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Interview de Villa Fantôme (Pierre Lebas)

A l’occasion de la sortie du premier album de Villa Fantôme, nous avons eu l’opportunité de poser quelques questions à Pierre Lebas (La Ruda Salska, Tigreville…). Ce fut l’occasion de prendre des nouvelles de La Ruda, de mieux comprendre ce qui l’a poussé, avec son pote Manu, à se lancer dans ce nouveau projet, et de décrypter en quoi Villa Fantôme se distingue de la Ruda…

Petite dose de rappel pour nos lecteurs en préambule. Manu et Pierrot, on vous connait respectivement en tant que batteur et chanteur de La Ruda ; le groupe est en hiatus depuis 2019. Quel a été votre parcours ces dernières années ?

Depuis la tournée de La Ruda à l’été 2019, qui a été un très grand moment pour nous, l’envie de retrouver un présent s’est imposée, c’est à dire inventer un groupe qui nous permette de revivre l’émotion, l’enthousiasme de la scène. La Ruda n’étant plus active, nous avons donc créer Villa Fantôme. Nous avons tous deux avec Manu des boulots qui nous occupent pleinement, lui en tant que “tourneur” moi avec les jeunes des quartiers, mais faire de la musique ensemble nous manquait. Manu a parallèlement évolué dans un autre groupe “ La Rancoeur” et pour ma part j’ai tourné comme j’ai pu mon album “Tigreville”.

Vous avez profité de ces années de pandémie pour faire éclore votre nouveau projet, Villa Fantôme. Ça fait quoi de repartir de zéro / de remettre tout à plat en cette période qui a privilégié l’introspection ?

C’est le plaisir de retrouver nos 20 ans comme à l’époque où nous avons créé La Ruda. Nous nous connaissons depuis le lycée et on se complète sur le plan musical. C’est l’envie de relancer les dés, de parler musique, de penser musique, d’oser la chute… Est-ce qu’on était encore capables de sortir un projet intéressant qui ne soit pas qu’une pâle copie ? C’était la question, une putain de bonne question… Après deux premiers morceaux manqués, le troisième nous a convaincus qu’on pouvait insister…

Villa Fantôme est aussi le fruit de rencontres, certains sont des musiciens aguerris. Qui d’autre vous accompagne au sein de cette nouvelle formation ? Comment s’est construite votre collaboration ?

L’idée était de penser ce projet à deux pour en maîtriser l’artistique et la temporalité et ne pas emmerder les gens tant qu’on n’était pas certains d’avoir le bon équilibre. Il a fallu ensuite trouver les personnes qui acceptent de mettre tout ça en place avec nous. Nous avons cherché autour de nous des gens motivés, prêts à jouer le jeu sans garantie de voir le projet aboutir. Par leur talent Jo, Julien, Jean et Léo ont su mettre en lumière l’ensemble. Ils sont tous d’excellents musiciens, ce qui nous permet d’aller très vite quand on propose un morceau. Cependant les membres peuvent varier en fonction des disponibilités de chacun. En cela, Villa Fantôme n’est pas un groupe tel qu’on pouvait le concevoir avec La Ruda. Notre idée bien évidemment est de conserver autant que possible la même équipe.

La frontière est parfois assez ténue entre La Ruda et Villa Fantôme, et pourtant ce sont deux projets bien différents. On sent que vous souhaitiez évoluer, ne pas produire deux fois la même chose. Comment expliquez-vous la différence entre les deux projets ? Qu’est-ce qui a guidé vos choix ? Quelles limites vous êtes-vous fixées ?

La Ruda restera le grand projet, mais c’est aujourd’hui derrière nous. Notre intention a été de repartir sur la base de ce qui tournait sur nos platines quand on avait 16 ans comme les Specials, Madness, Police, Clash, Cure et j’en passe… Rien de très original, mais ce sont nos écoutes et notre savoir-faire. Villa Fantôme n’invente rien, mais tente de trouver un chemin en français dans le texte, ce qui constitue déjà un vrai pari. On savait qu’en composant tous les deux comme avec La Ruda son cousinage serait évident… Le tronc commun est le même, mais nous essayons de rester sur l’autre branche de l’arbre en ralentissant les tempos, les débits de chant… Nous nous sommes imposé un cahier des charges comme pour exemples remplacer la ligne de cuivres par un clavier et s’interdire le côté “Latino” pour un son plus anglais, plus froid.

