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Interview : The Dandy Warhols

Depuis quelques années, on assiste à un retour de groupes issus des années 90 pour des raisons plus ou moins obscures. Ride, Slowdive, The Jesus and Mary Chain, les Pixies… La liste est longue, et la nostalgie des fans est probablement la raison principale de ces retours d’outre-tombe. A moins que ce ne soit pour les cachets monstrueux qu’ils demandent sous-prétexte d’être des « groupes cultes » qui n’ont pas joué depuis des années en jouant la carte de l’exclusivité.

Mais si on s’intéressait plutôt aux artistes qui ont décidé de ne pas faire de pause(s) depuis leurs débuts et qui consacrent leur existence en dévotion pour le Rock, avec un grand R ? Parmi eux, les Dandy Warhols, groupe emblématique de la scène psychédélique qui se partage le gâteau avec les Brian Jonestown Massacre, en sont le parfait exemple, et voici pourquoi.

Les Dandy Warhols font partie de ces groupes que l’on connaît sans vraiment connaître, que l’on a tous entendu au moins une fois dans sa vie, mais dont personne n’est vraiment fin connaisseur. Il faut bien avouer qu’il est plus commun de rencontrer un aficionado d’Oasis ou de Blur (surtout en ce moment) plutôt qu’un adepte de ce groupe tout droit sorti du fin fond de l’Oregon. D’ailleurs, tu sais où c’est l’Oregon toi ? Moi non plus, c’est bien ce que je suis en train de raconter.

Après un début de carrière flamboyant avec le fameux « The Dandy Warhols Come Down » qui s’est enchaîné par une discographie un peu discontinue, puis un petit tour chez le géant Capitol Records avant de monter leur propre label : ce groupe a un peu tout connu. Et ce qui est assez anecdotique à propos de leur succès, c’est que l’engouement autour du groupe a d’abord eu lieu en Europe avant qu’il ne se produise dans leur pays natal. C’est d’ailleurs au cours d’une récente tournée européenne que les Dandy Warhols ont pu montrer au grand jour qu’ils étaient encore en pleine forme après plus de 20 ans de carrière, et que leur musique est encore terriblement efficace et n’a pas pris une ride.

 

Quelques heures avant leur concert à Nîmes, je me retrouve dans une des loges de l’immense Paloma face à Courtney Taylor, le frontman de la troupe coiffé tel un indien avec ses tresses impeccables, et Zia McCabe, qui s’est invitée à la partie au dernier moment à peine sortie de la douche avec sa serviette sur les cheveux et ses lunettes de soleil sur le pif. La rock attitude, quoi.

Salut les Dandy ! Pour nous présenter brièvement, nous sommes de Montpellier, de Radio Campus et d’un studio d’enregistrement (Kiwi Records)

Courtney : Oh, Montpellier ? Là où le nougat est fabriqué ?

 

Euh… Non ?

Courtney : Ah, c’est Montélimar, pardon ! Montpellier c’est le grand château du temps des Croisades c’est ça ?

 

Euh… Il me semble que c’est Carcassonne ça…

Courtney : Montpellier… J’y suis allé une fois mais je n’arrive pas à m’en souvenir… Y’a pas un château sur une colline ?

 

(Euh, les gars ? Y’a un château à Montpellier ?)

Zia : Oh, ils disent « château » pour dire « castle », comme pour appeler les hippies beatniks. On a un mot qui ressemble à ça dans le jargon pour les définir, mais ça doit être autre chose.

Courtney : Intéressant. Tu sais d’où vient le mot « hipcat » (hipster) ? « Hipcado », un mot espagnol ou portugais, qui veut dire « illuminé », comme une « personne consciente ».

Zia : Trop cool !

 

Voilà pour les présentations ! Vous avez fait quelques dates en France, et ce soir c’est la dernière avant la suite de votre tournée européenne en Suisse et en Autriche. Vous avez aimé jouer dans notre pays ?

Courtney : Putain, on a adoré ! On va essayer de venir jouer chaque année. La nourriture est incroyable, tout comme le vin et les personnes. C’est génial, on se sent comme à la maison.

