Après l'interview de Da hypnotik et d'Enhancer on enchaine directement avec Uncommonmenfrommars. Super interview avec des gars complètement cools et souriants ! Ca fait plaisir de parler quand le courant passe bien. Me voici donc avec Ed (qui porte le même prénom que moi !) et Big Jim. {multithumb thumb_width=400 thumb_height=300}
Cap'tain Planet : Un nouvel album annonce une nouvelle tournée, qu'y a-t-il de nouveau sur celle-ci ?
Ed : Ce qui est nouveau c'est qu'on joue des nouveaux morceaux ! Ca ne nous était pas arrivé depuis trois ans donc c'est bien surtout pour ceux qui nous ont vu 5 ou 6 fois. On joue un morceau où on échange tous d'instruments : Daff prend la basse, Jim à la guitare, Trint prend la guitare et chante et moi je suis à la batterie. Il y a des nouveaux trucs tous les soirs !
C : Appréhendez-vous de jouer certains titres sur scène ?
E : Lors des premiers concerts de la tournée mais plus maintenant. Quand tu n'as jamais joué un morceau sur scène c'est un peu bizarre mais après tu prends tes marques. On se rend compte qu'il y a des morceaux qui fonctionnent mieux que d'autres donc on sélectionne par la suite …
C : Vous avez été surpris des réactions du public sur certains titres ?
E : Non pas vraiment … enfin déjà on ne nous a pas craché dessus…
Big Jim : On ne nous a pas jeté des pièces d'or non plus ! (rires)
E : Tant qu'on ne nous crache pas dessus ça va ! Enfin bon, pour certaines personnes ça peut être un signe d'affection ! (rires). Y en a qui passe le concert à te faire des doigts et à la fin du concert il viennent te dire que c'était génial ! (rires)…ça prouve qu'il ne faut pas juger trop vite les réactions du public !
C : Vous avez beaucoup modifié la set list ?
B : Ouais, on a forcément mis pas mal de morceaux du nouvel album mais c'est à peu près moitié-moitié.
E : Le but c'est de faire un mix. On sait que le public a envie d'entendre certains morceaux donc on gère ça mais on essaye qu'il y ait autant d'anciens que de nouveaux morceaux. La set list devient plus cohérente lorsqu'on mélange les nouveaux et les vieux titres. Ca fait des changements d'ambiances.
C : Et le fait d'avoir deux albums, ça a allongé votre set list ?
E : Non car jouer deux heures ça serait chiant pour tout le monde … Le set ne dure pas plus d'une heure et si les gens en redemande on en joue quelques autres. Jouer trop longtemps c'est chiant !
C : Réussissez-vous à accorder une place pour des morceaux issus de « Kill the fuse » durant les concerts ?
E : Non on ne les joue pas en acoustique. Ca ne nous branche pas de trop … On a juste fait quelques minis concerts acoustiques mais ce ne sont pas des morceaux qu'on a envie d'intégrer dans le set pendant la tournée car ça nous couperai dans l'élan. On a envie de tout balancer en une heure, une heure et demie.
C : Pourquoi ce titre « Noise Pollution » ? C'est pourtant un bon album …
E : Je suis sûr que pour certaines personnes c'est de la pollution sonore, on nous le dit parfois en concert. En fait il y a pleins de raisons à ce titre : par exemple, par rapport à l'époque où l'on vit il faut réduire les excès de décibels dans les cafés concerts,etc … il faut tout stériliser .. le terme est large. Ca peut être un peu ce que l'on veut.
C : Pourquoi avoir choisi à nouveau Ryan Greene et pas un autre pour l'enregistrement de l'album ?
B : Ca s'était bien passé pour le premier enregistrement donc on a voulu retourner le voir…
C : C'était décidé dès le départ ?
B : Ouais, presque car je me rappelle qu'à la sortie de l'enregistrement du premier album on s'était dit qu'on ferait bien un deuxième enregistrement avec lui. En plus il a l'habitude de travailler sur plusieurs albums d'un même groupe. On y est retourné en sachant comment il bossait et on a été plus efficace.
