Témoignant d'une régularité de livraison presque métronomique, Disbelief revient en 2009 avec un nouvel opus du nom de Protected Hell, deux années après un Navigator de haute volée. A la différence près que le groupe aura du faire face à un nouveau départ, en l’occurrence celui du guitariste Jonas Khalil, qui ne sera resté dans les rangs que le temps d’un unique album. Recentré autour d’une formule quatuor, Disbelief livre pourtant un album remarquable, bien qu’il ne dévie nullement de la ligne de conduite imposée par les Allemands dès leurs premiers enregistrements.
Une nouvelle fois inscrit dans la veine directe d’un 66Sick qui avait définitivement imposé Disbelief auprès d’un plus large public, Protected Hell ne se pare pas d’une grande originalité de composition, mais témoigne d’un son typique et bien propre à la formation Allemande. Enveloppée d’une lourdeur appuyée à l’extrême, sombre et résolument torturée, la musique de Disbelief explore comme à son habitude des sphères death-metal moderne ponctuées par les extrêmes musicaux les plus marqués (l’enchainement tonitruant « Hell (Intro) / « A Place To Hide »). Accordée dans les graves les plus ténébreux, la guitare impose des riffs pachydermiques, supportés par une section rythmique écrasante (le redoutable « S.O.S. – Sense Of Sight »). Véritable rouleau compresseur de l’apocalypse, la section instrumentale se montre toujours plus favorable envers l’efficacité qu’une éventuelle technicité relativement inutile à l’aspect outrageusement pesant de ses escapades sonores. Martelés avec une lenteur mettant en exergue toute la puissance de leur univers malsain et désespéré, les morceaux de Protected Hell n’en oublient pas pour autant de traditionnelles et évasives interludes vers des terrains témoignant d’une saturation plus discrète. Les mélodies, bien que plus rares, demeurent une composante essentielle à l’équilibre musical des excursions ténébreuses de Disbelief (« The Dark Soundscapes », l’instrumental « Trauma », « The Return Of Sin »).
Indispensable à l’aération d’une musique par ailleurs très compact, ces quelques échappées moins étouffantes mais toutes aussi dépressives s’articulent autour d’interventions acoustiques ou d’excursions dans les sonorités claires, ces éléments s’avérant magnifiquement couplées aux débauches cisaillées de haine électrique. Sans briser l’ambiance générale, Disbelief parsème de ci et là quelques éclaircies à peine salvatrices tant la musique tend à témoigner d’une insondable douleur. Si la palette colorimétrique de Protected Hell se compose d’un unique noir d’encre, ces univers à la fois terrifiants et passionnants se voient en partie imposés par un Karsten Jäger habité et vocalement imposant. Littéralement éructé, le chant ne dévie jamais d’un registre résolument grave et à l’authenticité presque troublante (« Hell Goes On », « Hate / Aggression Schedule », « Room 309 »). Véritable résultante des tourments intérieurs d’un Jäger jouant carte sur table, les lignes vocales confèrent à Protected Hell un réel impact émotif, malgré la violence exacerbée de l’ensemble.
Sans ré-inventer son approche de la musique, Disbelief livre avec Protected Hell un excellent album. Complété comme à son habitude par un DVD live, ce nouvel opus impose encore d’avantage la formation allemande comme une valeur sûre et inévitable de la scène death moderne.
.: Tracklist :.
01. Hell (Intro)
02. A Place To Hide
03. Hate / Aggression Schedule
04. Nemesis Rising
05. The Return Of Sin
06. Hell Goes On
07. S.O.S. – Sense Of Sight
08. One Nation‘s Son
09. Trauma (Instrumental)
10. The Dark Soundscapes
11. Room 309 (Kraftprinzip)
12. Demon‘s Entry