus grand que ce que l’on est sur scène.

Donc ça bouge beaucoup ?

Oui, mais ce n’est pas de l’énergie gratuite. On ne bouge pas pour bouger. On a envie de le faire, on s’arrête quand on a envie de s’arrêter. C’est un moment en dehors de la réalité. J’ai envie que pour les gens qui entrent dans la salle, ça soit quelque chose d’exceptionnel, qu’ils vivent autre chose.

Vous avez une tournée qui est bookée. La Cigale, ça va être le moment clé ?

Ça va être un moment aussi important que les autres.

Sur le reste de l’album, il y a pleins d’autres chansons. Par exemple « Uptight », très tendue, qui donne envie de danser aussi.

On voulait une bonne chanson avec des paroles qui révèlent notre quotidien. Musicalement on voulait un morceau qui fait bouger les gens. Composer un bon morceau, c’est pas forcément faire bouger les gens. C’est transmettre une énergie qui correspond aux attentes de l’auditeur. Parfois tu veux te reposer, parfois tu veux bouger. « Uptight », c’est un morceau qui doit donner envie de danser, et ça arrive progressivement car il n’y a pas la grosse caisse sur le premier couplet. Ca tape, mais pas comme d’habitude, et il faut attendre le refrain pour comprendre pourquoi. « Uptight » est un morceau qui termine en apothéose.

En parlant de batterie, les groupes anglais jouent beaucoup avec la caisse claire. Vous, vous jouez beaucoup avec les toms pour donner plus de force aux compositions…

Pour moi, jouer avec les toms, ce n’est pas forcément donner plus de force à ta composition. C’est surtout élargir la palette des possibles sur le jeu de batterie.

Et au niveau de la guitare, vous vous êtes éclatés sur quels morceaux ?

Quelle question ?! Tous ! Que ce soit sur scène ou en studio, on adore jouer tous les morceaux. Il n’y a pas de hiérarchie des morceaux pour nous. On a énormément travaillé ces douze morceaux. On n’a pas produit plus de titres pour n’en garder qu’une sélection. On trouve ça aberrant d’entrer en studio avec 25 morceaux pour n’en sélectionner que la moitié. On pense qu’il faut vraiment s’investir pleinement sur chacun des titres et c’est pour ça qu’on pense que l’album vaut la peine d’être écouté de A à Z. On en est très fier.

Tout à l’heure on évoquait vos clips. Il y a un univers très travaillé autour de Von Pariahs. Qui les a produit ? Pourquoi avez-vous fait ces clips ?

C’est Adrien Gaillard, sous pseudonyme. Certaines idées viennent de nous, d’autres de lui. C’est un bon pote et on en a discuté beaucoup. On voulait accompagner nos albums de cette dimension visuelle très forte.

La pochette de votre album nous a beaucoup interpellé aussi…

Théo Mercier est un plasticien de notre génération qui développe un univers proche du notre, dans le sens où il y a une certaine violence dans son œuvre associée à un décalage, une subtilité qui fait mouche, qui attire et retient l’attention jusqu’à la captiver. J’ai découvert cette œuvre, « La famille invisible » suite à une exposition au Lieu Unique, à Nantes. L’œuvre n’était pas présente lors de l’exposition mais je l’ai découverte dans son portfolio. J’ai demandé aux autres membres du groupe d’aller voir l’exposition, et c’est finalement « La famille invisible » qui nous a le plus marqué. On s’est tous accordé pour retenir cette photo comme pochette d’album. C’est très énigmatique, chacun a sa propre interprétation de l’œuvre. Elle traduit une tension cachée et c’est le titre qu’on voulait donner à cet album. On considère que, dans la vie quotidienne, on contrôle énormément de choses. En tant qu’être humain, on intériorise beaucoup de choses qu’on ne veut pas laisser ressortir dans toute sa bestialité. On veut que cet album fasse en sorte que la bête se réveille et rugisse. On ne voit plus l’épiderme sous les draps de « La Famille Invisible », on voit directement la chair des personnes. Je trouve que ça traduit bien l’idée d’une énergie contenue et qui va sortir bientôt. Je trouve que c’est juste une putain de cover. Et, pour l’anecdote, même Mick Jones l’a approuvé ! Il nous l’a dit à la fin de la conférence !

Soyons ambitieux, c’est quoi votre plan de carrière ?

Notre plan de carrière ? On n’a pas de plan de carrière ! On veut simplement faire pleins d’albums, pleins de concerts et dépasser les attentes des groupes actuels. On veut que notre public s’agrandisse jusqu’à jouer devant un maximum de personnes.

Vous avez des choses à rajouter ?

Merci pour la chronique, et on vous attend à la Cigale !

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2 commentaires

Chronique : Le premier album de Von Pariahs « Hidden Tensions » 8 octobre 2013 at 11 h 12 min

[…] “En tant qu’être humain, on intériorise beaucoup de choses qu’on ne veut pas laisser ressortir dans toute sa bestialité. On veut que cet album fasse en sorte que la bête se réveille et rugisse. (source)” […]

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Vacarm.net | #Concours – 3 exemplaires de l’album de Von Pariahs à gagner 31 décembre 2013 at 14 h 29 min

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