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Boulevard des Airs : « Plus qu’engagé, on est surtout un groupe populaire »

Le chanteur de Boulevard des Airs, Sylvain Duthu, a répondu aux questions des journalistes juste après leur concert éclatant au festival Papillons de Nuit 2016. Au programme : les clés d’un gros succès fait maison, un point sur leurs influences variétoche/ska/electro/zouk (et encore !) et les méthodes de préparation au millimètre de ces 9 furieux de la scène.

Salut Sylvain, bravo pour le concert, c’était top ! Ça vous plait Papillons de Nuit ?
Ouais, c’était génial ! Chaque année on oublie ce que c’est que de jouer en festival, et là à Papillons de Nuit… On est en tournée depuis un an, et l’automne dernier on était dans des salles de 700, 1000 personnes… Ça n’a vraiment rien à voir. C’est une nouveauté pour nous cet été, c’est la première fois qu’on a autant de monde et surtout autant de monde qui chante et connait les paroles. On se rend compte que maintenant les gens nous connaissent et sont là pour nous, ça change considérablement la donne, il y a plus de plaisir.

Vous avez une vraie valeur ajoutée en live, vous vous préparez ?
On travaille le studio et la scène vraiment différemment. Le live on le travaille en résidence, on répète, on répète… Ensuite on entre en conditions de live avec les oreillettes, après on en refait une avec les lumières… Sur le précédent album, la mise en scène était faite par Christophe Mali de Tryo, là on fait tout tous seuls. On prépare la tournée intensivement pendant un mois, parce qu’on sait qu’une fois sur la route, on n’aura pas le temps de répéter. Et à chaque concert, on filme, et le lendemain on regarde, on prend des notes et on débriefe. Le moindre dépassement, le moindre truc de lumière raté… On est un peu chiants là-dessus !

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Et physiquement ?
Côté physique, il y en a qui sont très sportifs, chaque semaine ils sont à la salle de sport. Moi un peu moins… Mais on essaie de les suivre ; l’autre jour on était en Belgique et ils ont organisé une espèce de séance de torture, un truc affreux [rires] j’ai mis trois jours à m’en remettre. Mais c’est vrai que les concerts, c’est hyper physique, c’est important de se préparer et de ne pas faire n’importe quoi. Si t’as 5 concerts en 5 jours, tu peux pas te permettre de ne pas savoir comment ton corps va réagir. Du coup on fait attention à ce qu’on mange aussi !

Vous avez une vraie présence en live, du coup on attend de voir un DVD… C’est prévu ?
Je vais être honnête, on nous le demande vraiment tout le temps mais on se trouve pas assez bons pour ça. On est contents de ce qu’on fait ! Mais comme on se dit qu’on peut encore s’améliorer, à chaque fois ça repousse l’échéance. Peut-être dans quelques temps, j’espère !

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Les cuivres étaient très présents sur Paris-Buenos Aires. On sent que ça change sur Bruxelles, pourquoi ?
Le premier album était hyper spontané, on n’a même pas réfléchi à ce qu’on faisait. On pensait même pas en faire un album en fait. On s’était beaucoup inspiré de choses qu’on écoute moins aujourd’hui. C’était des sons que j’écoutais pas trop pour ma part, je suis davantage chanson française et electro, du plus pointu au plus commercial… Le nouveau pianiste aime aussi et je pense qu’entre ça et les quelques départs et arrivées qu’on a eu, on s’est trouvé un son qui est légèrement différent mais qui nous correspond mieux, à tous. On ne renie pas du tout ce qu’on a fait avant, mais c’est intéressant de voir ça évoluer.

Vous avez des influences world music, ça vous vient d’où ?
De plusieurs personnes, ce que je peux te dire de ma part c’est que mes parents voyageaient beaucoup en Afrique et dans les îles, ils ramenaient des CDs de zouk… Mais pas des trucs bien, des trucs imbuvables [rires]. Mais à l’époque j’adorais ! J’en ai beaucoup écouté, ça m’influence encore je crois. Mon dernier concert c’était Zoufris Maracas et ça j’adore.

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Pourquoi avoir appelé votre album Bruxelles ?
Bruxelles c’était un vieux texte que j’avais écrit il y a cinq, six ans… On l’a sélectionné pour l’album parmi d’autres, c’est une chanson qu’on aime vraiment bien. Ensuite justement, quand on est allés faire le mixage de l’album, on était à Bruxelles. Quand on était en studio et que le mec devait entrer un nom pour le fichier, il nous a demandé ce qu’il fallait mettre… Et nous on savait pas [rires] ! Et puis avec Flo on s’est dit bon, on va l’appeler Bruxelles !