Villa Fantôme est une référence à « Ghost Town » des Specials, ce n’est pas anodin, car vos morceaux se construisent autour d’un son plus « british ». Avec Villa Fantôme, on est plus proche de Madness et des Specials, que de la Mano Negra et des sonorités latinos et jamaïcaines. Justement, comment arrivez-vous à ce résultat ?

“Ghost Town” est un morceau de première classe dont nous recherchons l’esthétique. Choisir ce morceau comme première référence nous a guidés dans la composition. C’était un axe que l’on n’avait pas franchement exploité auparavant. On part de là et ensuite on tire sur le fil en variant les effets. L’idée était également d’avoir un côté cinématographique avec de nombreuses références au genre. On veut jouer à s’y voir, que tout cela ait de la gueule, du panache d’où la trompette qui “western” et les guitares qui dégainent…. Pour une oreille un peu lointaine Villa c’est encore La Ruda, mais pour qui connait bien son ska, son punk et son rock c’est, nous le pensons différent. Nous essayons de plus de canaliser l’énergie sans chercher à la décupler comme avec la Ruda.

Le clavier apporte beaucoup à ce nouveau projet, tantôt des ambiances plus sombres, tantôt des ambiances presque new wave… C’était vraiment nouveau / différent pour vous de travailler avec cet instrument ?

C’est pour nous une clef. Cela nous oblige à penser différemment et nous autorise à aller vers Cure par exemple, toutes proportions gardées. Ce son est aussi celui de notre jeunesse et c’est pour nous un vrai défi d’y piquer. Cependant en français dans le texte les morceaux se nivèlent, car la langue de Molière impose toujours un climat particulier et “casse-gueule”. Mais si on trouve un équilibre entre le sens et la sonorité des mots, ce qui est au départ un désavantage devient un atout, car cela impose de fait une singularité.

Côté textes, Pierrot, on retrouve cette mélancolie qui t’est propre ainsi qu’une narration très cinématographique, à l’instar du single « Sentimentale n’est pas la foule » et son ambiance de polar. Quels thèmes as-tu voulu explorer avec ce premier album ? C’est important pour toi d’avoir des « personnages forts » dans tes textes pour raconter une histoire plutôt que de partager quelque chose de plus introspectif et métaphorique ?

Après mon album Tigreville en 2017, très introspectif et métaphorique sur ce plan, j’ai eu envie de varier le tir, d’être plus direct, plus ludique. J’en avais marre de ces ficelles… Je voulais essayer de simplifier l’écriture, d’être sur le son et l’image, de limiter les mots, de raconter des histoires… Cependant c’est techniquement plus complexe alors on s’appuie sur des idées communes comme le cinéma ou des clins d’oeil à certains artistes comme Bashung notamment… Ce premier album est une somme de références et l’idée est de jouer avec. Je m’attache également à avoir une formule clef dans chaque titre pour ensuite construire autour. J’avais besoin de retrouver la fraicheur et la naïveté d’un “Prix du Silence” par exemple.

Vous accordez beaucoup d’importance à la scène, on vous a vu jouer partout en France, vous avez donné plus de mille concerts avec La Ruda. Est-ce que vous espérez donner autant de concerts ou souhaitez-vous être plus rationnels pour vous « économiser » de cette vie parfois difficile en tournée ?

Nous sommes dans l’idée de jouer régulièrement, mais la musique n’est plus, concernant Manu et moi, notre seul métier. Il serait de plus prétentieux aujourd’hui de penser que Villa Fantôme puisse s’imaginer en “tournée”. Nous sommes au début de l’histoire et l’équilibre reste fragile. Cela ne nous empêche pas d’être ambitieux. C’est pour nous la meilleure façon de prendre du plaisir. On y croit comme des gosses et c’est justement ce que l’on cherche…

Vos concerts ont débuté au printemps, avec notamment une date au Chabada, « à la maison ». Appréhendiez-vous cette date ? Quels sont les premiers retours du public ?

La salle était pleine. C’était un beau moment et on l’attendait avec impatience, mais c’était la petite salle, pas la grande qu’on a remplie 20 fois… Il faut encore convaincre. Bien commencer au Chabada était important, mais pour exister il nous faut encore 50 dates… On ne demande qu’à les faire !

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