Bien installés au bar d’un bel hôtel parisien, nous attendons notre tour pour rencontrer Hunter, bassiste d’AFI. Le Give It A Name commence dans quelques heures et ce n’est pas une journée promo nous dit-on mais le groupe se prête quand même au jeu des interviews. AFI est un groupe un peu à part dans le paysage musical actuel. Il tend, en effet, à dépasser les clivages musicaux et n’hésite pas à sortir du carcan punk-rock qu’il s’est lui-même créé. Le quatuor est aujourd’hui une référence et une valeur sûre littéralement vénérée par des millions de fans à travers le monde. Laissons Hunter nous en dire plus sur son petit groupe de rock…
DeLaRoche : Cela fait quatre ans que vous n’êtes pas venus en France, alors comment tu sens ce concert ce soir avec tous ces jeunes groupes ?
Hunter (basse) : Je suis vraiment excité, je sais qu’on joue avec Jimmy Eat World, je suis un grand fan de ces gars et ce sont des amis. Il y a aussi des groupes que je n’ai jamais vus jouer, donc c’est cool de participer à ça.{multithumb thumb_width=300 thumb_height=400}
Au début du groupe, votre musique était très punk et hardcore mais avec Decemberunderground elle est devenue bien moins agressive et beaucoup plus réfléchie. Comment peux-tu expliquer cette évolution ?
Tu sais, on a commencé il y a à peu près 15 ans, donc si tu écoutes le premier album puis le plus récent, ils seront très différents mais si tu écoutes tous les albums dans l’ordre, tu trouveras une évolution naturelle. Je pense que c’est juste la manière dont nous avons évolué en tant que personne et en tant que songwriters depuis toutes ces années.
La scène new wave, et tout particulièrement The Cure, semble vous avoir énormément influencés, alors comment pourrais-tu définir votre musique aujourd’hui? Ou est-ce que rentrer dans une classification t’importes peu au final ?
Hmm, je ne sais pas, on fait juste ce qu’on fait. Je ne pense pas qu’on ait réellement besoin de mettre un nom dessus.
Certains fans ont peut-être été déconcertés par cette évolution… Qu’en penses-tu ?
En fait, je pense que la plupart des fans ont été vraiment réceptifs concernant notre évolution. Je ne connais pas vraiment une personne qui soit venue nous dire qu’elle a été déçue. Je pense que c’est comme suivre un bébé pendant sa croissance jusqu’à ce qu’il devienne adulte, tu ne peux pas cacher ce qu’il va se passer et la manière dont il va grandir.
L’artwork de Decemberunderground est plutôt étrange, il montre des lapins sur un fond hivernal… Peux-tu nous expliquer ce qu’il signifie ?
Nous voulions une image qui représente quelque chose de plutôt froid, de désolé et d’assez fin. La direction artistique a joué là-dessus.{multithumb thumb_width=403 thumb_height=400}
Depuis Sing The Sorrow qui a été un succès planétaire, vous avez de plus en plus de fans qui sont notamment organisés au sein de la communauté The Despair Faction. Que représente cette « armée de fans » pour vous ?
Nos fans sont tout, si personne n’achetait nos albums et ne venait à nos concerts, ce serait ennuyeux je suppose (rires). Ils ont une grande importance dans ce que nous faisons, en particulier The Despair Faction qui est plus qu’un fan club, c’est le moyen pour les fans qui aiment notre musique d’être plus impliqués dans ce que nous faisons. Ça représente vraiment quelque chose d’important pour nous.
Sur votre DVD I Heard A Voice, Nick 13 de Tiger Army vient chanter avec vous sur scène « A Single Second ». Gardez-vous toujours contact avec vos « vieux amis » de la scène indépendante ?
Oh oui, définitivement. On a beaucoup d’amis qu’on connaît depuis des années aussi bien en tant que groupe qu’en tant qu’individu. Le chanteur d’un groupe qui était au départ avec nous en tournée était un membre d’un de mes anciens groupes, donc on sait d’où on vient et avec qui on a commencé.
Quand Sing The Sorrow est sorti, vous avez réalisé un court-métrage nommé Clandestine qui était très mystérieux, l’intrigue concernait une boite dont on ne connait pas le contenu. Est-ce que vous avez des projets comparables pour Decemberunderground ?
On a fait un certain nombre de projets vidéo depuis quelques années et certains d’entre eux sont présentés avec cet album mais rien de comparable à Clandestine n’a été réalisé. C’est définitivement quelque chose qu’on aimerait travailler plus encore à l’avenir mais on ne l’a pas fait depuis un moment.
Pour Sing The Sorrow, vous avez signé avec une major (Dreamworks ndlr), comment avez-vous vécu les accusations traitant AFI de vendu ?
Les gens nous accusent de nous être vendus depuis le tout tout début. Certaines personnes pensent que si tu sors un album, tu es un vendu. Notre but était de toucher plus de gens, et avec notre ancien label (Nitro Records ndlr), nous n’étions pas distribués en Europe, donc je ne serais pas là aujourd’hui en train de te parler. (rires)
As-tu des side project à côté d’AFI ?
Ouais, je travaille sur différentes choses. Je travaille sur un projet avec Tegan de Tegan And Sara (groupe d’indie pop canadien ndlr) et aussi sur du matériel pour Macbeth. Jamais de repos, toujours du travail. (rires)
C’est la meilleure manière de réussir !
Tu as totalement raison mec ! (rires)< /em>{multithumb thumb_width=40O thumb_height=300}
Les paroles d’AFI sont très personnelles, vous ne voulez définitivement pas parler de politique…
Non, je pense que c’est une chose très personnelle et je ne crois pas que mon opinion devrait influencer quiconque et empêcher les gens de prendre leurs propres décisions.
Avec le recul, que penses-tu de votre parcours et de tout ce que vous avez réalisé jusqu’à aujourd’hui ? As-tu des regrets ou des sources de fierté ?
Certaines erreurs ont certainement été commises mais je ne les regrette pas. Je pense que le regret est quelque chose de stupide parce qu’on apprend plus de ses erreurs que de n’importe quoi d’autre et je ne pense pas que nous serions ici aujourd’hui si nous n’avions pas fait ces erreurs. Donc je ne regrette rien. Nous avons fait beaucoup de choses qui nous ont rendus fiers mais je crois que la plus grande de ces choses est probablement juste le fait d’avoir continué ce que nous voulions accomplir : faire des albums et tourner dans le monde entier.
J’ai entendu parler d’un mystérieux projet nommé Blaqk Audio avec Davey (chant) et Jade (guitare), peux-tu nous en dire plus ?
Je ne sais rien de ce groupe ! Je ne suis pas la bonne personne pour ça.
Quel est ton meilleur souvenir de tournée ?
Le meilleur souvenir… oh merde… (il réfléchit) On a fait tellement de choses… Je ne sais pas si c’est le meilleur souvenir mais j’ai eu des os et des dents cassés, et des cicatrices dont je ne peux pas me débarrasser. (rires)
Et le pire souvenir ?
Le pire souvenir pourrait être le meilleur (rires) Hmm, à chaque fois tu grandis et tu gagnes de l’expérience grâce à ces mauvais souvenirs et tu t’en souviens pour toujours.
Quelle est la prochaine étape pour AFI maintenant ? Peut-être qu’un nouvel album est sur le point d’être composé…
La prochaine étape sera la même que ce que nous faisons depuis 15 ans, on est en tournée pour un moment, éventuellement on prendra une pause puis on écrira un nouvel album et on l’enregistrera.
Un grand merci à Hunter et à Marina d’Active Entertainment !