Loin du monde de Tool, auquel on les rapproche souvent, notamment parce qu'ils font leur première partie aux USA, Isis est un groupe qui surprend en live, aérien, puissant, et intense. Très violent par moments, mais aussi terriblement mélodique à d'autres, le groupe a définitivement passé un cap en live et ça se voit.
Première surprise de la soirée, c'est Keelhaul qui ouvre la soirée en lieu et place de Circle. Grosse déception tellement Keelhaul avait plus d'intérêt que la vaste plaisanterie Circle. Un set beaucoup trop court pour Keelhaul à mon goût, tellement leur mathcore technique et précis a visiblement enchanté la salle. Puis viennent les finlandais de Circle. Comment décrire ça? Un groupe de heavy-metal caricatural, un style vestimentaire années 80, une voix pas originale du tout, une basse répétitive sans intérêt, et pour couronner le tout un morceau expérimental raté de plus d'un quart d'heure… Bref à oublier, donc.
Puis arrive Isis, acclamé comme il se doit par le public. Pas d'entrée fracassante, ni de déco tapageuse ou encore d'intro gigantesque, mais un sincère salut à un public totalement acquis à sa cause. En effet, Isis a décidé de la jouer simple et efficace : pas de double pédale à outrance, mais un jeu de batterie affuté et précis, jamais prétentieux, une basse qui sait être ronde et slappée à certains moments, un clavier grandiloquent et impressionnant, notamment sur « Hall of the dead », premier titre de Wavering Radiant… et une guitare-chant très propre où on se demande comment il peut faire les deux choses aussi précisément avec autant d'énergie…
Il est étonnant par ailleurs de voir jouer Isis dans une salle comme le Trabendo, car c'est le genre de groupe qu'on attend plutôt voir jouer dans un lieu beaucoup plus grand (le son s'y prêterait plus par ailleurs). Mais cette salle est un vrai bonheur pour le public, avec ses plusieurs niveaux, permettant de se déplacer et dans le cas d'Isis de pouvoir profiter d'ambiances différentes en fonction des morceaux.
La majorité des morceaux du concert seront issus du dernier album Wavering Radiant, à de rares exceptions près, tel que « So did we » de l'album Panopticon, dans une version très différente de l'original, notamment au niveau de la rapidité, mais surtout de la qualité de la voix. Car, et c'est indéniable, Aaron Turner a énormément fait évoluer son chant, s'orientant de plus en plus vers un chant clair et précis, qui déplairont surement à certains mais qui en enchanteront d'autres.
Car c'est bien là l'un des intérêts majeurs d'Isis : passer d'un moment de violence extrême à une ambiance atmosphérique hallucinante qui ressemble à du métal sous LSD. Il n'y a pas de communion avec le public entre les morceaux mais elle se fait largement pendant les morceaux où il y a un large investissement scénique des musiciens.
On est loin d'Opeth et de son jeu de scène complètement statique, là c'était une petite scène mais ils en ont pris la pleine mesure. Malgré un public très statique, ils n'ont pas hésiter à haranguer le public pendant les morceaux, bouger comme s'ils jouaient devant 20.000 personnes, bref une prestation de haut vol.La condition obligatoire pour apprécier ce concert était néanmoins d'aimer Wavering Radiant et la nouvelle tournure plus mélodique d'Isis, car tout le set était tourné dans cette direction. Mais s'ils le jouent d'une telle manière dans une plus grande salle avec une décoration à la hauteur de leur niveau, on a hâte de voir ça.
.: Set-list :.
Hall Of The Dead
Hand Of The Host
Holy Tears
20 Minutes / 40 Years
Ghost Key
Wills Dissolve
Threshold Of Transformation
Carry
The Tower (Celestial)