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Interview : Les Cowboys Fringants

Les Cowboys Fringants remplissaient l’Olympia à Paris les 5 et 6 avril 2017 pour deux shows extraordinaires. Après leur premier concert, rencontre avec Karl Tremblay, le chanteur et Marie-Annick Lépine, la multi-instrumentiste du groupe.

Premier Olympia ce soir, vous revenez demain. Il vous reste assez d’énergie ?

Karl Tremblay : On a donné tout ce qu’on avait en en gardant juste assez pour demain encore !

Comment vous expliquez ce succès en Europe ? Les gens sont complètement dingues, ils restent dans la salle et chantent encore 30 minutes après le concert ?

Karl : c’est peut-être parce qu’on ne vient pas si souvent que ça. Un effet de rareté… Aussi, ça fait presque 12 ans qu’on vient en Europe, on s’est bâti une réputation de groupe de scène, les gens aiment ce qu’on fait.

Marie-Annick Lépine : c’est une grosse fête pour le public et pour nous à chaque concert. Partout dans le monde, pas juste au Québec, on aime faire la fête. Nous, on transporte ça avec nous, l’idée de « party », de pas se prendre au sérieux, mais de prendre du plaisir et de proposer des chansons dansantes pour la majorité. C’est un beau cocktail de choix de chansons. On propose 2h de spectacle, avec une première partie en plus, c’est sans arrêt. Les Cowboys existent depuis 1995-1996, on a sorti notre première cassette en 1997, ça fait 20 ans. On en est à 9 albums, donc au fil des ans, si tu choisis juste tes gros succès, ça fait déjà un bon show. On a toujours un bel accueil, mais je vais reprendre Karl, ça fait 13 ans qu’on vient ici. On a cultivé notre succès, on est allé chercher du public à chacune de nos tournées. Depuis 4-5 ans c’est des tournées assez expéditives de 5-6 dates parce qu’on a des enfants à la maison qui nous attendent. On ne veut pas rester trop longtemps. Avant, on passait des mois complets en Europe, pas forcément dans des grosses salles. Mais depuis 4-5 ans, on fait ça court et intense avec plein de vie et pleine de monde. Et « c’est le fun » !

Précédemment, vous veniez avec un format « premier acte » puis « deuxième acte ». Là, nous avons eu une première partie puis un show d’un seul tenant. pourquoi ?

Marie-Annick : disons qu’avec un show en « un seul acte », ça nous permet de mettre en avant aussi des premières parties qui comptent pour nous. Au final, ça fait 3 chansons de moins seulement que lorsqu’on joue en deux actes, mais ça favorise la découverte de talents québécois qui peuvent jouer une belle demi-heure de concert.

Karl : ça arrive rarement qu’il y ai des entractes en Europe. C’est pour se plier un peu aux « mœurs » européennes qu’on a choisi de faire des concerts en un bloc. Ça nous va également. De toute manière, au Québec, lors des festivals, on fait aussi des shows d’un seul tenant. Dans les salles, au Québec, on fait deux parties mais les gens sont habitués.

Tu parles des festivals, les Cowboys en font peu par contre en Europe…

Marie-Annick : cette année, il semblerait qu’on n’ai pas eu de belles offres sur la table ici, versus le Québec. On nous a proposé le festival d’été de Québec, qui est un des plus gros festivals d’été, ça fait 10 ans qu’on ne l’a pas fait. En plus c’est leur 50e anniversaire. On sera également dans un autre festival très important pour le Québec que nous ne pouvions refuser. Ces propositions là étaient très alléchantes pour les Cowboys, du coup on y restera pour l’été. Mais peut-être que l’été prochain on sera en Europe ? On attend les demandes.

Karl :  il y a beaucoup de festivals en Europe, mais des fois, les distances sont trop grandes, on est obligé de rester un mois pour trois dates, c’est un peu compliqué pour nous. Il faut s’occuper de l’équipe, les nourrir, les faire boire aussi (rires)

Tu parles de l’équipe et des musiciens, vous jouez avec deux batteries…pourquoi ?

