Samedi 31 octobre 2009. Cette date restera longtemps ancrée dans la mémoire des fans du trio britannique Muse, qui faisait escale dans la petite ville de Liévin, dans le nord de la France, pour promouvoir son nouvel album. Première date française pour le Resistance Tour et non des moindres. Douze mille personnes en quête d’un nouveau frisson depuis leur concert mémorable au Parc des Princes en 2007 étaient présentes dans l’enceinte du stade couvert pour acclamer Matthew Bellamy, Dominic Howard et Chris Wolstenholme, trois grands noms du rock désormais incontournables.
19h30. Entrée en scène de The Horrors. Rarement un groupe n’a aussi bien porté son nom. Un son exécrable, un chanteur aussi charismatique qu’un playmobile qui n’a posé les yeux sur le public qu’une ou deux fois pendant le set, sa touffe de cheveux faisant écran. Au demeurant, le garçon ne carburait certainement pas à l’eau, ce qui a sans doute contribué à la piètre prestation des anglais. Au niveau de la musique en elle-même, le quintet nous offre un rock/electro mou du genou à écouter pourquoi pas chez soi en fond sonore mais sûrement pas en live. Autant Muse est réputé pour être un très bon groupe de scène, autant le choix de ses premières parties est plus que discutable. A croire qu’ils le font exprès dans le but de rendre le public fou d’impatience. Et bien c’est réussi ! Fort heureusement, après une courte demi-heure et un bref « merci », The Horrors disparaît dans l’indifférence la plus totale. Place aux maîtres de cérémonie.
20h30. La scène est magnifique : trois tours couvertes d’un long voile sont érigées afin d’accueillir en leur centre les musiciens. L’intro futuriste « We are the Universe » de ce début de tournée retentit, provoquant les hurlements des spectateurs. Les tours s’illuminent progressivement, le groupe ne va plus tarder. Le suspense est à son comble lorsque soudainement, les voiles tombent, laissant place aux trois comparses. Ambiance garantie. Le premier single de leur nouvel album, « Uprising », est accueilli avec ferveur. Le public reprend en choeur son refrain « They will not force us, They will not degrading us… », bien plus entraînant que sur l’album. Excellente entrée en matière.
Le trio du Devon enchaîne pendant une heure et demi ses plus grands tubes ainsi que sept des onze nouvelles compositions de Sir Bellamy. Parmi les moments marquants, on retiendra les titanesques « New Born », « Time Is Running Out » et « Plug In baby » en particulier, durant lesquels le public se lâche complètement. Du côté des nouveautés, on remarquera la puissance du titre « Unnatural Selection » et de son riff « New Bornesque ». Un futur must. Il en va de même concernant le « Helsinki Jam », comme le surnomment les fans du groupe, boeuf d’à peine deux minutes dans lequel Chris (le bassiste) joue avec Dom (le batteur) sur une plate-forme tournante à 360° du plus bel effet. On aura tout de même droit au milieu de ces nombreux hits scéniques à quelques instants de répit avec le nouveau single du groupe, « Undisclosed Desires », morceau mélangeant subtilement la pop et le r’n’b, ou encore le queenesque « United States of Eurasia ».
Muse prend plaisir à jouer, et ça se voit, en témoignent les facéties du chanteur qui n’hésite pas à faire une glissade sur le riff destructeur de « New Born », façon HAARP (le DVD de leur concert à Wembley en 2007) ou les positions atypiques qu’il prend, tout recroquevillé, sur l’outro de « Stockholm Syndrome ». Ce comportement rappelle inévitabement la période Hullabaloo du groupe (1er DVD enregistré au Zénith de Paris) lorsque la formation avait toute sa fougue, jeunesse oblige.
Le meilleur pour la fin : en rappel, les trois acolytes nous font l’honneur de revenir sur scène vêtus de costumes de super-héros, à l’occasion d’Halloween bien sûr. Matt est déguisé en vampire, Chris en batman (avec le masque s’il vous plaît) et Dom en Spider-Man (comme il l’avait fait il y a deux ans, d’où son surnom de Spider-Dom). Encore une preuve que le trio ne se prend pas au sérieux, n’en déplaise à leurs détracteurs. Le grandiloquent et non moins majestueux « Exogenesis Symphony part. I : Overture » entame ce rappel exceptionnel. Le contraste entre la musique et l’accoutrement des garçons est foncièrement comique. Sur les tours, on peut contempler des animations somptueuses accompagnant la chanson à merveille. Un grand moment. Au groupe de clôturer le show par un « Knights of Cydonia » endiablé, précédé d’un « Man with a Harmonica » (d’Ennio Morricone dans Il était une fois dans l’Ouest) très bien senti. Muse ne pouvait pas achever le concert d’une plus belle manière.
Ce samedi 31 octobre, tous les ingrédients étaient réunis pour passer un grand moment : une scène magnifique, un groupe en forme et un public réceptif. Muse reste au Panthéon du Rock. Un grand live pour un grand groupe.
.: Setlist :.
00. We are the Universe – Intro
01. Uprising
02. Resistance
03. New Born
04. Map of the Problematique
05. Supermassive Black Hole
06. Guiding Light
07. Interlude + Hysteria
08. United States of Eurasia
09. Cave (piano version)
10. Helsinki Jam + Undisclosed Desires
11. Starlight
12. Plug In Baby
13. Time Is Running Out
14. Unnatural Selection
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15. Exogenesis Symphony part. I : Overture
16. Stockholm Syndrome
17. Man with a Harmonica + Knights of Cydonia
Photos : Damon