Entretien avec Breakbot (Septembre 2012)

Ce week-end, Nantes a vibré sur un rythme électronique. Pour cause, Scopitone a affiché complet des semaines à l’avance pour ses deux soirées à la Friche Électro. Ce week-end a été l’occasion pour nous de rencontrer Breakbot, et son acolyte Irfane, à peine une heure avant le début de son live. Retour sur son nouveau live, son nouvel album, ainsi que ces diverses influences.

 

01. Est-ce que tu peux te présenter pour nos lecteurs qui te connaissent pas encore ?

Breakbot : Donc je m’appelle Thibaut, j’ai 31 ans, et je fais de la musique sous le nom de Breakbot depuis à peu près 2005. Je suis signé sur un label qui s’appelle Ed Banger Records, et je travaille aussi avec Because Music.

 

 

02. Tu peux nous parler un peu de ton live ?

Breakbot : En gros c’est une sorte de mix de beaucoup de morceaux que j’ai fait, j’ai essayé de remixer des remixes que j’avais fait, j’ai fait aussi des remixes de morceaux de mon album, et j’essaie d’assembler tout ça d’une manière un peu fluide et parfois je fais un peu de piano aussi. Irfane vient chanter sur quelques morceaux aussi. On va essayer de travailler pas mal sur la scénographie, sur le visuel, pour que ça soit intéressant à regarder.

 

03. Pourquoi après avoir tourné pendant des années en dj-set, t’être décidé à présenter un live ?

Breakbot : Quelque part par envie, parce que c’est bien de passer à «l’étape d’après» pour défendre l’album en tournée, c’est bien de proposer un spectacle un peu différent de ce que j’ai fait jusque là. Et puis par envie de prendre des risques un peu et de s’amuser quoi.

 

04. Qu’est-ce qui change radicalement entre le fait de faire un live et de faire un dj set ?

Breakbot : Principalement justement la prise de risque. En fait quand tu joue tes propres morceaux tu te mets plus en danger. En dj-set tu joues quasiment que des morceaux d’autres artistes, ça sert à rien de faire un dj-set qu’avec des morceaux à soi. C’est ça qui est intéressant aussi, de se mettre en danger. Par exemple moi j’avais jamais joué piano sur scène avant, et c’est vrai que je compte le faire de plus en plus. C’est de l’adrénaline, c’est intéressant.

 

05. Irfane et toi c’est une histoire d’amour ?

Breakbot : On a fait un total de 5 morceaux ensemble sur l’album. C’est une collaboration qui se passe très bien puisqu’elle est fluide. On a un peu la même culture musicale donc c’est assez facile de travailler ensemble et c’est surtout très agréable. On est complémentaire. On a pour projet de faire un groupe ensemble plus tard, sous un nom différent de Breakbot feat. Irfane.

 

 

06. Tu t’es fait connaître pour le titre « Baby I’m Yours », à une époque ou c’était plutôt l’électro ultra-saturée qui était à la mode. Ça te fait quoi d’avoir eu cette image de lover de la musique électronique ?

Breakbot : Ça me fait plaisir d’avoir su trouver ma place dans le paysage musical français. J’ai au début fait ça sans aucune prétention, sans ambition particulière, le but c’était un peu de s’amuser et de faire de la musique. Au final ma musique ressemble à ce que j’écoute en fait, on est tous un peu le fruit de ses influences, je crois que le côté lover ça vient de toutes mes années à écouter des slows langoureux, de la musique pour les filles (rires).

 

07. Ça vient d’où cette sonorité rétro ? Est-ce qu’il y a quelque chose qui est pour toi une influence énorme ?

Breakbot : Il y a plein de groupes que je pourrais te citer, mais dans l’ensemble ça se situe surtout dans l’univers de la funk du début des années 80, de la pop californienne. Après j’écoute aussi beaucoup de hip-hop et beaucoup de musique électronique évidemment. J’ai aussi été très influencé quand j’étais jeune par la première vague french touch avec les groupes comme Daft Punk, Alex Gopher ou encore Etienne de Crécy, ou des groupes comme Air. Puis j’écoutes aussi un peu de rock de temps en temps, en fait je suis très curieux, j’aime découvrir des musiques, c’est un truc qui me passionne. Même si ça ne se voit pas dans ma musique (rires), c’est vrai que je suis assez bloqué dans un délire un peu rétro mais oui je suis super curieux.

Irfane : Souvent, ce qui unit tous les trucs qu’on kiffe c’est des bonnes chansons, qui ont un super gimmik de production.

Breakbot : Après une bonne chanson c’est un peu subjectif. C’est une question de goût. C’est vrai qu’on aime bien les trucs mielleux. C’est pas qu’on est nostalgiques, parce que c’est pas une période qu’on a connu mais c’est vrai qu’on aime bien les trucs qui se situent entre 60 et 90, âge d’or de la pop, il y a vraiment eu plein de disques, c’est infini on peut découvrir encore plein de trucs vraiment géniaux.

 

 

08. D’où vient ce personnage un peu cartoon que tu utilise dans tes visuels ?

Breakbot : C’est un personnage que j’ai trouvé un jour et que j’ai modifié pour qu’il me ressemble, je lui ai rajouté des cheveux longs et de la barbe, après SoMe l’a redessiné pour «Baby I’m Yours». Ça me ressemble vraiment, ce côté un peu maladroit, mal à l’aise en société, «awkward» comme disent les anglais, il a ce côté bras ballants, il sait pas trop quoi en faire. C’est un personnage que je trouve assez drôle et attachant.

 

09. Et donc le visuel chocolat du dernier album ça a une signification particulière ou c’est juste un délire ?

Breakbot : C’est une référence à une pochette de Chicago, qui fait partie de nos influences, avec leur album Chicago X, leur dixième album j’imagine. C’est un clin d’œil à ce groupe. Le chocolat représente aussi le côté sucré de ma musique, le côté sucrerie qui se consommerait facilement, sans prétention autre que de donner un peu de plaisir

 

10. Tu te vois toujours faire ça dans 10 ans ?

Irfane : oui !

Breakbot : Probablement pas non. J’espère que je pourrais toujours faire de la musique mais pas faire des dj-sets dans des clubs ou des trucs comme ça. En fait, mon rêve un peu secret ça serait de faire une sorte de comédie musicale ou un film, où je pourrais à la fois faire la musique et réaliser le projet. Et c’est vrai que je me verrais bien faire ça après quelques albums avec Irfane et aussi avec d’autres personnes.

 

11. Est-ce que tu aurais des coups de coeur musicaux à nous faire partager pour la rentrée ?

Breakbot : En ce moment je suis obsédé par un morceau de Kendrick Lamar qui s’appelle «The recipe» en feat. avec Dre. En fait pas grand chose de nouveau, j’écoutes pas mal de vieux trucs. Enfin si pas mal les sorties de Louis (Brodinski NLDR), de bromance. Le maxi de Gesaffelstein est vraiment cool, l’album de Para One était super aussi.

 

 

Merci à Breakbot et Irfane pour leur accueil.

Propos recueillis par Colin Fay pour vacarm.net

Crédit Photos : Colin Fay