Après Gore Baby Gore ! et Cult Movie, plus posés qu’à l’accoutumée, Pink Panther Party dévoile sans équivoque les facettes les plus violentes de Punish Yourself. Souhaitiez-vous un album plus énergique pour la scène ?
VX : Plus énergique, oui, mais pas forcément pour la scène… Les titres de Gore Baby Gore ! ont peut-être l’air plus calmes comme ça, mais à jouer en live, ils demandent largement autant d’énergie que d’autres qui ont l’air plus speed, il y a vraiment eu un malentendu sur cet album. Cult Movie c’est autre chose, mais de toute façon on n’en jouait que deux morceaux. C’est vraiment au niveau du studio qu’on voulait quelque chose de plus sombre, plus directement « méchant-dans-ta-gueule », sans doute en réaction au temps très long passé sur nos simili-musiques de films…
Pourquoi ce titre de Pink Panther Party sur un album pourtant dénué de côtés festifs ? Est-ce une manière ironique de signifier que quels que soient les décibels, ce n’est que du spectacle ?
Je te laisse la responsabilité de ton interprétation, mais pourquoi pas, oui, la subversion n’est jamais qu’une partie intégrante du spectacle général qu’est la société. Quoi qu’on fasse, tout ça ne sert à rien. On peut militer tant qu’on veut, on glisse quand même sur la pente… PPP c’est plus une parodie de militantisme ou d’organisation secrète, on ne pensait pas du tout à une fête mais bien à un parti, voire à une milice ! La formule a directement été inspirée par le « Black Panthers Party ». Pendant qu’on bossait sur l’album de 1969 Was Fine, c’est un thème qui m’a beaucoup intéressé, les mouvements violents de la fin des 60’s…
On ressent une idée de grandeur sur certains morceaux , comme « (My Name = Is) Legion » ou « Welcome To Now », appelant presque à des mouvements de foule. Est-ce cette idée-là qui vous a donné envie d’inviter votre public à participer à ces deux pistes ?
C’est un album qui tourne beaucoup autour du concept de foule, oui, de mouvement grégaire, de confusion de l’individu dans une masse. Mais c’est plus sur l’utilisation de samples symphoniques que ça a eu de l’effet, les bouts de chœurs grandioses que j’ai découpé un peu partout. Les participations sur « Legion ou « Welcome To Now », je ne sais plus d’où l’idée est venue, je voulais un grand cut-up vocal, pousser le spoken word jusqu’à l’absurde – particulièrement sur « Welcome To Now ». Mais d’une certaine façon, on retrouve la perte de l’individualité. « L’individu disparaît dans la foule », c’était un sample sur un vieux morceau de Nomenklatura, un projet électro auquel je participais dans les 90’s, ça a dû me marquer…
Vous avez pour habitude de retravailler certains vieux morceaux inédits avant de les intégrer dans de nouvelles productions (comme « Gay Boys In Bondage », écrit huit ans avant sa commercialisation). Est-ce le cas avec Pink Panther Party ?
Oui, mais on les a vraiment beaucoup retravaillés ! Les notes principales de « Welcome To Now » proviennent d’un très vieux morceau de notre seconde cassette démo, et « Zmeya » doit beaucoup à une vieillerie qui à l’époque s’intitulait (sobrement) « Fucktruck ». Ceci dit, comparé à notre mode de travail habituel, on a vraiment composé au dernier moment et très vite, même si le fait d’avoir des idées dans les tiroirs aide toujours un peu…
D’abord annoncé pour février 2009, l’album n’est finalement sorti qu’en octobre. Comment expliques-tu ce retard ? Le résultat ne vous convenait pas ?
C’est surtout qu’on n’avait pas terminé ! La première deadline qu’on s’était fixée était impossible à tenir, mais on s’en est rendu compte un peu tard…
Vous avez signé chez Season Of Mist pour cet opus. Allez-vous enfin bénéficier d’une sortie mondiale ?
Malheureusement, j’ai bien peur que non. C’est bien dommage… Mais on sera quand même mieux promus à l’étranger qu’on ne l’était jusqu’ici. Au niveau de la presse allemande notamment ça a l’air de bien accrocher.
Et est-ce que vous prévoyez d’en aider la promotion avec un clip vidéo, à l’instar de Gore Baby Gore ! et Cult Movie ?
On ne peut pas dire que le clip de Cult Movie ait beaucoup servi, surtout qu’il a été tourné bien après la sortie de l’album… Là normalement MX devrait réaliser un clip sur « Zmeya », essentiellement à partir d’images live, ça devrait être assez spectaculaire, le connaissant !
