Après See You On The Other Side qui s’est révélé être inégal voir décevant sur la durée, ainsi qu’un MTV Unplugged « à trois » plus ou moins bien digéré par les fans, le doute était très présent concernant le futur de Korn. A l’orée de son nouvel album, le groupe se trouvait dans une position délicate : Jonathan Davis se remettait d’une grave maladie, qui aurait pu lui être fatale, et David Silveria annonçait non pas son départ mais plutôt la volonté de faire une pause à durée indéterminée pour s’occuper de sa famille et de ses restaurants (!).
Les annonces faites au fur et à mesure de l’élaboration de cet album sans nom ont autant attisé la curiosité qu’elles ont laissé perplexe : la batterie sera tenue par Terry Bozzio (Franck Zappa), Zac Baird au clavier intégrera le processus de composition, The Matrix et Atticus Ross seront de nouveau aux commandes de la production.
Après une introduction instrumentale nous faisant entrer dans un cirque cauchemardesque, c’est sans surprise mais avec joie que l’on constate que cet album ne ressemble à aucun autre, que Korn a tenté de nouvelles choses comme à son habitude. Les expérimentations électro légères aperçues sur l’album précédent sont poussées à l’extrême et ont abouti cette fois-ci à un résultat très convaincant. Explosions de structures, refrains plus accrocheurs que jamais (« Starting Over », « Bitch We Got a Problem »), sonorités nouvelles apportant même un côté épique à certains titres (cordes sur « Ever Be », « Killing » avec son final death à faire pleurer un fan de « Break Some Off », « I Will Protect You »), à défaut d’être rentre-dedans en permanence, le Korn nouveau cru montre une fraîcheur et une inspiration indéniables. Les morceaux plus lents et atmosphériques ne sombrent pas dans la mièvrerie et approfondissent l’aspect « ballade électro-gothico-indus » (« Kiss », « Do What They Say », « Hushabye ») introduit notamment par « Throw Me Away » sur See You On The Other Side.
Le gros son qui tâche n’est toutefois pas oublié comme le démontrent « Innocent Bystander » et « Killing », le côté fun et groovy à la « Got The Life » est également présent avec le déjanté « Love And Luxury », et on remarquera également la grande influence gothico-rock de la B.O. de Queen of The Damned (composée par Davis avec Richard Gibbs) qui plane d’une manière générale sur l’album.
En ce qui concerne les paroles on note également quelques nouveautés dans les thèmes abordés. Commençons par évoquer le premier single, « Evolution », où Jonathan se questionne sur l’avenir de la planète et des hommes, et de ce qu’il laissera à ses enfants. Ces derniers auxquels il s’adresse également dans « I Will Protect You » que je ne vous ferais pas l’affront de traduire. Jonathan évoque aussi son amour fusionnel avec sa femme sur « Bitch We Got a Problem » (sympa rien qu’au titre). Celui qui en prend pour son grade en revanche, c’est Head le aigri et sa mégalomanie divine sur « Ever Be » et le « Love and Luxury ».
Surprenant, osé, réussi, il ne reste plus qu’à espérer que cet Untitled (appellation la plus vue à ce jour) résiste à l’épreuve du temps pour figurer comme référence aux côtés d’Issues, sinon il rejoindra le déshérité et pourtant magnifique Untouchables dans les oubliettes de la Kornography.
.: Tracklist :.
01. Intro
02. Starting Over
03. Bitch We Got a Problem
04. Evolution
05. Hold On
06. Kiss
07. Do What They Say
08. Ever Be
09. Love And Luxury
10. Innocent Bystander
11. Killing
12. Hushabye
13. I Will Protect You
14. Sing Sorrow (exclusif à l'édition Deluxe)
Poster, cartes postales et DVD bonus (making of et photos) offerts dans l'édition Deluxe.