Un habituel petit changement de line-up et revoilà déjà Cradle Of Filth, à peine deux ans après le décevant Nymphetamine. Avec ce huitième album studio en plus de dix ans de carrière, les fervents adorateurs du black-metal underground devraient relancer l'éternelle polémique visant à contester la place des cinq Anglais au sein du mouvement, d'autant plus que Thornography ne risque pas de faire taire les détracteurs.
Plutôt que se répéter à l'infini en proposant indéfiniment le même concept, le quintet prend position pour l'évolution et l'innovation, quitte à décevoir une fois de plus les nostalgiques de l'époque Dusk & Her Embrace. Certain n'y verront sans doute là qu'une tentative d'élargir un public à leur goût déjà trop conséquent pour un groupe issu d'une scène relativement difficile d'accès, mais on ne pourra que difficilement accuser Cradle Of Filth de se répéter. Sans néanmoins s'aventurer dans l'expérimentation intellectuelle, ces douze plages s'avérant même bien plus accessibles que les productions antérieures, Thornography témoigne d'un son radicalement éloigné des débuts du groupe ou encore du conceptuel Damnation And A Day. Bien que directement placé dans la lignée de son prédécesseur, ce nouvel opus reste cependant bien mieux construit, plus cohérent et par répercussion moins lassant sur la longueur. L'efficacité se veut renforcée par une toujours plus grande simplicité dans les instrumentations, le quintet ayant fait le choix de retirer quasiment toutes les parties symphoniques ainsi que les parfois envahissantes interventions de sa choriste intermittente Sarah Jezebel Deva. Très discrètes, ces composantes auparavant surexploitées restent cependant bien présentes, mais ne viennent s'ajouter aux textures qu'en guise d'accompagnement afin de renforcer l'ambiance sombre des compositions (« Under Huntress Moon », l'excellent « I Am The Thorn »), évitant de faire pâtir la rythmique d'une présence trop marquée (« Lovesick For Mina », ou le piano vient furtivement créer le contraste entre deux tirades saturées).
Les guitares assurées par Paul Alender ainsi que l'ex-End Of Invention Charles Hedger viennent donc occuper le premier plan, amenant avec elles une teinte presque heavy metal. Les breaks de batterie et l'utilisation récurrente de la double-pédale aidant, les riffs sont enchaînés avec une rapidité d'exécution encore plus élevée que par le passé (l'introduction ainsi que les brusques envolées de tempo de « Lovesick For Mina »), les deux responsables des six-cordes se permettant même quelques trop courtes tentatives en solo (« I Am The Thorn ») ou encore un instrumental mystique ponctué de la présence d'un violon aux sonorités médiévales (« Rise Of The Pentagram »), signant là et de manière incontestable le meilleur titre de Thornography. La voix de Dani Filth ne témoigne quant à elle d'aucun changement notable, plaisante pour certains, toujours aussi insupportable pour les autres. A l'aise perché dans les aigues tout comme dans les grognements caverneux, le vampire en chef du clan Anglais livre une performance sans originalité particulière mais toutefois accrocheuse, s'associant par ailleurs à quelques collègues le temps d'un morceau (Ville Vallo, leader de H.I.M., sur le moyen « The Byronic Man » ainsi que Dirty Harry pour un « Temptation » complètement décalé et nettement plus surprenant).
Cradle Of Filth commercial ? Peut-être, mais après tout quelle importance… Si Thornography s'avère black-metal seulement aux encornures, il s'agit bien là d'un disque diablement efficace. Mission amplement accomplie pour le quintet.
.: Tracklist :.
01. Under Pregnant Skies She Comes, Alive Like Miss Leviathan
02. Dirge Inferno
03. Tonight In Flames
04. Libertina Grimm
05. The Byronic Man
06. I Am The Thorn
07. Cemetery And Sundown
08. Lovesick For Mina
09. The Foetus Of A New Day Kicking
10. Rise Of The Pentagram
11. Under Huntress Moon
12. Temptation