Pourquoi avoir choisi un an après la sortie de ‘Eau' de sortir un album entièrement composé de remix ?
Did0u : C'est à l'occasion de la réédition de « Biotop » (notre premier album paru en 2003) et d' « Emotion Numérique » (notre démo paru en 2000), qui se trouvent être très demandés depuis la sortie de « Eau », que nous avons réfléchi à proposer davantage. De là est né le projet « Réactivation Numérique » qui fait référence au passé mais qui se tourne aussi vers l'avenir avec des remixes voire des ré-interprétations. Notre idée était de proposer un double digipack pour le prix d'un album avec des anciens titres et des versions revisitées tournées vers le futur. Ces remixes nous influencerons certainement pour la suite de notre discographie.
Comment avez-vous choisi les artistes présents sur cet album ?
Ce sont des groupes amis que l'on apprécie particulièrement tant humainement qu'artistiquement. Comme Sidilarsen, ils mêlent à leur façon rock et electro depuis des années. Là s'arrête les points communs, puisque nous avons voulu de l'éclectisme allant de Punish Yourself à No One en passant par JMPZ ou encore Undergang.
Comment s'est passée la collaboration avec eux ? C'était les vacances pour vous alors qu'ils se prenaient la tête sur vos chansons ?
C'est un peu ça ! lol ! Ce sont eux qui ont fait le gros du travail, même si d'un point de vue logistique ça nous a demandé du taf. On leur a préparé tous les titres de « Eau » en pistes séparées, il nous manquait malheureusement les prises chant du studio. Nous leur avons donc fourni les prises chant des préprods. Cela donne des parties vocales parfois différentes et intéressantes par rapport aux titres originaux. Fryzzzer (bassiste de sidi) s'est occupé du master global.
Au final, vous êtes entièrement satisfaits de leurs travaux ? Vous êtes comme un prof qui ramasse les copies ?
Nous sommes particulièrement heureux du résultat. Il y a beaucoup d'éclectisme comme nous le souhaitions. Mouss de Mass Hysteria avait très peur que nous n'aimions pas leur version. Leur dernier album a divisé beaucoup. Nous sommes très touché par l'approche qu'ils ont eu sur « Ethereal » où ils n'ont pas hésité à enregistrer de vrais prises batterie, basse et guitare, Mouss a pris les textes de « La parole » et les a posé avec sa sensibilité. Bref, une démarche couillue et pleine de fragilité en même temps, on est sous le charme. Je ne peux pas commencer à décrire tous les remixes, car chacun a une patte et un intérêt particulier. Je peux simplement dire que personne ne s'est foutu de nous, chacun a donné le meilleur.
Y a-t-il des choses que vous avez « censuré » ou que vous avez demandé de retravailler à certains groupes ?
Rien. A partir du moment où tu demandes à un groupe de retravailler un de tes morceaux, tu ne vas pas en plus lui dire comment tu veux qu'il fasse. Nous avons donné une totale liberté dès le départ. Certains remixes nous ont particulièrement surpris, mais c'était le but du jeux.
Y a-t-il un groupe qui vous tient à cœur qui manque à l'appel sur cet album de remix ?
Nous l'avions proposé à La Phaze , ils ont dit ok, mais en pleine tournée, ils nous ont rappelé pour nous dire que c'était trop tendu question timing, ils ne voulaient pas faire un truc moyen. Nous aurions aimé avoir Treponem Pal, mais nous n'avons pas leur contact. Ils ont disparu depuis un bout de temps.
On vous rapproche souvent de Mass Hysteria, les inviter sur cet album ne risque-t-il pas d'être mal interprété par certains ?
On en a particulièrement rien à branler de ce genre de comparaisons. On a pas à se justifier de nos différences qui sont largement évidentes. Peu de groupes chantent en français en articulant bien les paroles et en utilisant des machines. C'est un fait. On est 2 groupes en France en ce moment, là s'arrêtent les ressemblances. Tout le reste est tellement différent dans nos musiques respectives, ils suffit d'ouvrir ses oreilles. On a pas attendu de connaître Mass pour mélanger des beats techno et du métal, on le faisait en 1996 dans notre cave et dans nos concerts régionaux. Les métaleux nous chiaient dessus car c'était un crime d'utiliser des éléments techno dans le métal. Et quelques années après on veut nous faire passer pour un clone ! Combien de groupes utilisent des plans double pédales, combien de groupes font du Messhugah, combien ont fait du néo, combien de groupe font du rock'n roll, du post rock, du visu… ? Arrêtons les comparaisons. Sidi fait sa musique depuis le début, elle est intemporelle et personnelle. Si on ouvre ses oreilles, on s'aperçoit que Sidilarsen a plus emprunté à Treponem Pal, Spicy Box, Noir désir ou Prodigy, et puis tant d'autres…. Mais les médias aiment bien faire des fixations en se basant souvent sur un titre qui leur a évoqué untel ou untel et ensuite c'est parti pour 10 ans avec une étiquette. Ils ne prennent pas le temps d'écouter l'évolution identitaire des groupes. Heureusement avec « Eau » la comparaison avec Mass s'est calmée au plan médiatique. Ce qui est drôle c'est que nous savons l'un comme l'autre que nous sommes extrêmement différents. Mass n'a jamais pensé que sidi faisait la même chose et réciproquement. Le public ne s'y trompe pas non plus. Les médias ont des problèmes de psychorigidité…
Après les remix, y a-t-il des nouvelles choses que vous aimeriez expérimenter avec Sidilarsen ?