Karl : Avant on avait un multi-instrumentiste. Dans la dernière tournée, Pierre Fortin, qui est l’autre batteur, a joué sur notre dernier disque et il est multi-instrumentiste aussi. Du coup, on a voulu l’inviter à nouveau sur cette tournée. On en a profité pour avoir deux batteries 7-8 fois dans le show et d’autres instruments de sa part durant le reste du concert. Mais de toute manière, c’est Jérôme (Dupras, le bassiste, ndla) qui vole la vedette à la batterie (rires). C’est dans son contrat ! « Je veux avoir toutes les spotlights » (rires)

Vous fêtez vos 20 ans cette année. A l’image de votre héro dans Ti Cul, avez-vous encore des rêves, des défis à accomplir ou le poids des années pèse-t-il surtout au niveau des regrets ?

Marie-Annick : notre seul désir c’est de durer encore ! C’est pas un métier qui en temps normal dure 20 ans. C’est très difficile de durer dans le temps, on a cette chance là de tourner encore énormément au Québec et de pouvoir en vivre. On souhaite juste que ça continue encore. Mais le dernier disque est un vent de fraîcheur sur le groupe et sur les spectacles. Les gens connaissent vraiment les chansons et apprécient beaucoup cet album. Ça renouvelle le public, il y a du monde dans les salles. Ça nous donne une petite passe pour 2-3 ans encore. On verra ensuite où on en est !

Vous n’êtes donc pas encore Has Been, pour reprendre une de vos chansons… ?

Ensemble (rires) : NON !

Karl : On peut l’être, ça nous dérange pas ! De toute façon c’est pas nous qui décidons !

Il y a plusieurs chansons comme En Berne qui font écho à la situation politique actuelle en France, en pleine période d’élections. Avec Lalala et La Manifestation vous avez même tendance à dire que la situation change rarement. C’est vraiment foutu alors ?

Karl : A l’heure des télé réalité, les meilleurs discours, le meilleur spectacle gagne. Enfin, ça a l’air d’être le cas pour Trump. Au Canada, on a élu un playboy, Justin (Trudeau ndla), une belle coquille vide qui nous a promis des avancées pour l’environnement. Dès que les gens ont le dos tourné, il en profite pour lancer des pipelines. Finalement, malgré les beaux discours, c’était du gros vent pour tout le monde. Je peux pas te dire que je suis très enjoué.

Marie-Annick : Je pense que les chansons décrivent bien la réalité finalement.

Ok ! Changeons de sujet ! Vous avez rempli votre défi qui était de planter 375 000 arbres. Bravo ! Quelle est la prochaine étape ?

Karl : on est même à 425 000 !

Marie-Annick : On pensait ça irréalisable, d’arriver à 375 000. Finalement, on a eu plusieurs partenaires qui se sont greffés au projet dans le dernier mois. Du coup, on vise le million, d’ici 2020.

Vous êtes encore sur la tournée de Octobre, sorti il y a un an et demi. Un 10è album en préparation ?

Marie-Annick : là on est vraiment en tournée tout le temps. Chaque semaine, on a cette chance d’avoir beaucoup de spectacles. Au Québec, quand un artiste fonctionne bien, il fait une trentaine de dates par album. Nous, on a la chance d’en être à 120-150 shows par album. C’est pas encore la fin de ce disque. Il nous reste encore au moins un an de concert. Et éventuellement un autre été. Du coup, on verra en 2018 pour la suite.

Vous aviez sorti précédemment L’expédition, où vous aviez utilisé beaucoup moins d’expressions québécoises. Une volonté de s’internationaliser au sein de la francophonie ?

Marie-Annick : c’est vrai qu’il y avait ce désir-là d’être compris à l’international, mais c’était surtout un désir de poésie, d’essayer autre chose. C’était notre septième album, tu ne peux pas toujours réécrire la même chanson. C’est bien que dans le temps, on ai fixé un album où le discours est un peu différent. La plume de Jean-François (Pauzé, principal compositeur des Cowboys et guitariste du groupe, ndla) entre autre est très bien sur ce disque. Je pense qu’il y avait aussi un désir d’être reconnu même chez nous pour son écriture, ce qui n’avait pas forcément été le cas jusqu’ici par l’industrie de la musique.

