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Rencontre avec GGGOLDDD – « C’était un peu comme écrire un journal intime… »

Quelques semaines après la sortie de leur cinquième album, « This Shame Should Not Be Mine« , nous avons pu poser quelques questions à Milena Eva, la chanteuse du groupe GGGOLDDD, à propos de cet album difficile mais nécessaire.

Tout d’abord, j’aimerais vous féliciter pour votre travail. Ce nouvel album est exceptionnel, à la fois pour ses parties instrumentales et vocales. La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, vous nous indiquiez que l’une des principales critiques à l’égard de votre précédent album était que vous reteniez trop votre énergie. « This Shame Should Not Be Mine », de par son sujet, semble être un profond soulagement, une sorte d’expiation de vos tourments. Avez-vous le sentiment d’avoir partagé ce que vous vouliez ?

Tout cela a commencé de manière très intime, pour moi-même. Dans le silence des confinements, j’ai été confronté à un trauma qui avait eu lieu plusieurs années auparavant. J’ai été dans le déni pendant des années, mais je ne pouvais plus l’ignorer plus longtemps. J’ai décidé d’écrire un morceau pour moi-même, justement pour me soulager de ce sentiment. Un morceau en entrainant un autre, cela nous a amené à ce nouvel album. C’était un peu comme écrire un journal intime, de manière honnête et transparente, et pour transformer cette expérience traumatisante en quelque chose qui faisait sens.

Il y a quelque chose de très perturbant à évoquer ce sujet entre interview puisqu’on parle d’abus réels. J’ai trouvé le clip de « This Shame Should Not Be Mine », très intelligent dans la manière d’illustrer des tensions multiples : la position de la victime quand sa situation devient publique, les questions frontales du journaliste, la critique d’une justice qui deviendrait divertissement… Comment pouvez-vous vous protéger de cela ? Je suppose que c’est une question que vous avez dû vous poser…

Je ne sais pas si on peut vraiment se protéger de cela…

Votre musique n’est pas stéréotypée, elle se nourri d’influences multiples, de la pop au black metal… Il est très difficile de décrire GGGOLDD à un ami. Comment vous définissez-vous ?

C’est difficile pour nous aussi ! Et paradoxalement, c’est à la fois totalement hors sujet et nécessaire en même temps. Nous aimerions que les gens nous voient pour ce que nous sommes et pour ce que nous faisons, et éviter de nous lier à ce que d’autres font. Mais, c’est dans la nature humaire de catégoriser et de tout organiser pour mieux comprendre le monde qui nous entoure. Les principaux éléments de notre musique se rapportent plutôt à qui nous sommes, en tant qu’individus, plutôt qu’aux éléments spécifiques d’un genre musical qu’on utilise. On aime surtout les artistes qui expérimentent et changent constamment de forme, comme Björk, Scott Walker, Portishead et Arca, pour n’en nommer que quelques uns.

Il y a une certaine continuité entre « Why aren’t you laughing ? » et votre nouvel album. C’est une perception très personnel, mais vous jouez de l’ambiguïté entre la voix cryptique de Milena – très douce, très secrète – et des couches de guitares distordues. En tant qu’auditeur, on l’imagine entourée d’une violence latente – ce qu’on retrouve d’ailleurs dans vos pochettes d’albums. Est-ce un choix délibéré de votre part, ou bien, considérez-vous ces deux albums comme deux pièces totalement différentes ?

Pour nous, ce sont deux albums qui se suivent. On n’aime pas se répéter, donc pour nous, c’était très important de faire quelque chose de nouveau, de frais et de différent. Mais, en même temps, cet album n’aurait pu devenir ce qu’il est si nous n’avions pas réalisé « Why Aren’t You Laughing? » auparavant. Donc, il y a surement une relation entre ces deux albums, tout comme il y en a entre le reste de notre discographie.

Si je me souviens bien, la plupart des membres de GGGOLDDD vivent éloignés, et vous avez renouvelé votre collaboration avec Jaime Gomez Arrelano, qui je suppose, vit à Londres. Ca doit être une sacré organisation entre vous ! Comment travaillez-vous ensemble ? Puisque vous aviez déjà travaillé avec Jaime, vous sentiez-vous plus directifs ?

Tous les membres du groupe vivent aux Pays-Bas, mais à différents endroits du pays. Ca a été particulièrement difficile de se retrouver tous ensemble durant la pandémie et les différents confinements. On a dû beaucoup écrire chacun chez soi, et faire des démos avant de pouvoir répéter, de nouveau, les morceaux tous ensemble.

Quand on a commencé à travailler avec Gomez sur le nouvel album, c’était important pour nous qu’il comprenne que les parties électroniques étaient au cœur des nouveaux morceaux, et que ce n’étaient pas des extras. Sa tâche la plus importante était de capter les émotions et le message au travers de cela. Du coup, on a rapidement décidé ensemble de concentrer une bonne partie de notre temps sur l’enregistrement des parties vocales.

La plupart du temps, votre musique plonge l’auditeur dans une certaine introspection, mais il est réveillé par des textes sans équivoque : « This Shame Should Not Be Mine », « Notes on How to Trust », « I Won’t Let You Down »… ce sont des titres qui pourraient apparaitre sur un album de punk tellement ils sont directs. C’était important pour vous de ne pas être trop métaphoriques parfois ?

Je suppose que c’est simplement ma manière d’écrire. Je préfère éviter de noyer le contenu de mon message dans des métaphores. C’est le seul moyen pour moi de dire ce que je veux réellement dire.

Votre participation à l’édition virtuelle du Roadburn Festival a été largement commentée. Quelles étaient vos sensations sur scène ?

Sur scène, nous étions simplement très concentrés sur ce que nous pouvions faire de mieux à ce moment-là. Nous avions répété ces morceaux juste écrits six mois avant le concert. Ca ne nous été jamais arrivé d’écrire et répéter un album entier en si peu de temps. Bref, c’était quelque chose de plutôt stressant. Le Roadburn Redux, c’était la première fois qu’on jouait cet album sans défaut ! Pile au bon moment ! Bref, quand on est sorti de scène, nous étions surtout soulagés et heureux de voir comment ça s’était passé. A ce moment-là, on avait vraiment aucune idée de la réaction du public. Quand on a vu et entendu tant de messages, parfois très personnels et chaleureux, ça a été quelque chose de fantastique. C’est seulement à ce moment-là qu’on savait que ces morceaux seraient notre prochain album.

Vous êtes actuellement en tournée. Après deux ans de pandémie et des situations sanitaires très différentes d’un pays à l’autre, ça ne doit pas ressembler beaucoup à votre tournée précédente. Comment sentez-vous le public ?

Pour l’instant, nous n’avons fait que 5 dates avec Amenra et Jo Quail, et c’était très agréable d’être de retour face à une foule. La tournée est un moment important pour nous. Nous avons vraiment besoin de cette connexion avec les gens. Nous sommes véritablement impatients de pouvoir tourner plus, on verra comment les choses évoluent… Pour l’instant, on se concentre sur notre future performance au Roadburn Festival. Ce sera vraiment spécial de jouer notre nouvel album en intégralité devant un public.

Merci beaucoup pour vos réponses. J’espère qu’on se retrouvera bientôt en France !

Merci, nous sommes impatients de revenir. Nous jouons près de Lille, le 22 mai. On espère vous y voir !

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