La presse dit que c’est « l’album de la maturité »…
[rires] Ils disent toujours ça ! C’est toujours « l’album de la maturité », « de la consécration », « celui à ne pas rater »… Ce que je peux te dire c’est qu’effectivement, je suis plus vieux maintenant que je l’ai jamais été, alors si ça veut dire être mature… [rires] Et c’est pareil pour tous les membres. Non mais plus sérieusement, c’est sûr qu’on est plus carrés qu’au début quand on a écrit Paris-Buenos Aires. On a peut-être plus de maturité dans le son. Comme on fait les enregistrements nous-mêmes chez moi à Tarbes, on a acquis pas mal d’expérience. On glisse doucement de la batterie organique à des samples et quelques sonorités electro, parce que maintenant on sait comment faire. Donc quelque part c’est vrai en fait, je me fous de leur gueule mais c’est vrai [rires].

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Vous avez un statut entre chanson engagée et radio pop… Comme on vit cette dichotomie entre ces deux mondes ?
Il y a quelques paroles engagées, mais on n’a jamais voulu faire de Boulevard des Airs un groupe politique. On est vraiment hyper différents dans le groupe. Quand j’écris un texte, je peux pas me permettre de parler à la place d’un autre membre qui ne va pas forcément penser la même chose. On s’appuie surtout sur des valeurs humanistes ; pour moi ce que tu appelles paroles engagées, c’est surtout une conscience du monde qui t’entoure. Si quand tu en parles le public s’y reconnait, c’est tant mieux. De mon côté je viens vraiment de la variétoche, Patrick Bruel, Cabrel, Souchon… Et des trucs moins bien ! J’ai beaucoup d’influences comme ça et j’assume totalement.

C’est vrai que par exemple, le premier single qui est passé à la radio, Cielo Ciego, est engagé contre les religions. C’est là qu’on s’est rendu compte que chacun voyait midi à sa porte en nous écoutant. Il y en a qui vont passer cette chanson (qui est hyper triste) à leur mariage, et ça leur va très bien. Donc tu as une partie du public qui veut danser et qui s’en fout des paroles, tant mieux, et une autre qui est très attentive et va aimer le texte au même titre que la musique. On le voit même quand on est sur scène : dans la fosse il y a une variété dingue de personnes, de tous les âges, de toutes les conditions sociales. Quand on va les voir à la fin des concerts, on se rend compte qu’il y a plein de gens venus danser, mais qu’il y a aussi plein de profs par exemple. Il y a toujours plein de profs [rires] ! On aime bien être en grand écart sur ces deux types de mondes, c’est ce qui nous différencie des autres je pense. Plus qu’engagés, on est surtout un groupe populaire.

Vous êtes 9, aujourd’hui vous êtes plutôt potes ou collègues ? Vous arrivez à trouver des terrains d’entente ?
Pour la plupart on était au lycée ensemble ! C’est vrai que c’est particulier, pour une majorité on est amis avant tout… mais aussi collègues de travail, c’est un mélange. Mais d’abord une bande de potes. Quand on rentre à Tarbes, il n’y a pas de réelle coupure, on se voit même si on bosse pas. Mais c’est quand on n’est pas d’accord entre nous que c’est intéressant. Comme on a tous des formations très différentes, jazz, classique, tout se mélange… C’est peut-être aussi pour ça que le public s’y retrouve, il y en a pour tout le monde.

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Votre collaboration avec L.E.J., ça s’est passé comment ? Vous en prévoyez d’autres ?
Quelques mois avant qu’elles ne soient connues, Flo [le guitariste, NdlR] les avait repérées sur internet ; il nous a montré leurs vidéos et nous a dit qu’il aimerait bien leur proposer la première partie d’un de nos concerts à Tarbes. On a trouvé ça cool, on lui a dit « pas de souci »… Et six mois plus tard elles remplissaient six Olympia alors qu’aujourd’hui, nous, on a pas encore rempli le nôtre… [rires] On s’invite mutuellement sur nos tournées assez régulièrement. Pour de futures autres collaborations, on prévoit pas vraiment ; c’est comme avec Zaz ou Ska-P, ça se fait au hasard des rencontres et du feeling. On aime pas tous les mêmes choses, il faut trouver la personne qui va faire l’unanimité et c’est pas toujours évident.

