Label anti-conventionnel par excellence, Distille Records multiplie les sorties aussi audacieuses que soignées. Formé en 2005 et protagoniste d’un EP auto-produit distribué la même année, le quatuor danois Mimas trouve dans cette structure francophone un soutien de choix pour la sortie de son premier album The Worries. Une signature qui s’explique avant tout par la qualité des morceaux de cet opus, qui témoigne aux encornures d’inspirations musicales similaires aux pointures que sont Mogwai ou Sigur Ros.
A l’instar de ses pairs, Mimas livre des horizons musicaux relativement difficile d’accès, ces derniers révélant leurs multiples saveurs au fur et à mesure des écoutes. The Worries revêt en effet une robe post-rock sensible et délicate, mais n’hésite pas à témoigner d’univers bien différents, parfois presque expérimentaux. Le jeune quatuor navigue cependant pour l’essentiel dans des sphères indie-rock, matérialisées par des guitares mélancoliques et mélodiques aux arpèges ascensionnels (le morceau d’ouverture « Treehouse ») ou aux accords stratosphériques (« Keep Quiet », « Cats On Fire »). Mimas fait preuve en neuf compositions d’une qualité d’écriture touchante, les étendues sonores de la formation demeurant à la fois désenchantées et réjouissantes. Ce qui n'empêche au groupe de s’orienter à de multiples occasions vers des passades dominées par une électricité plus prégnante, ou foisonnantes d’éléments inattendus. Les guitares dressent alors des tableaux radicalement éloignés des notes éparses et atmosphériques pour gagner des terrains plus chargés (« Dads », « Dr Phil’s Retirement ») sans jamais perdre la finesse d’écriture propre à l’univers du groupe. Véritable grand huit des sentiments, The Worries évolue alors des doucereuses pop-songs dans lesquelles ont croyait le groupe définitivement engagé à des incartades marquées d’un esprit qui évoquera Sonic Youth sur les abords (« Why In The Worlds Not ? »).
Mais cette alternance des atmosphères instaurant quelques beaux contrastes musicaux n’est pas l’unique atout de Mimas dans sa quête de la variété de composition. Le groupe amène en effet dans sa musique des interventions de synthétiseurs relativement discrets (« Dr Phil’s Retirement »), ou encore de cuivres plus marqués. Chaleureux, porteurs d’une tristesse presque insondable (l’excellent « Dads », « Cats On Fire », « Beneath The Glad Sunbean ») ces derniers viennent renforcer la très forte dimension émotionnelle véhiculée par la musique du quatuor américain. Le chant enroule les instrumentations avec une réelle volonté de délicatesse, et s’éclipse donc des embardées les plus électriques pour n’intervenir que lorsque les guitares se font virevoltantes. Nostalgique, juste tout en restant authentique, le timbre de voix se montre vibrant, tout aussi habité et sensible que la musique qu’il vient habiller de façon parfois épisodique. Mimas conserve en effet de longues plages réservées aux élucubrations instrumentales prolongées, le groupe se montrant adepte de la déstructuration partielle des instrumentations (« Dads », « Mac, Get Your Gear »).
Emballé par un artwork à l’image de sa musique, Mimas livre avec The Worries un superbe premier album. Indie et passionnante, la musique des danois gagnerait à s’imposer sur le marché Français tant ces neuf morceaux témoignent d’une réelle qualité d’écriture.
.: Tracklist :.
01. Treehouse
02. Mac, Get Your Gear
03. Dads
04. Fangs
05. Why In The World Not?
06. Dr Phil's Retirement
07. Keep Quiet
08. Cats On Fire
09. Beneath The Glad Sunbeam