Capt'ain Planet : Pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas, seriez-vous capable de décrire un monde correspondant à la musique de Zenzile ? {multithumb thumb_width=450 thumb_height=300}
Zenzile : le monde qui correspond à la musique de zenzile est tout simplement celui dans lequel nous vivons. Chacun d'entre nous est sensé l'appréhender selon sa sensibilité ; la notre correspond à une volonté de laisser s'exprimer la musique, le plus souvent sans paroles. Notre monde idéal serait un monde où les gens seraient moins exposés à la manipulation généralisée : pensée unique, lieux communs pris pour vérité universelle …
C : Quelle idéologie véhicule le dub ?
Z : le dub ne véhicule aucune idéologie ou alors celle exposée dans la première réponse. Mais le fait d'avoir des idées, des opinions ne signifie pas avoir une idéologie. La seule astreinte pour les membres du groupe est de s'investir sérieusement dans sa musique pour ne pas en trahir l'esprit et pour pouvoir évoluer.
C : Y a-t-il une seule méthode pour composer du dub ?
Z : Chaque formation à sa propre méthode, qui dépend entre autre du matériel utilisé. Pour Zenzile, nous sommes restés fidèles à l'analogique pour les instruments. Nous n'utilisons pas l'ordinateur, ni sur scène ni pour composer. Le projet du maxi avec High Tone sera d'ailleurs l'occasion de confronter leur méthode à la notre et leur manière de composer aussi.
C : Comment se déroule le processus de composition ? Est-il toujours identique ?
Z : Le plus souvent, nous composons en répetition, nous partons en général d'un riddim basse/batterie sur lequel se greffent les autres instruments. Mais de plus en plus, l'un des membres du groupe arrive avec un morceau « clé en main » où il ne reste qu'à peaufiner.
C : Quelle est la « recette » d'une bonne composition chez Zenzile ?
Z : Une bonne composition, c'est celle qui est finie en une répète et qui fait l'unanimité chez les musiciens. En général, elle associe deux qualités : efficacité et originalité.
C : Peut-on encore parler de composition ou faut-il plutôt parler d'objet sonore pour vos compositions ? Pour le dub en général ?
Z : A la base, tous les morceaux sont des compos, ils deviennent objets sonores avec l'étape du mix qui permet toutes les expérimentations, toutes les transformations aussi. C'est le dub en lui même qui fait d'une compo « classique » un objet sonore original.
C : Quand est-ce que Zenzile « s'éclate » sur scène ?
Z : Nous nous « éclatons » sur scène lorsque l'osmose se crée entre nous à travers la musique. Tout est question de sensations. Les meilleurs concerts sont ceux où nous sommes tous d'accord sur la qualité de la prestation au sortir de scène. En résumé , il faut que ça pousse au cul tout en restant musical.
C : Est-ce qu'il existe une interactivité avec votre public lorsque vous jouez ?
Z : L'interactivité avec le public existe et nous en avons besoin. Elle ne peut arriver que si nous, sur scène, sommes en phase avec nous-mêmes. Elle se crée au gré des fluctuations de la musique : moments calmes, explosions, tensions, calmes …
C : Le dub est souvent considéré comme une branche musicale située à mi-chemin entre le reggae et l'electro, penses-tu que la notoriété et la créativité des groupes français en vogue actuellement nous écarte de ce stéréotype ?
Z : Le dub est par essence lié au reggae, même son versant électro est aussi lié au reggae, mais il est aussi par essence en perpétuelle évolution. Il n'est surtout pas figé. Les groupes français lui ont apporté une innovation : d'être joué live. C'est aussi ce qui lui a permis de sortir de la confidentialité. L'important me semble être que les groupes possèdent une identité, un son propre à eux. La fin du dub serait qu'il devienne stéréotypé, qu'il cesse d'être un champ d' expérimentation et que tous les groupes finissent par se ressembler.
C : Qu'est ce qui fait la force de la scène dub française selon toi ?
Z : La force de la scène dub est de continuer à se renouveler, en live et sur disque.
C : Voici une question qui porte à réflexion et qui donne lieu à un débat sur notre forum actuellement. Que représente l'artiste en 2005 ? Quelle place tient-il derrière les machines ?
Z : L'artiste est le même en 2005 qu'en 1932, quelqu'un qui se sert de son art pour trouver sa place dans la société, dans le monde. Doit–il être payé pour ça ? Quant à l'utilisation des machines, elle ne pose pas de problèmes puisque c'est toujours l'Homme qui les nourrit de ses idées. Par contre, leur utilisation sur scène n'a pas le même rendu qu'un groupe qui joue live .
C : Une question parfaitement stupide : préféreriez-vous que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s'évanouissent en vous voyant ?
Z : Je préfère tout simplement qu'il y ait une bonne proportion de la gente féminine à nos concerts, sans pour autant tomber dans le cliché « boys bands », de toutes façons nous sommes trop vieux pour ça ! Plus sérieusement, j'apprecie que les deux sexes soient équitablement représentés aux concerts : ça joue sur l'ambiance .