E : On était devenus amis donc on avait envie de le revoir pour garder contact. C'était un plaisir de le revoir, de bosser ensemble. On avait pleins d'idées sur comment enregistrer ce disques. Ca semblait évident de retourner le voir …
C : Il vous a apporté quelque chose de particulier ?
E : Il nous a apporté de la rigueur, c'est quelqu'un d'ultra perfectionniste et il ne laissera pas passer un seul pet de mouche ! (rires). On s'est enregistré avec Ryan pour vraiment être au point et il n'aime pas chipoter et perdre du temps. Chacun doit savoir ce qu'il a à faire au bon moment et ça se passe bien.
C : Cet album est aussi plus posé et ainsi mieux construit, ça part un peu moins dans tous les sens, est-ce que ce genre d'effort n'a pas été trop compliqué à atteindre vu votre fougue habituelle ?
E : Non ça a été carrément plus simple que pour l'enregistrement du premier album. On a tout simplifié au niveau des prises. On a doublé un minimum de guitares, quasiment aucune en fait. On a tout enregistré quasiment comme on va le jouer en live. Ca a été un des avantages du disque qui va pouvoir s'écouter comme lorsqu'on va à un de nos concerts.
B : On a voulu aussi que ce qui soit enregistré soit faisable sur scène.
C : Vous avez au
ssi essayé de mettre en avant les chœurs ?
E : On essayé de mettre en valeur nos points forts. Ca c'est vraiment le truc de Ryan, nous on joue vachement sur les mélodies et lui a réussi à faire ressortir ça.
C : On entend souvent dire que vous ne passeriez pas pour ridicule face à des grands groupes américains… Envisagez-vous de vous exporter un peu plus avec « Noise Pollution » ?
E : Absolument. De toutes façons tous les groupes ont pour but de jouer le plus loin possible. On cherche des contacts à l'étranger, des labels motivés pour produire ou nous faire tourner. On a des contacts et on est en plein là-dedans. Par contre on ne veut pas tomber sur n'importe qui, on cherche quelqu'un de vraiment motivé. Que la structure soit petite ou grande, on s'en fout, on veut juste qu'il ne nous lâche pas et qu'il nous aide.
C : Pourquoi remettre deux titres qui étaient déjà présents sur « Kill the fuse » ?
B : « Kill the fuse » avait un concept : il représente l'intermédiaire entre deux périodes, il fallait donc réunir des anciens morceaux avec des morceaux qui paraîtront par la suite mais tout ça en acoustique. A cela on a ajouté une reprise que l'on jouait déjà. Pourquoi enregistrer tout ça en acoustique ? Tout est venu d'un trip, ce sont juste des morceaux qu'on jouait régulièrement à l'acoustique et qu'on avait envie de mettre en boite.
E : Le but de « Kill the Fuse » était de montrer les morceaux avant d'ajouter l'électrique, les arrangements, la batterie et tout … Il fallait présenter les titres crus, juste après la phase de composition.
C : Et pour les deux morceaux de « Noise Pollution » qui sont présents sur « Kill the fuse », vous avez fait des arrangements où vous avez juste branché la disto ?
E : A partir du moment où tu branches la disto, tu as pleins d'autres idées qui t'arrivent en tête : tu joues un peu plus vite, tu as envie de mettre en place des arrangements, etc… Il y a plus d'énergie donc ça offre de nouvelles opportunités au niveau des guitares.
C : Avez-vous envie de renouveler l'expérience de « Kill the fuse » un peu comme les Burning heads qui multiplient les concept albums et les splits ?
E : Tu veux qu'on fasse un disque de Hip Hop ? de Pip pop ? (rires).
