Samedi 17 novembre au Trabendo (Paris), belle affiche pour les amateurs de black metal sous la houlette de Garmonbozia. Pas moins de trois groupes pour ce concert sold-out, avec les ténébreux suédois de Watain en tête d’affiche.
La soirée commence avec le groupe de black metal Profanatica, originaire de New-York, dont le dernier opus, The Curling Flame of Blasphemy, est sorti en 2016. Avec leurs tuniques armoirées d’un chérubin soufflant dans une longue trompette, leurs cagoules et leurs visages maquillés, j’espère pouvoir prendre des clichés intéressants. Grosse déception, pas de lumière ou juste de temps en temps du bleu ou du rouge aveuglant. Peu ou pas de photos du premier groupe donc, vraiment désolée. Musicalement, il faut aimer le doom. Le groupe n’est pas très communiquant et le set se déroule un peu toujours sur le même rythme, me donnant l’impression d’entendre un unique titre déroulé pendant 40 minutes. Dans la fosse, on secoue la tête encore timidement. Pas la folie des grands soirs mais après tout ce n’était qu’une mise en bouche !
Set list Profanatica : Ordained In Bile – Jehovah fading – Unto us he is born – Mockedscourged and spit upon – Broken jew – Fuck the messiah – Sickened – Conceived with sin – Once removed savior – Spilling holy blood – Final hour of christ – Weeping in heaven – Heavenly father – I arose
C’est au tour des grecs de Rotting Christ de s’installer sur la scène du Trabendo. Une partie du public semble avoir fait le déplacement tout spécialement pour eux. Trente ans déjà que le groupe a vu le jour mais le temps semble ne pas avoir de prise sur Sakis Tolis, le frontman, et son frère Themis, à la batterie. Le 13e album studio du groupe, The Heretics, devrait sortir en février 2019 chez Season of Mist. Scénographie minimaliste pour les grecs comme s’ils avaient la certitude de pouvoir se passer de fioritures pour emballer le public. Dès les premières notes de « 666 », le groupe headbangue à l’unisson. Le frontman, de sa voix rocailleuse, harangue un public totalement acquis à sa cause, poings levés au rythme de la batterie. Rotting Christ va délivrer une incroyable prestation, toute en puissance et énergie brute ! La set-list, forcément un peu restreinte pour un set de moins d’une heure, donne un aperçu des trente ans de carrière du groupe. Les incontournables bien entendu comme « P’unchaw kachun – Tuta kachun », « In Yumen-Xibalba », « Grandis Spiritus Diavolos » et un titre de l’album à venir « Fire, God and Fear », dont le clip est sorti fin novembre. Du black metal de haute volée et un Trabendo bouillonnant à présent chaud-bouillant pour accueillir la tête d’affiche.
Set-list Rotting Christ : 666 – P’unchaw kachun-Tuta kachun – Fire God and Fear – EltheKyrie – Apage Satana – The Sign of Evil Existence – The Forest of N’Gai – SocietasSatanas – In Yumen-Xibalda – Grandis Spiritus Diavolos
Changement de plateau un peu plus long, Watain ne lésine pas sur la scénographie ! Impressionnant décor où se mêlent tridents, immenses croix à l’envers, ossements, bannières, braseros… On comprend très vite que le groupe va nous en mettre plein la vue ! L’arrivée sur scène est particulièrement spectaculaire. La tenue de chaque membre du groupe est très soignée, leurs peintures et maquillages également. Erik, le frontman, torche enflammée à bout de bras, va tendre le feu sacré vers le public. De nombreux bras tatoués du trident se tendent pour toucher la flamme, coincée dans le petit pit du Trabendo je crains un peu de terminer avec les cheveux sentant le roussi ! Côté photos, il fallait s’y attendre, peu de lumière et beaucoup de rouge. Le spectacle est vraiment incroyable avec cette sensation d’assister à l’étrange rituel d’une communauté à laquelle je suis, je le confesse, étrangère, le black metal n’étant pas le style de metal que je connais le mieux. Erik Danielsson a dit il y a quelques années “Watain est une expérience unique, une expérience qui va au-delà de toute autre expérience musicale ou culturelle. Le rock & roll tel qu’on le connaît existe maintenant depuis plus de 60 ans. Il est temps d’en faire quelque chose de nouveau. Il est temps de l’emmener au niveau suivant. Il est temps de faire remonter le caractère trenscendental de cette musique à la surface et de lui laisser prendre le contrôle – afin qu’il réveille les aspects les plus dangereux du rock & roll.” Tout est dit. Je vais me laisser porter par l’ambiance, la musique, les rituels. Le frontman est vraiment impressionnant, sa maigreur contraste avec la puissance de sa voix, dans ses yeux semblent brûler les flammes de l’enfer, son corps est barbouillé de sang, de suie et de peinture blanche. Avec onze titres piochés dans sa discographie dont quatre tirés du dernier opus, Trident Wolf Eclipse, Watain va plonger le Trabendo dans une atmosphère oppressante. L’air est chargé de suie, une odeur âcre chatouille la gorge, le brouillard a envahi la salle, ce n’est plus un concert auquel on assiste mais une expérience que l’on vit ! Le tout servi par des musiciens possédés eux-mêmes par leur musique et semblant indifférents à la chaleur, en dépit de leurs tenues tout en cuir. Incroyable concert ! On se surprend tout de même à respirer à pleins poumons une fois sortis de la salle. J’emporte avec moi quelques particules du concert, de la suie collée à ma cloison nasale.Il me faudra plusieurs mouchoirs pour l’évacuer totalement.
Setlist Watain : Storm of the antichrist – Nuclear alchemy – Thechild must die – Agony fires – Furor Diabolicus – Sacred damnation – The goldenHorns of Darash – Malfeitor – Toward the sanctuary – The return of darkness andevil (Bathory cover) – Sworn to the dark.
Un immense merci à Tangui de Garmonbozia pour l’accréditation.