Sorti en 1997 après l'EP Parasite, ce premier cd des hexagonaux Y Front ne connut malheureusement qu'un succès relatif malgré de bonnes critiques et des premières parties assez prestigieuses (Rammstein). En plein renouvellement du metal et du glam dans notre pays (Lycosia, Undercover Slut), Patchwork Of A Happier Place passa à la trappe et ne reçut que peu d’échos à ses ombres de soufre. Injustement, pourrait-on se permettre d’ajouter, mais peu étonnant pour une formation française.
Si certains titres, ultra efficaces, se fondent presque complètement dans un esprit eighties digne de Ministry, Morthem Vlade Art ou Skinny Puppy (« Zoe’s Thrill », « Were The Wails Dance All Night »), Patchwork Of A Happier Place tend majoritairement vers un metal futuriste, novateur et sombre. Entre apartés cinglants (« S.H. vs Doc », « T.V. Man », l’enragé « Bitch Boy »), simulacres de metal typiquement US (« Super Manipulator »), prouesses synthétiques (« Soundless Words »), atmosphère glauque quoique calme (« C.H.I.L.D ») et curiosités multifacettes (le surprenant « Dancing Upside Down », rappelant « Born Slippy » d’Underworld, présent sur la B.O du mythique Trainspotting), Patchwork Of A Happier Place implose et dispose de beaucoup trop d’étiquettes pour n’en mériter qu’une seule.
Hormis un son un peu daté et une reprise convenable mais maladroite (« Enjoy The Silence » de Depeche Mode, de toute façon très casse-gueule), ce premier essai d’Y Front s’avère être une référence difficilement contournable dans le metal indus tant les ambiances sont variées, contrastées, les mélodies recherchées, les voix inattendues, les percussions atypiques et syncopées. Incontestablement l’un des meilleurs albums français du genre, signé sur le label Boucherie Prod (Les Garçons Bouchers, Les Tétines Noires) qui manque d'ailleurs cruellement aujourd’hui.
Quatre ans après Patchwork Of A Happier Place, Y Front sortira la machine à tubes Mellow Cosmos chez IntoXygene, deuxième opus plus lumineux et moins violent lorgnant davantage vers un rock électro percutant et expérimental que vers le metal industriel, le single « Smalltown Boy » chez Polydor (lequel arrêtera les frais vite fait bien fait), puis réalisera quelques concerts, remixes et collaborations (LTNO, Indochine) avant de cesser ses activités en 2005. Un véritable gâchis tant le potentiel du groupe s’est révélé fort. A découvrir absolument.
.: Tracklist :.
01. Zoe’s Thrill
02. Were The Wails Dance All Night
03. Dancing Upside Down
04. S.H. vs Doc
05. The Room
06. Soundless Words
07. Heroes
08. C.H.I.L.D
09. Enjoy The Silence
10. The Eel
11. Super Manipulator
12. Parasite
13. Bitch Boy
14. T.V. Man