B : On aime bien ce concept de maxi entre deux albums. On pourrait sortir ça à chaque fois en enregistrant des délires, etc…
E : C'est pas exclu de le faire… « Kill the fuse » a engendré des réactions hyper opposées. Certains ont adorés, d'autres ont détesté et certains ne s'y sont même pas intéressés car ils n'en avaient rien à foutre … Certains ont criés au scandale, d'autres au génie …Le fait que ça ait divisé tout le monde, je crois que c'est ce qui nous a vraiment plu et ça pourrait nous pousser à renouveller l'expérience.
C : N'envisagez vous pas de chanter un jour en français ?
E : Rien n'est exclu, on n'a pas de barrière artistique ni de pression. On ira là où le vent nous portera … (rires)
C : Avez-vous des thèmes qui vous tiennent à cœur ?
B : Bah là tout de suite maintenant, je boirais bien une bière ! (rires).
E : Les thèmes tournent surtout autour de nos vies, de nos expériences. Sur « Noise Pollution », on retrouve ce qui s'est passé pour nous durant ces trois dernières années : il y a les frustrations, les problèmes d'amitiés, les relations humaines, … ce sont surtout des choses assez concrètes. Ce sont surtout des histoires de relations avec des gens.
C : Vous ne laissez pas trop de place à l'imaginaire ?
E : Si un peu tout de même. Je pense qu'on le fera de plus en plus. Surtout quand on n'aura plus rien à raconter ! (rires).
B : On n'est pas très politisés, non pas parce qu'on n'a pas d'avis sur la chose mais parce qu'on ne veut pas débattre de ça sur scène.
E : On peut trouver un côté politique à certains morceaux mais ce n'est pas fait dans ce but là. C'est caché et ça peut amener à réfléchir parfois.
C : J'ai pu m'apercevoir que vous aviez une culture musicale bien plus étendue que celle du simple punk californien, pourquoi ne pas ajouter une touche plus old school (The Clash etc…) à votre musique ?
E : Ca c'est mon rôle ! Et je m'y tiens !!! On a tous un peu notre truc dans le groupe pour la composition : Trint va apporter plutôt des sons pop-punk (« Pizzaman », « You can be evil »), Jim va amener un peu de technicité dans les morceaux il n'aime pas quand c'est trop simple, il apporte des arrangements. Moi j'aime plutôt quand ça bourrine à l'ancienne.
B : On cherche à trouver le juste milieu. On chope un peu des idées de chacun pour donner quelque chose qui nous représente tous au final.
C : Et Daff ?
E : Daff faut juste qu'il trouve son roulement. Tant qu'il l'a pas il va continuer à nous faire chier … mais dès qu'il l'aura c'est bon, il adorera le morceau !
C : N'avez-vous pas envie de développer un peu plus votre teinte française de composition ?
B : Je ne sais pas si on pourra exploiter cela car si on le fait ça sera sans vraiment s'en rendre compte. Comme tout le monde on a nos influences, on écoute pas mal de groupes fran&cc
edil;ais et indirectement ça se ressent.
E : Il y a aussi le fait d'avoir les mêmes influences que d'autres groupes comme Seven Hate, Second Rate, etc… qui fait qu'on se rejoint dans un certain sens.
C : Quels sont vos références à chacun d'entre vous ?
E : C'est difficile car on écoute vraiment des trucs différents : les Ramones, Minor threat, Dead Kennedys, la scène émo, At the drive in, Hot water music … Big Jim écoute des trucs qu'on écoute pas trop dans le reste du groupe, des trucs un peu chelous …
B : Lorie ! (rires)
E : Des trucs comme interpol, les Cure … ça apporte des idées nouvelles qu'on aurait peut-être pas nous autres.
C : Qu'est ce que vous pensez en ce moment de la scène française ?
E : Il y a pleins de supers groupes et pleins de groupes en préparation d'albums. Les burning heads sont toujours là, il y a des groupes un peu partout et le niveau a augmenté. Y a le nouveau groupe d'une partie des Second rate aussi : Lost Cowboys Heroes. La dernière claque que je me suis pris en concert c'était les Headcases…
C : Sinon vous allez sortir un dvd live, quelle importance y avez-vous attaché ?
