De l’Electro-pop teenage de The Yolks aux talentueux Kraftwerkiens Rafale, en passant par les flâneries 80’s de Fortune, c’est un large éventail de révélations Electro qui était offert au public peu massif mais réactif de la Flèche d’Or en ce grand week-end de l’Ascension. Et le panel de sensations était lui aussi varié, mais largement nostalgique des sonorités Electro des débuts, montrant comment une génération peut s’approprier le son et les codes d’une époque qu’elle a à peine connue…
On n’en finit plus avec le revival des années 80; il s’agit bien sûr ici du revival au niveau sonore, de l’utilisation de ce grain synthétique particulier, et non d’un énième remix de tubes des 80’s. Le problème est que cette palette est large et que certaines choses auraient pu rester enfouies. Mais on n’enlèvera pas l’extraordinaire créativité et potentiel d’exploitation technologique de cette décennie, que les kids d’aujourd’hui redécouvrent avec bonheur, à travers des synthés en USB qui recréent ces sons initiés alors qu’ils n’étaient pas encore nés. Et The Yolks est un bon exemple d’une utilisation avisée de l’esprit de ces années: leur Electro-pop énergique plus Fresh que Fresh, au succès assuré auprès des lycéennes acquises à leur cause, est distillée de manière sincère et appliquée; les rythmiques sont carrées, la voix sûre, les mouvements travaillés, la mèche affûtée au devant du front… Tout y est pour un show qui nous fait regretter nos années lycée. Enfin, pas tout quand même.
C’est un autre son de cloche avec Fortune. Beaucoup moins originaux et charismatiques, tombant dans les clichés désagréables de l’Electro-pop ennuyeuse, sorte de copie peu avantageuse de Pony Pony Run Run, on ne pourra pas dire qu’on ait été séduit par cette prestation et ce chanteur qui en fait trop. Si ce n’est pas une idée générale, c’est au moins une réflexion récurrente: quand le frontman se croit à Bercy sur une scène à taille humaine, c’est souvent pathétique et surtout ennuyeux. Et l’adhésion du public à ce pastiche mi-disco mi-pop est tout de suite moins facile…
Pas de déception en revanche avec Rafale, condensé hypnotique d’une vision de l’electro, entre utilisation d’instruments Rock traditionnels et outils électroniques. Si le son trop accentué sur les basses du début du set était préjudiciable pour le combo, celui-ci s’est amélioré au fur et à mesure d’un set qui monte tout le temps en intensité, transportant le public avec ses nappes frénétiques et hypnotisantes, rempli de références à Kraftwerk avec des armes d’aujourd’hui, jouant sur les émotions à la fois Rock mais très proches du Dance Floor, le tout servi par une batterie impeccable, preuve s’il en faut une du bien-fondé de la présence d’une vraie batterie dans un set Electro. Si on est entré dans le monde avec «Everglades», on se prend à chanter sur les litanies de «Life In Mono», et surtout on exulte littéralement sur l’énorme «Eraser» qui tient absolument les promesses entrevues sur l’album Obsessions dont ce fut ce soir la Release Party.
Plusieurs visions de l’Electro actuelle donc, avec un constat général: la scène française est toujours très créative, le terme de French Touch a toujours du sens, et les plus jeunes représentants de cette scène montrent toujours une propension très intéressante à la faire évoluer. Mention spéciale à Rafale, que l’on a hâte de voir s’exprimer sur de plus grandes scènes, avec un visuel à la hauteur de la déferlante sonore.
Photos: Julien Peschaux pour Vacarm.net