Activiste avant-gardiste d’un black-metal dépourvu des clichés du genre, Code avait su intégrer la caste très fermée des musiciens aussi énigmatiques que passionnants suite à la parution d’un Nouveau Gloaming remarqué. Recrutée par l’obscure écurie Tabu Recordings, cette formation au line-up constamment en mouvement publie aujourd’hui un second effort remarquable en tous points. Nom de code : Resplendent Grotesque. En huit compositions de haute volée, le groupe livre un manifeste racé et incroyablement novateur.
Peut-on véritablement classer Code sous une étiquette strictement black-metal ? A travers ce nouvel opus, le quintet présente une telle volonté de déstructuration et d’exploration des univers qu’il s’affranchit véritablement de toute barrière permettant les classements par genres. Resplendent Grotesque appelle cependant à l’esprit de leur inspirations blacks des premières heures, tant l’album s’habille d’une ténébreuse et oppressante atmosphère. Elastiques, poisseux, parfois primaires et occultes, les riffs de guitares imposent le noir absolu au sein d’une palette colorimétrique par ailleurs limitée aux teintes les plus sombres (« Possession Is The Medicine », « Smother The Crone »). Plaies béantes et suintantes, les morceaux de Code amènent des motifs mélodiques souvent répétitifs, presque aliénants, supportés par une basse crasseuse et appuyée. Des horizons cauchemardesques aux étendues presque décadentes, sombres horizons qui ne sacrifient pas pour autant toute variété d’écriture au profit d’assaults apocalyptiques continus. Car au delà des décharges haineuses menées par une batterie mécanique (l’introduction de « In The Privacy Of Your Own Bones), Code joue en effet des ambiances pour construire des ossatures inattendues et rythmiquement très complexes. Le groupe pose ainsi sur bandes des morceaux aux contours polymorphes, muant des décharges les plus primitives à des breaks nettement plus atmosphériques ou déjantés.
Bien qu’imposant techniquement, Code ne se perd cependant jamais dans des démonstrations de savoir-faire et parvient à lier toutes ses différents facettes avec une cohérence redoutable. Sans « effets de transitions », les musiciens marient mélodies soignées et sonorités claires avec les décharges d’électricité sale et écrasante. Les envolées et les cassures sont d’autant plus appréciables qu’elles sont véritablement mises en exergue par une production rendant honneur à la fantastique complexité d’écriture dont témoigne Resplendent Grotesque, notamment au niveau de l’impressionnante bipolarité du chant de Kvohst. Si ce dernier témoigne d’un timbre rugueux typiquement black sur les passades les plus violentes, le frontman change totalement de visage à l’occasion d’excursions dans des registres clairs aux enluminures résolument mélancoliques (l’excellent « I Hold You Light », « In The Privacy Of Your Own Bones », « A Sutra Of Wounds »). Très à l’aise dans les tonalités les plus stratosphériques, Kvohst confère à Resplendent Grotesque une sensibilité rare qui rompt de façon imprévisible avec la relative brutalité des mesures les plus blacks. Etrange, torturé et envoutant, le chant apporte à l’inventivité de la musique de Code un habillage vocal tout aussi expérimental et captivant.
Relativement difficile d’accès, Resplendent Grotesque dévoile ses différents visages au fur et à mesure des écoutes. C’est là tout le charme de la musique de Code, qui se pare des travers passionnants au fil de ses nombreux détours et cassures rythmiques. Bien que légèrement trop court, ce second opus est une œuvre d’art absolument immanquable.
.: Tracklist :.
01. Smother The Crones
02. In the Privacy Of Your Own Bones
03. The Rattle Of Black Teeth
04. Possession Is The Medicine
05. Jesus Fever
06. I Hold Your Light
07. A Sutra Of Wounds
08. The Ascendent Grotesque