Un autre comic, non, on n’est pas du genre à refaire deux fois les mêmes choses. Là c’est Reedman qui nous a proposé cette pochette parce q’on a pas mal travaillés ensemble sur des perfs où il vient avec ses collègues d’Organix Comix réaliser des peintures pendant qu’on joue, je dois avouer qu’au départ le côté bande dessinée n’était pas vraiment mon idée du visuel de l’album, j’aurais voulu quelque chose de plus froid, mais en même temps ça correspond bien au chaos généralisé qu’on essayait de décrire. Une vidéo, ça pourrait être intéressant, mais on n’a pas vraiment le temps de travailler dessus en particulier…
Malgré la réputation scénique de Punish , vous ne sortez quasiment jamais d‘album ou de dvd live. Allez-vous y remédier prochainement ou s’agit-il de supports qui ne vous intéressent pas ?
On a quand même sorti un live audio en téléchargement gratuit sur d-trash records et un DVD live avec Gore Baby Gore !, c’est déjà plus que la moyenne des groupes français… Ce n’est pas que ça ne nous intéresse pas, c’est qu’on n’a pas envie de faire comme Johnny, un album, le live, l’album suivant, le live suivant ! Ceci dit on a filmé le Punish Your Fest au Bikini à Toulouse, et ça devrait être monté sous forme de DVD, par contre je préfère ne pas donner de deadline…
Avez-vous d’ailleurs de nouveaux projets scéniques pour habiller les titres de Pink Panther Party ?
A vrai dire, non, en tout cas rien de vraiment spectaculairement nouveau, mais on va tester des choses au fur et à mesure de la tournée. Pour l’instant, on a surtout revu la déco… Steve (notre lighteux) a bricolé deux squelettes assez impressionnants, notamment.
Aviez-vous besoin d’explorer d’autres horizons pour savoir ce que vous désiriez faire avec Punish Yourself, ou avez-vous décidé de créer plusieurs side projects afin de ne pas désorienter votre public ?
On a toujours eu des aspirations musicales assez variées, et tendance à vouloir toutes les faire rentrer dans le cadre Punish, mais à un moment donné on s’est bien rendu compte que ça devenait un peu incohérent, d’où la mise en route des side-projects, surtout Cheerleader 69 et 1969 Was Fine, pour trouver un débouché à toutes ces idées dont on ne savait plus trop quoi faire. Et ça nous a permis de recentrer Punish. Mais on n’a jamais eu l’intention de faire ça pour ne pas désorienter le public, ou le « rassurer », si on avait ce genre de soucis on n’aurait fait ni Cult Movie ni le Punish Yourself VS Sonic Area…
La scène industrielle en France est beaucoup plus vivante maintenant qu’il y a une dizaine d’années ! Le nombre de groupes et surtout leur qualité n’ont jamais été aussi grands, il suffit de regarder ce qui sort sur Audiotrauma, par exemple… Le problème c’est que les maisons de disque n’ont plus d’argent pour sortir des groupes comme Sin, LT-No ou Spina, qui donnaient l’impression que le « rock indus » en France était quelque chose de « massif » – alors que ces groupes, au final, n’avaient pas tant de public que ça. Certainement pas autant que pour ce genre de musique aux Etats-Unis, les majors essayaient de copier ce qui se passait là bas, ils rêvaient de sortir le Nine Inch Nails français. Les groupes de maintenant travaillent dans l’underground, et personne ne leur promet de passer à la télé, je pense que c’est beaucoup mieux comme ça.
La réédition de vos deux premières démos n’est toujours pas prévue au programme ?
Vu qu’on les trouve facilement sur internet… Non. Et on ne songe pas à mettre en ligne les deux démos qui n’ont jamais été numérisées, ha ha !
Tu as récemment apporté ta contribution à la compilation électro indus Noxious Art Festival III. Peux-tu nous en parler ?
C’est simple, j’ai participé au Noxious III avec Cheerleader 69, ils ont demandé à tout le monde de fournir un inédit pour cette compil, et voilà ! Audiotrauma nous ont toujours soutenu, et on essaie de soutenir Audiotrauma. La qualité des disques qu’ils sortent est juste tellement au dessus du panier… Et la motivation qu’ils sont capables de mettre dans l’organisation d’un événement aussi ! Sérieux, quand j’entends dire qu’il ne se passe rien en France, j’ai envie de mettre des baffes…
Quel souvenir garderas-tu du Hellfest ?
Six côtes cassées. Ca fait déjà un gros souvenir.
On connaît Arno (Sonic Area / Chrysalide / FYD) depuis longtemps, c’est quelqu’un qui a une oreille et une créativité assez uniques, à un moment donné j’ai eu envie de lui proposer de travailler sur des brouillons très inachevés de Punish, une sorte de Cult Movie II ; de fil en aiguille, ça a donné Phenomedia, un disque assez labyrinthique et déstabilisant ; je crois que pas mal de fans de Punish vont avoir du mal à y rentrer, mais tant pis, ou tant mieux ! Ca passe de choses ambiantes très mélodiques à du glitch assez violent, c’est un grand zapping qui doit plus à Download ou à Clint Mansell qu’à Ministry ou aux Lords Of Acid…
En conclusion : si tu devais qualifier Pink Panther Party en quelques mots, comment tu t’y prendrais ?
Avec les trois mots qui nous ont guidés pendant toute la conception : sale, sombre, monumental !