Les Ramoneurs de menhirs + Talco – Peña Festayre (Paris) – 15 janvier 2016

Vendredi 15 janvier 2016, Los Locos proposait à Paris la première date de la tournée anniversaire des Ramoneurs de menhirs, fiers de fêter leurs 10 ans d’existence en compagnie des Italiens de Talco. Le rendez-vous était donc pris à la Peña Festayre.

La Peña Festayre donc, un lieu encore méconnu à Paris, à deux pas de la Villette, à la fois restaurant de type bar à tapas très espagnol et salle de spectacle. Les amateurs étaient cependant bien au rendez-vous et à 20h, chacun peinait à descendre les escaliers menant au caveau. On comprendra plus tard que la sécurité, plutôt mal organisée, n’a pas vraiment aidée à la fluidité de l’ensemble de la soirée.

Qu’importe, on entre donc alors que Talco est déjà sur scène et chauffe les quelques dizaines de chanceux ayant pu parvenir dans la salle. Le sextet ne ménage pas ses efforts, son style est brut et efficace. On retrouve sur chaque chanson un trompettiste et un saxophoniste plutôt survoltés, donnant un côté ska appréciable aux morceaux. Leur musique punk endiablée se confond dans la langue entre l’anglais, l’italien et l’espagnol. On en profite pour jeter un œil à ce terme obscur de « patchanka » que défend le combo, à la base issu du nom d’un album de la Mano Negra, devenu depuis un style à part entière. Mosh pit et pogos se succèdent. La foule, vêtue de ses plus beaux habits se scinde régulièrement et en émergent des slameurs fous. Les membres communiquent peu verbalement mais leur intention et leurs gestes parlent pour eux. La communion est belle et seule une durée excessive de leur set révélant des compos parfois similaires viendra égratigner la prestation de nos voisins transalpins aux quinze années d’existence.

Après une petite vingtaine de minutes marquant le changement de plateau, ponctué par quelques morceaux envoyées dans les enceintes, dont un passage de Metallica sympathique, retour dans le caveau pour les Ramoneurs de menhirs. Loran, fondateur apatride du groupe et ancien guitariste des Bérurier Noir s’empare du micro et lance les festivités, rappelant l’importance d’avoir juste à côté de la scène des enfants, « source d’espoir » de par leur présence dans ces concerts ! Le « barde » comme il aime à s’appeler agit en patron discret, laissant franchement tout le groupe embarquer dans ses gigues un public conquis, les mouvements agités en disant long sur l’adhésion de chacun. Malheureusement, le quatuor souffrira d’avaries techniques, heureusement vite réparées, mais ne se départira pas d’un son un peu brouillon, laissant la finesse de certaines chansons au placard. Qu’importe, bombarde et biniou surnageaient parmi les cris et la fureur, les Ramoneurs de menhirs reprenant leurs principaux hymnes issus de leurs trois albums, Marijanig par exemple faisant la part belle à la dépénalisation de la marijuana. Le traditionnel quart d’heure des Bérus avec des airs comme celui de Makhnovtchina ravivant également les souvenirs des plus vieux ou des plus attachés à la précédente carrière de Loran. Si le duo de sonneurs Éric Gorce et Richard Bévillon continue d’être présents, concerts après concerts, tout comme la boîte à rythme, éternelle marque de fabrique des Bérus et de Loran, on remarque la transition au chant avec l’arrivée de Gwenaël Kere, remplaçant depuis 2014 Maurice Jouanno. La voix est moins caractéristique, presque faible au début, mais le chanteur prendra de l’assurance au fil du concert, fort heureusement.

Une soirée énergique, vivante et résolument punk, c’est ce qu’ont pu nous offrir Los Locos et la Peña Festayre en compagnie des Ramoneurs de menhirs et de Talco, lançant ainsi la tournée des 10 ans du groupe dont les dates sont à retrouver sur leur site. Et comme le disait Loran, n’oublions pas enfin qu’ensemble « nous sommes toujours de la dynamite » (on parlera de la montée du FN plus tard, en se repassant La jeunesse emmerde le front national, en attendant c’est DJ set dans la salle).

Texte et photos : Ugo Schimizzi

http://www.ramoneursdemenhirs.fr/

http://www.talcoska.com/