 

A ce propos, vous n’avez pas trop abusé du fromage, du vin et de tous les bons produits du terroir français ?

Zia : C’est combien « pas trop » ?

Courtney : Je vais devoir faire un peu d’exercice quand la tournée sera terminée, je me suis mangé une tomme entière de fromage hier en Savoie… Mais on s’en fout.

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Comment organisez-vous vos setlists avec tous les albums que vous avez et toutes les chansons qu’il y’a derrière ? Ce n’est pas un peu compliqué ?

Zia : Ca commence à devenir un peu compliqué oui. On joue un peu de chaque album et on essaie de proposer un voyage au public, une expérience du début à la fin. On arrange les chansons de manière à les rendre émotionnellement satisfaisantes. C’est un voyage dans lequel nous allons ensemble, le groupe et le public.

Courtney : J’allais te dire « On essaie de jouer un peu te tout », mais c’est la première tournée où on ne joue rien du premier album. Et je viens juste de m’en rendre compte !

 

Est-ce que le processus créatif a évolué avec le temps ?

Courtney : Avant, j’avais l’habitude de tout écrire, mais maintenant tout le monde compose et écrit les paroles. A part Pete, qui n’écrit pas vraiment…

Zia : Je suis sûr qu’il a déjà essayé !

Courtney : Il n’essaiera plus, crois-moi, et il ne laissera jamais savoir à personne qu’il a essayé.

Zia : Les paroles c’est assez compliqué… La musique est toujours la partie la plus simple. Le plus dur, c’est ce que tu dois dire avec ta bouche.

Courtney : J’espère juste que dans 30 ans les gens ne se foutront pas de notre gueule en entendant nos paroles !

 

Un jeune groupe normand de rock psyché, You Said Strange, a assuré vos premières parties en France. Vous avez pu échanger ?

Courtney : J’adore ces gosses. Je leur ai dit que le vin était bien meilleur que la bière, d’après mon point de vue de rockstar qui a un peu abusé de tout.

Zia : On leur a aussi donné des conseils sur le fait de jouer en tant que groupe de première partie. Des trucs logistiques en gros.

Courtney : Le soir de la première date en France, ils ont bu toutes les bières qu’on avait ramenées. Moi je m’en fiche personnellement, parce que je ne bois plus de bières, juste du vin, mais bon, le reste de l’équipe a un peu fait la gueule…

Zia : Je pense que peu importe quelle première partie ils feront, les groupes seront impressionnés, ils sont si jeunes. D’ailleurs, il faudrait qu’ils viennent avec nous sur la prochaine tournée, mais pas uniquement en France.

Courtney : Tout ce qu’ils ont à faire c’est de rester ensemble, plus facile à dire qu’à faire quand on est un groupe d’adolescents.

 

Quand on regarde DIG !, on sent que vos routes ont pris un chemin différent, avec les Brian Jonestown Massacre, et qu’il y’avait une espèce de rivalité entre vous. Alors qu’aujourd’hui tout va bien, pas vrai ? 

Courtney : Oui, on s’est vu il y’a quelques semaines avec Anton, à Berlin. Et on va le revoir à la fin de la tournée, pour passer du temps avec lui et sa famille. En général, ils viennent tous régulièrement nous voir à Portland.

Zia : On reste attentif à chacun, malgré la distance, pour échanger et prendre des nouvelles sur les projets de chacun, voir comment tout le monde se débrouille et grandit. D’ailleurs, nous avons joués ensemble à l’Austin Psych Fest l’année dernière. Ils nous ont rejoints sur scène pour jouer un de leur morceau, « Oh Lord ». C’était vraiment intense comme moment.

Courtney : On n’avait pas joué ensemble depuis 18 ans…

Zia : Mais on est tous ami ! Je pense que les désaccords entre les groupes étaient beaucoup moindre comparé à ce que le film relayait. Ca a vraiment été amplifié.

