Vous pouviez déjà archiver vos petits comptes qui devaient déterminer le meilleur album de 2009, mais ceux de 2010 sont (aussi) finis. Il était prédit depuis quelques mois que le deuxième album de Vampire Weekend serait au-dessus du reste. Les jeux sont faits, au moins pour tout ceux qui étaient tomber sous la coupe du très addictif premier album. Enfin quand même, l'album 2010 dès janvier ? Petite vérification.
« Horchata » ouvrait le buzz d'attente, le titre étant offert il y a quelques mois. Il ouvre également ce Contra et met directement l'auditeur dans l'ambiance si exquise du groupe. Les quelques sonorités musique du monde qui font leur touche si singulière sont toujours présentes. Vampire Weekend récidive et déroule ainsi des titres de qualité, mais également une certaine maîtrise du contexte. En effet, ce sont les effets du froid qui orientent les paroles, du souvenir de l'été dernier à l'attente du prochain, sans oubliant de visiter et d'observer un New-York probablement enneigé. Ceci d'ailleurs, sur « White Sky », s'impose légèrement au-dessus du reste. Quoiqu'il en soit, écouter Vampire Weekend est jusque-là toujours un grand plaisir.
Mais la quatrième piste est un choc. Un choc au nom d'auto-tune. La voix d'Ezra Koenig qui prend des reflets métalliques, ce n'est pas l'effet le plus agréable qui pouvait être envisager. Si en plus, c'est pratiquement a capella en ouverture.. Le paroxysme est atteint au refrain. On pourrait croire que Ezra Koenig a laissé sa place au discours de Martin Luther King remixé. (Pour quiconque ne connait pas encore, n'hésiter pas à chercher la vidéo, mais après Contra.) Toutefois, le plus étrange est que le titre n'est pas mauvais du tout. L'orchestration qui arrive ensuite est plutôt de bonne facture, on se laisse même entraîner par une certaine hystérie après quelque écoute. Le titre est en fait bon. Efficace, propre, entraînant.
La suite revient, sans surprise sur la recette de leur album éponyme. Vampire Weekend continue sa recherche du mélange parfait entre les titres dépaysant et entraînants ou mélancoliques comme le sublime « Taxi Cab » qui s'impose en « mi-temps » de disque et pas de remplacements ne sont prévus avant la dernière demi-heure. « Run » réjouit par l'impulsion qu'elle donne et aurait eu sa place sur un premier effort déjà. « Cousins », le single auto-proclamé, est lui un véritable pendant de « A-Punk » grâce à la rapidité et simplicité du riff ainsi qu'une fin magistrale.
Mais Contra ne s'arrête pas à sept. Il reste un morceau de bravoure, un petit quart d'heure pour trois grandes chansons. Dès les premières secondes de « Giving Up The Gun », vaguement électroniques, on sent bien que la dimension n'est plus la même. Ce n'est plus le Vampire Weekend d'avant. Plus seulement. La guitare est nerveuse, le tempo est maîtrisé à la perfection. Avec un brio éclatant, voilà les new-yorkais qui donnent un grand coup dans la fourmilière et contemplent le résultat. « Diplomat's Son » se permet de faire appel à « Hussel » de M.I.A.. Mieux, lors des deux derniers petits ponts, on pourrait croire qu'on a appuyé sur la touche pause de Contra pour affronter rapidement Bowser dans Super Mario Bros !
Pour contraster, « I Think Ur A Contra » traîne en longueur -sans ennui- sa mélancolie, à l'instar de « Taxi Cab ». Ici, chaque mot, chaque instrument semble jouer de l'autre. Au milieu d'une tirade qui se finit sur un déchirant « Well, I don't know », Ezra Koenig évoque Complete Control des Clash ; tandis que les percussions, presque absentes, ne se font vraiment entendre que pour un court final.
Trois titres suffisent ainsi à changer le statut Contra d'indispensable à inattendu. D'excellent à génial. D'autant plus qu'ils possèdent un avantage non-négligeable : un sentiment de frustration à la fin qui donne envie de relancer la machine, encore et encore. Jusqu'à en faire l'album de l'année 2010. Probablement. Ou alors le coup d'envoi d'une année qualitativement incroyable. Parce qu'il va falloir aller les chercher maintenant.
.:Tracklist:.
01. Horchata
02. White Sky
03. Holiday
04. California English
05. Taxi Cab
06. Run
07. Cousins
08. Giving Up The Gun
09. Diplomat's Son
10. I Think Ur A Contra