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Interview : Mark Lanegan

L’ancien chanteur des Screaming Trees, Mark Lanegan, s’est fermement établi comme un courant post- grunge avec des chansons mélancoliques tachetées d’abus de drogues, de rédemption et surtout d’humour noir. Souvent comparé à une nouvelle sorte de Johnny Cash moderne, Mark Lanegan chante avec une voix profonde, reconnaissable entre mille et ravagée sensuellement par la nicotine.

Mark Lanegan s’est désormais taillé une forte réputation en son nom propre ou ici avec son band, même s’il ne nie pas son ancienne renommée avec les Screaming Trees. En tant que chanteur et auteur-compositeur très influencé par le blues, sa sensibilité poétique se balade aussi parfois dans le hard rock ou même l’électro. Ayant collaboré avec le regretté Kurt Cobain, Josh Homme, PJ Harvey et Greg Dulli dans le passé, Mark Lanegan est toujours resté totalement indépendant d’esprit tout au long de sa carrière, que cela soit en solo ou en tant que collaborateur en série. Il nous le prouve ici dans son entretien et il le prouvera aussi sur la scène de l’Atelier le 1er septembre 2015 à Luxembourg-Ville (Hollerich).

Bonjour! Vous venez nous présenter votre dernier album appelé « Phantom Radio » au Luxembourg en septembre. D’où vient ce titre très énigmatique ?

Bonjour Nathalie ! Quand j’ai commencé à composer des chansons pour l’album, j’ai d’abord composé certains morceaux qui représentaient une entité à mes yeux. Je les aimais beaucoup mais je trouvais qu’ils ne correspondaient pas à ce que je voulais pour mon album, Finalement j’ai fini par les sortir avec l’album sous la forme d’un EP supplémentaire ajouté à l’album. Le titre « Phantom Radio » est sur les paroles de l’un des morceaux de l’EP. Il définit l’atmosphère de l’ensemble formé par l’EP et l’album.

Pourquoi ce choix de l’EP ?

J’aimais bien ces morceaux et je ne voulais pas les jeter à la poubelle ou les laisser dans un placard. Je me suis dit que le format de l’EP était idéal. Ça me rappelle un peu les faces B des vinyles en fait. Souvent elles sont plus intéressantes que les faces A. Plus bizarres et moins consensuelles.

Sur cet album il y a des styles de musiques très éclectiques : entre l’électro et le blues. Cela représente ce que vous écoutiez lorsque vous l’avez composé ?

Absolument. J’écoute pas mal de choses. « Phantom Radio » couvre un peu tous les styles que j’affectionne.

Comment êtes-vous lorsque vous composez ? Est-ce un processus plutôt spontané ou très perfectionniste ?

Quand j’étais plus jeune, j’étais très pointilleux. A un point où j’ai même mis 4 ans pour finir un de mes précédents albums. Je n’étais jamais satisfait du résultat. Aujourd’hui je compose même lors de l’enregistrement. C’est plus fun et nettement plus spontané comme approche. En règle générale, j’essaie de ne pas jeter une chanson en cours d’écriture. Je travaille tellement dessus jusqu’à ce qu’elle finisse par me plaire, même si elle sort un peu du concept-même de l’album.

Pouvez-vous me dire ce que représente la couverture de l’album pour vous ?

Puisque le titre était « Phantom Radio », je voulais quelque chose de fantomatique. Une image qui fait peur mais pas trop en même temps. J’aime bien cette couverture, elle rappelle les images classiques de Pietà mélangées au folklore mexicain lié à la mort. C’était un peu pour dire : « Je ne suis pas mort, vous voyez ! ».

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Vous avez eu pas mal de soucis liés à votre addiction à l’alcool. Pensez-vous avoir frôlé la mort ?

Je pense que j’ai arrêté à temps, oui. J’ai eu une période où j’avais besoin de m’alcooliser avant de monter sur scène mais aussi en dehors de la scène. Je ne sais pas… La vie était trop dure pour moi et l’alcool m’aidait à mieux la supporter. Par contre il y a des périodes de ma vie et surtout un bon nombre de concerts donc je ne me souviens pas du tout malheureusement. En fait, cela n’a jamais été dans ma nature d’être au centre de l’attention et encore moins sur scène. Aujourd’hui je me suis fait à l’idée et j’ai réussi à arrêter de boire. Heureusement. Je pense que c’est Talib Kweli qui a dit : « La vie est un combat. La vie est belle. La vie est un beau combat. ». Je suis assez d’accord avec cette image.

Vous chantez toujours les yeux fermés sur scène. Est-ce lié à cette timidité ?

Quand j’étais plus jeune, je bougeais énormément sur scène. Aujourd’hui, j’ai besoin de toute de ma concentration pour vraiment habiter mes morceaux. C’est aussi pour cette raison que je n’interagis pas beaucoup avec le public. Je veux vraiment que mes morceaux soient les meilleurs possibles sur scène.

Vous avez eu des soucis avec votre voix pendant un moment. Cela s’est arrangé il me semble, non ?

Oui, je connais très bien ma voix entretemps. Je suis un autodidacte et j’ai appris sur le tas à comment gérer ma voix au mieux. J’ai toujours écrit pour les autres et parfois les gens écrivaient pour moi aussi, mais ce n’était pas forcément dans ma tessiture de voix ou dans ma tonalité. Avant la question ne se posait pas et je forçais énormément sur mes cordes vocales pour arriver au résultat voulu. Aujourd’hui je change de tonalité. C’est aussi simple que ça. Je ne suis pas un rapide concernant l’apprentissage, malheureusement, cela n’a jamais été le cas. Y a trente ans, je me revois en train de regarder les couvertures des vinyles et de lire tout ce qui était marqué dessus. Je me demandais à quoi servaient tous ces gens : la production, le mixage, l’ingénieur du son, le compositeur etc… C’est cette envie de comprendre qui m’a mené où je suis aujourd’hui. A faire ma musique moi-même et à en suivre tout le processus du début jusqu’à la fin.

A quoi peuvent s’attendre les gens qui vont venir vous voir au Luxembourg début septembre ?

Je vais jouer principalement des morceaux de mes derniers disques, car c’est ceux qui me procurent le plus de plaisir sur scène en ce moment. Il n’y aura pas trop de morceaux anciens.

Enfin, ma question rituelle : Beatles ou Rolling Stones? Et pourquoi?

Je ne choisis aucun des deux. Je vais prendre les Beach Boys. Ils regroupent les qualités des deux : de bonnes mélodies mélangées à une super interprétation.


Propos recueillis par : Nathalie Barbosa pour Vacarm.net

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