Cet album a aussi un côté plus mélancolique…

Marie-Annick : oui, mais L’Expédition, ce sont deux disques qu’on a enregistré en même temps. On a fait Sur un air de déjà vu la même année, qui avait été enregistré au même moment. Mais c’était un désir de réunir sur le même disque, toutes les chansons plus poétiques et dans un meilleur français. Mais si tu prends le second album, il est bien plus rigolo, absurde. Si on avait mélangé la moitié de L’Expédition et de Sur un air de déjà vu, ça ressemblerait parfaitement à un album des Cowboys, drôle et entraînant, avec aussi des chansons à texte, plus calmes.

Vous parlez aussi d’amour, dans Bye bye Lou, Paris-Montréal. Comme on dit en France… Est-ce que « toutes les histoires d’amour finissent mal en général » ?

Karl : Quand Jeff les écrit, oui, souvent (rires)

Marie-Annick : Et en même temps Les étoiles filantes, il veut faire un bout de chemin avec elle, alors… y a-t-il des chansons d’amour qui se finissent bien, dans les 99% de morceaux qu’on écoute dans la vie ? Nous, on a Tant qu’on aura de l’amour qui est joyeuse !

Vous avez plusieurs expressions qui ont trait aux nouvelles technologies (Bye bye Lou, Verre de terre), qui les dépeignent comme quelque chose de potentiellement négatif. Pourquoi ?

Karl : On vit une époque un peu absurde du côté des gens qui n’existent pas sans les réseaux sociaux. Ils n’ont rien fait dans la vie, mais ils sont suivi par 1 million, 10 millions de personnes. Ça a du bon, ça a du mauvais. Le tout c’est de choisir comment on gère tout ça. La technologie est extraordinaire pour tellement de choses. Tu peux te renseigner sur tout, c’est génial. Mais, à l’époque des « fake news », c’est très très difficile de discerner le vrai du faux, faire confiance à l’intelligence des gens. Devoir vérifier les choses deux ou trois fois, c’est parfois compliqué.

Marie-Annick : en fait, ça donne la parole à tout le monde, et chacun écrit son commentaire. Le but dans tout ça, quand tu fais de la scène, c’est de ne pas les lire. Il y a rarement grand-chose de constructif. Moi je m’occupe du Facebook des Cowboys, ça me suffit. Les gens écrivent en message privé, c’est pas des petits « haters », donc oui ça nous laisse proche du public, tout en laissant les insultes de côté, ça a du bon.

Karl, tu évoquais Triple Boris, ta compagnie de jeux vidéo. Comment ça t’est venu ?

Karl : ça fait longtemps que je suis un fan de jeux vidéo. J’ai été critique de jeu vidéo pendant 7 ans à la télé. Mais je suis plus un passionné qu’un professionnel. Un jour, un ami, ancien programmeur chez Ubisoft Montréal, m’a dit « Karl, on développe un jeu ? ». J’avais des idées, et puis on a sorti Gauche, droite. C’est notre premier jeu. On est une petite boîte, c’est disponible uniquement sur mobile pour le moment. On n’a pas les infrastructures ni les reins assez solides pour lancer un gros jeu sur console. C’est notre première carte de visite. Marie-Annick a fait la musique dans le jeu. On a bossé un an là-dessus, c’était « ben le fun ». C’est mon side project à côté des Cowboys. J’adore ça ! J’aimerais faire connaître ce milieu à des gens qui connaissent assez peu les jeux vidéo. Il y a d’excellents studios au Québec.

Ma dernière question rituelle : Beatles ou Rolling Stones ? Pourquoi ?

Karl : ça, c’est un débat… (Karl essaie dans le même temps d’ouvrir une canette de bière avec un paquet de gâteau. Fou rire général) Beatles ou Rolling Stones ? Moi, j’ai longtemps été Beatles mais depuis quelques années, je redécouvre l’œuvre des Stones de bout en bout. Tu sais, quelque part, les Beatles, c’est pas tant d’albums que ça. Alors que les Stones, c’est beaucoup d’albums. Donc, tout le monde peut y trouver son compte, peu importe les époques, les goûts. Mais les Beatles restent le groupe qui a le plus réussi à faire parler de lui, à faire réagir les gens.

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