E : On a essayé de ne pas y attacher trop d'importance comme si ça serait LE live MYTHIQUE, c'est juste un concert de la tournée que n'importe qui aurait pu voir. Il y a toutes les qualités et les défauts qu'il peut y avoir en live. On ne réenregistre rien. C'est juste fait pour donner une idée de ce qu'on donne en live.
C : Vous n'avez même pas eu un rang de groupies ?
E : Non par contre vu qu'on jouait loin de chez nous, on s'est démerdé pour qu'il y ait un bus qui aille jusqu'à Ris Orangis. Il y a une cinquantaine de Lyonnais qui ont pu venir pour foutre le bordel !
C : Pourquoi avoir choisir ce lieu ?
B : Pour le côté technique : ils avaient le matériel et l'infrastructure (car on ne peut pas enregistrer ce genre de choses n'importe où) et en plus de ça ils avaient déjà fait de genre d'enregistrement. C'était pratique, on avait déjà joué dans cette salle plusieurs fois et le son y est bon. C'est un endroit où on se sentait à l'aise.
C : Ca fait quoi de savoir que Fat Mike vous citait immédiatement lorsqu'on lui demande s'il connaît des groupes de punk français ?
E : On a discuté pleins de fois avec lui donc il sait qu'on existe. On lui avait envoyé l'album « Vote for me » donc il l'a dans sa discothèque, ça prouve peut-être qu'il l'a écouté. En plus il enregistre aussi avec Ryan Greene donc peut-être que celui-ci lui en parle. Ce n'est pas quelque chose d'incroyable qu'il nous cite vu qu'on est allé enregistrer au studio qui lui appartient.
C : Que penses-tu de l'engagement politique de NoFX ?
E : C'est bien, ça donne un petit coup de fouet à la scène américaine comme dans les années 80 où tous les groupes faisaient un morceau contre Reagan. D'autant plus, No Fx n'a jamais été un groupe engagé politiquement. C'est cool qu'il fassent un peu de bordel contre Bush…
C : Peux-tu m'expliquer vos pseudonymes ?
E : C'est un délire et c'est un peu une façon de rappeler des groupes que l'on aime bien. On ne porterait pas comme pseudo des noms de groupes que l'on n'aime pas ! Même pour Def Leppard, on a écouté Def Leppard et on l'assume ! (rires)
B : Ce sont des jeux de mots que l'on apprécie.
C : Quelle est la chose la plus surprenante qui vous soit arrivée en tournée ?
E : Ca me surprend toujours que je puisse finir le concert à poil. Et c'est toujours surprenant que des personnes fassent de même et se foutent à côté de moi … je les sens presque, c'est assez bizarre parfois (rires). Sinon des choses surprenantes, il en arrive tout le temps. Tous les soirs il se passe quelque chose de nouveau…
C : Uncommonmenfrommars ça rime avec quoi ?
E : Euh …. Un camembert fromage ?
C : Ca fait quoi de faire partie d'un groupe qui a dans son nom autant de ‘o' que de ‘n' ?
E : C'est bien car ça rétablit la balance entre les consonnes et les voyelles ! En plus un nom avec trop de voyelles, c'est pas bien…(rires)
C : Quel temps fait-il sur Mars en ce moment ?
E : Je ne sais pas ça fait longtemps que je n'y suis pas allé … (rires). En sortant de scène, après quelques litres de bière, j'ai tendance à me retrouver sur Mars … J'y retournerai peut-être tout à l'heure ! (rires).
C : Vous avez rêvé de quoi la nuit dernière ?
E : J'ai rêvé d'une femme que je ne connais pas !
B (super convaincant) : Je crois que j'ai rêvé de cul moi aussi … (rires).
C : La dernière question, stupide de surcroît mais que je pose à chaque artiste que j'interviewe (l'humour est conseillé !) : Préfèreriez-vous que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s'évanouissent en vous voyant ?
E : Les deux ça serait mortel !
Grand merci à Uncommonmenfrommars, à l'organisation du festival Art Sonic et au barman de la buvette !