Mélissa est arrivée dans l’équipe il y a quelques mois ; ça fait quoi d’avoir une fille parmi 8 garçons ?
Bah, la même chose que d’avoir un garçon ? [rires] Fille ou garçon ça change pas grand-chose. Une personne qui arrive dans un microcosme par contre c’est toujours intéressant. Mel a apporté un sacré souffle, humainement. Elle est incroyable, surtout en tournée, on est là agglutinés à 15 et elle reste géniale. Musicalement aussi ; c’est encore une fois Flo qui l’a dénichée, il l’a rencontrée sur un spectacle de flamenco. On lui a proposé un featuring, et puis ça marchait tellement bien qu’on l’a gardée. De toute façon ça se passe forcément bien avec les membres du groupe. C’est simple, si ça se passe pas bien, la personne n’est plus dans le groupe. C’est avant tout un truc humain, si on a le meilleur musicien du monde mais que le courant passe pas, ça sert à rien et on arrête.

Vous communiquez vous-mêmes sur les réseaux sociaux ?
On fait toujours tout tous seuls ! On y tient vraiment, Instagram, Facebook, Twitter, tout, je me suis mis à tout. J’étais même sur Snapchat hier soir, j’ai mis une photo, je suis content [rires]. C’est du temps, mais c’est important pour nous cette proximité-là, savoir si ça a plu après les concerts, se corriger s’il y a besoin. Et puis ça nous fait plaisir de parler directement au public. Si vous écrivez à la boite mail du groupe ou sur un réseau social, c’est Jean-Noël ou moi qui répondrons. On se coordonne !

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En ce moment tu écoutes quoi ? Tes derniers concerts à part Zoufris Maracas ?
L’impératrice. J’aime beaucoup. Fishback aussi. Mes chouchous éternels, Yann Fersen, Vincent Delerm, Mathieu Boogaerts… Et puis Vianney, c’est un pote à moi ! Par contre pour les concerts, j’ai plus le temps d’y aller et ça me fait chier. Du coup la question c’est plutôt : c’est quoi la dernière place de concert que tu as acheté ? Je les achète et je les revends parce que je peux pas y aller [rires]. Et du coup… Modeselektor à l’Olympia, c’est de l’électro, c’est assez énorme… et Hugo TSR, un rappeur. C’est les deux places que je viens de revendre.

Beatles ou Rolling Stones ?
C’est une bonne question… Je suis nul en pop anglaise, mais nul ! Je suis tellement à fond chanson française que j’écoute rien d’anglophone à part Damien Rice et Arcade Fire. Les Beatles et les Rolling Stones, mon gars, mais je connais rien du tout [rires] Manu, le trompettiste, me tuerait parce que lui il te cite les concerts et les dates et les périodes… Je dirais les Beatles quand même. Mais me demande pas ma chanson préférée je suis pas foutu d’en citer une !

Qu’est ce que ça représente la musique pour toi ?
Une manière de s’exprimer, un exutoire. Quand t’accumules plein de trucs, ça ressort de manières différentes, il y en a qui vont rouler des bagnoles de sport, il y en a qui vont faire du kung fu, il y en a de la peinture, il y en a de la musique, et moi et le groupe c’est plutôt par la musique que ça sort.

Propos recueillis par Marine Pellarin et Ugo Schimizzi
Retranscription : Marine Pellarin
Photos : Ugo Schimizzi
Merci à Raju de RadioVL

Boulevard des Airs
Les prochaines dates de leur tournée Bruxelles
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Twitter : @boulevardesairs
Facebook : Boulevard des Airs BDA

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1 commentaire

Papillons de Nuit 2016 #3 : Goodbye Polnareff – MARINE PELLARIN 6 juin 2017 at 14 h 05 min

[…] Et quitte à démonter cette logique du dimanche après-midi ennuyeux, allons-y franchement : c’est Boulevard des Airs qui enchaîne la suite. Quiconque a déjà entendu Cielo Ciego ou Bruxelles à la radio finit par la marmonner en boucle jusqu’à en devenir chèvre, phénomène qui laisse rarement place à de bonnes dispositions envers le groupe responsable. Adulés par le public et une grande partie de la presse, on attendait des petits génies une vraie prestation et pas juste un tube radio recraché sans âme. Et c’est un strike : les titres sont envoyés dans la foule comme des boulets de canon, le groupe saute dans tous les sens et une folie festive s’empare de tout le monde (j’avoue tout : j’ai craqué). L’improbable mélange entre samples clubbing, nouvelle chanson française, rock et même un peu de ska et de zouk est terriblement efficace. Impossible de classer Boulevard des Airs, qui est probablement un symptôme fort de la musique actuelle : ce genre de cuisine délirante dynamite les cases, et c’est pas plus mal. À la sortie du concert, on a pris un moment pour causer musique avec le chanteur, Sylvain Duthu : voir l’interview. […]

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