Courtney : Je me rappelle de cette nana, avec sa caméra à la main en train de dire aux Brian : « ALORS LES GARS, LES DANDY WARHOLS SONT EN TRAIN DE PERCER A CE QUE JE VOIS ! ET POURTANT CA N’A PAS L’AIR D’ALLER TRES BIEN POUR VOUS. ILS SONT EN TRAIN DE PERCER EUX POURTANT. MAIS VOUS ETES BONS AUSSI ! ALORS, QU’EST-CE QUI NE VA PAS ?»

Zia : Que pouvaient-ils répondre face à ça ? Elle essayait de nous monter les uns contre les autres, alors tout le monde l’embrouillait.

Courtney : C’était une sacrée salope, ce n’était pas très marrant. Mais le film est assez fou et il a assez bien marché ! Mais ce n’est vraiment pas ce qu’il s’est passé entre les deux groupes.

 

Vous avez sorti un extrait de votre prochain album, qui s’appelle « Chauncey P vs All The Girls In London ». De quoi ça parle ?

Courtney : C’est à propos d’un ami à moi qui a eu une année assez compliqué et qui s’est retrouvé bloqué à l’hôpital après avoir été interné. Il était très excité à l’idée de pouvoir sortir de là et de reprendre une vie normale. Il vit à Londres, et dès qu’il a pu il a recommencé à sortir. Il essayait de trouver l’amour partout où il allait, dans les pubs, les boîtes de nuit… Pas les meilleurs endroits pour construire des relations profondes et qui aient du sens, tu vois. Mais en faisant ça il est tombé sur le gros lot, il a eu du bol !

Zia : « Les rencards ratés sont toujours mieux que d’être coincé à l’hôpital », voilà la morale de la chanson.

 

 

Ce titre sonne comme un retour aux fondements du rock, avec des sons de guitares simples mais efficaces. Le prochain album sera-t-il dans la même lignée ?

Zia : Simple mais efficace, on adore ça ! On est bons aux guitares, c’est ce qu’on sait faire de mieux.

Courtney : Mais pas de promesses ! S’il sort cette année, il y’aura pas mal de guitares. Mais si ça prend plus de temps, on se sera peut-être ennuyés des guitares d’ici là et on se sera mis à faire de la « drum and bass » je n’sais pas.

Zia : Il faut absolument qu’on le sorte cette année alors !

 

Est-ce que vous auriez de nouveaux artistes à recommander ?

Courtney : You Said Strange ! J’aime bien Foxygen, Gap Dream c’est pas mal aussi, Black Market Karma… Ils ont produit You Said Strange d’ailleurs.

Zia : Je ne connais pas trop de nouveaux artistes… J’écoute des vieux groupes connus, ou des vieux trucs à côté desquels je suis passé.

 

Tu veux dire que tu es déçue par la musique actuelle ?

Zia : Non, ce n’est pas ça. Mais je n’arrive pas vraiment à dire si j’aime ou pas quand c’est récent. Je pense aimer au départ, j’écoute, puis je n’aime pas. J’ai besoin de prendre du recul sur l’engouement de nouveauté qu’il y’a autour d’un groupe avant de savoir si j’aime bien ou pas. Mais les gens qui font des « nouveaux vieux trucs », ça c’est cool !

Courtney : Tu vois, y’a des groupes comme Shannon & The Clans, les Growlers, les Shivas… Des groupes récents qui gardent un vieux style en gros, qui renouvellent le rock garage, et ça on adore ! Je pense que nous aimons juste le bon vieux rock, et les groupes dans lesquels les guitares sont bien présentes ; et qui sont émotionnellement puissantes.

 

Super ! Merci de nous avoir accordé cette rencontre !

Courtney : De rien ! J’ai besoin d’une sieste !

Zia : Moi j’ai faim ! T’as mangé ? J’ai du muesli, du chocolat et du Cacolac que j’ai piqué hier soir à Annecy…

 

Le groupe devrait théoriquement sortir un album cette année, ou en début d’année prochaine, et leur premier album « Dandy’s Rule Ok ? » a été réédité en vinyle à l’occasion du Disquaire Day 2015, l’occasion de replonger dans la vaste discographie du groupe.

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