Tout juste deux ans après un In Silico salué unanimement par la critique, voilà les australiens de Pendulum déjà de retour avec Immersion, savant mélange de rock et de drum & bass. Le succès rencontré par son prédécesseur place la barre bien haute. Voyons sans plus attendre si le groupe a continué sur sa lancée en pondant un In Silico II ou si, au contraire, la formation a préféré évoluer, quitte à perdre son lot de fans en route… et à gagner de nouveaux admirateurs.
D’ores et déjà, on peut décerner à Immersion la palme du plus bel artwork de cette première moitié 2010. Très poétique et hyper travaillé, il nous en met plein les mirettes et surtout, on ne s’en lasse pas. Une fois les yeux décollés de cette sublime image bourrée de détails, focalisons-nous sur l’essentiel, le contenu.
Les quinze pistes de l’album sont très variées, chacune possède son propre univers, bien que vaguant toujours sur la thématique de l’eau (d’où le titre de l’opus et son visuel). Là où le bât blesse, c’est que certaines chansons semblent trop similaires à ce que Pendulum a réalisé par le passé. Ainsi, un morceau comme le répétitif « Salt In The Wounds » se rapproche un peu trop d’un mix entre « Slam » et « Granite ». Autre exemple, le titre conçu en collaboration avec Liam Howlett de Prodigy, et qui en faisait baver d’avance plus d’un, se révèle assez décevant compte tenu du potentiel des deux combos. « Immunize » est efficace, certes, mais ne montre aucune évolution dans la musique de la formation australienne.
On pourrait légitimement croire à un manque d’inspiration, mais fort heureusement, d’autres morceaux rehaussent le niveau et démontrent que Pendulum ne se réduit finalement pas à un seul album de haute volée. « The Vulture » fait sans doute partie des perles du skeud, grâce à des couplets très prodigyesques dans l’intention (et réussis cette fois), durant lesquels Ben The Verse, le MC du groupe, pose son flow pour la première fois, associés à un refrain typiquement Pendulum et qui respire le jump.
Mais Immersion réserve aussi quelques surprises ! Rob Swire l’avait annoncé, l’album se verrait gratifié de plusieurs featurings pour le moins alléchants (outre celui de Prodigy précédemment cité). On retrouve tout d’abord celui des métaleux suédois d’In Flames, puis celui du maître incontesté du rock progressif anglais actuel et leader de Porcupine Tree, Steven Wilson. Le premier, « Self vs Self », procure une baffe monumentale à tout fan de la formation scandinave. Le son y est lourd et violent (par rapport au style développé habituellement chez Pendulum) et bénéficie d’une rythmique implacable. En effet, le jeu de batterie est ici plus poussé qu’à l’accoutumée et met parfaitement en valeur les guitares saturées, dignes d’un grand In Flames. Les hurlements d’Anders Fridén fusionnent idéalement avec la voix posée et pleine de sérénité de Rob Swire sur le refrain. Un vrai hit totalement novateur. Le second feat. accueille un Steven Wilson seul derrière le micro. Ce dernier instaure dans « The Fountain » un climat beaucoup plus progressif et nettement moins tape à l’oeil que sur les autres titres, ce qui vaudra au morceau quelques écoutes avant de l’apprécier pleinement.
Toujours parmi les surprises, on découvre au milieu de l’album un titre en deux parties intitulé « The Island part. I & II – Dawn/dusk ». Pendulum frappe fort, très fort ! On a ici THE tube de l’opus, voire même de toute la carrière du groupe. Le morceau n’a rien à envier à ceux du roi du genre David Guetta. Refrain pêchu et couplets volontairement formatés dancefloor, « The Island » possède l’attirail intégral du carton en puissance. La deuxième partie s’apparente d’avantage à du Justice, avec son riff principal complètement déconstruit, mais ne tient malheureusement pas dans la durée. Quatre minutes d’un même riff, ça commence à faire long !
L’opus s’achève sur « Encoder », titre épique que les fans compareront forcément à « The Tempest » (épilogue d’In Silico) puisque sa construction est exactement la même : première partie calme, break, puis répétition d’un riff épique. Comme s’il s’agissait d’une formule mathématique ! N’empêche que la musique en elle-même est cette fois-ci très éloignée de son équivalent pré-Immersion, tout en fournissant une émotion aussi intense.
Comme je vous le disais en préambule, succéder à In Silico n’était pas une mince affaire. Tantôt répétitif et poussif, tantôt touché par le génie, Immersion est un album en dents de scie. Notons que Pendulum a su prendre des risques en faisant figurer sur un même disque des titres aux ambiances radicalement opposées, ce qui les honore. Immersion ouvre donc de nouvelles portes quant à la future direction artistique du groupe. Attendez-vous à être surpris !
.: Tracklist :.
01. Genesis
02. Salt In The Wounds
03. Watercolour
04. Set Me On Fire
05. Crush
06. Under The Waves
07. Immunize (featuring Liam Howlett)
08. The Island part. I – Dawn
09. The Island part. II – Dusk
10. Comprachicos
11. The Vulture
12. Witchcraft
13. Self vs Self (featuring In Flames)
14. The Fountain (featuring Steven Wilson)
15. Encoder