On se concentre surtout sur un nouvel album et sur nos tournées. Nous allons encore évoluer pour notre prochain disque, expérimenter d'autres sonorités, d'autres façons de chanter et d'écrire. Nous ferons du Sidilarsen version 2007. Ensuite nous verrons.
Avec cet album de remix se trouvent la réédition de ‘Biotop' ainsi que votre maxi ‘Emotion Numérique'. Etait-ce une demande du public ou alors juste un choix personnel ?
Il y avait une grosse demande sur la fin de la tournée « Biotop » (2004) et depuis le début de la tournée « Eau » ça s'amplifie. Cela fait suite à la cessation d'activité de notre maison de disque de l'époque (M10) courant 2004. « Biotop » et « Emotion numérique » sont indisponibles dans les bacs.
Cela fait maintenant un an que votre dernier album ‘Eau' est sorti, quels retours avez-vous reçu depuis ?
On a eu un accueil très valorisant sur le plan des chroniques. Après c'est le public acquis sur le live qui nous portent, on sent un buzz important grâce au live, beaucoup de gens achètent notre album sur la tournée. La presse nationale accorde toujours assez peu d'intérêts à Sidilarsen. Nous sommes un peu trop provinciaux…lol.
Votre album ‘Eau' est sorti en Suisse puis en Angleterre peu de temps après sa sortie en France en mars 2005, a t'il remporté le même succès que dans l'hexagone ?
Je ne connais pas les chiffres de vente, je sais qu'il s'agit de distributions très modestes (en particulier en Angleterre). Nous avons de la demande pour jouer en Suisse.
Avez-vous déjà commencé à composer pour votre nouvel album ? Si oui, vers quel style souhaitez-vous faire évoluer votre musique autant au niveau des paroles que des parties instrumentales ?
Nous avons 7 titres en chantier, nous sommes très lents et ne savons pas vers quoi ira le prochain album. Rien n'est fermé. Il sera mélodique et énergique, ça c'est certain. Les textes auront une place importante.
Vous avez participé récemment à la compilation ‘Rock Autopsie', compilation gratuite mise en place par le webzine musical Mygmusique.com, afin de démontrer le rôle à jouer du web dans la promotion des musiques exclues des ondes. Que pensez-vous des lois récemment proposées comme la ‘Licence Globale' ou encore la loi ‘DADVSI' ?
Je ne pompe rien à tout cela. Faut que je me rencarde. Il est clair qu'il y a un très gros souci quand tu entends Gilbert Montané et Police à la radio depuis 25 ans. Faut butter tous les programmateurs radios et les rédac chef des magazines rock qui essaient perpétuellement de retrouver les Stones, les Stooges et les Led zep des années 2000. Lol. Bien entendu, internet permet de nouvelles perspectives, il me paraît très intéressant de développer et de trouver des alternatives dans le respect des artistes et des actifs du net.
‘Antistatic' a récemment évolué en devenant un collectif de personnes et non plus seulement un collectif de groupes précis. Est-ce que cela change quelque chose pour vous ?
Non, cela ne change rien, car nous étions déjà investi en tant qu'êtres humains. Nous avons tout à donner à ce collectif. Sidilarsen a la chance de s'être développé, d'être bien entouré (tourneur, maison de disque, manager…). Nous donnons au collectif et partageons notre expérience. La récente évolution d'Antistatic s'inscrit dans une volonté d'être plus ouvert que jamais, mais il faut se bouger le ass pour y faire des choses. Rien ne tombe du ciel. C'est l'ethique d'Antistatic depuis le début. Nous avons besoin de nouvelles têtes. Mais ça vient peu à peu.
Est-ce que cette évolution d'Antistatic vous permet de grandir vos ambitions ?
Ce n'est pas une démarche qui changera quoi que ce soit pour sidi, c'est une démarche totalement altruiste. Antistatic, c'est une activité associative, qui nous passionne et qui vise à dynamiser le rock et le métal en région toulousaine. Point barre. Sidilarsen n'a pas besoin d'Antistatic pour se développer, Sidilarsen a besoin d'Antistatic pour être avec ses amis, les pieds sur terre, partager des actions et des valeurs.
Vous êtes un des groupes prépondérant de la scène Toulousaine, quels sont les groupes du Sud-Ouest qui vous ont marqué récemment ?
Punish continue à nous surprendre, on adore jouer avec eux ! Je te citerais aussi Undergang (il est tout seul, il fait un live act avec du chant dans un esprit très rock !). Leiden fait des prestations dignes de grands groupes internationaux (ça va finir par faire parler…). Enfin je te citerais Code Cyclic (slam / jazz / rock) qui tue et Zubrowska qui envoie une énergie death/rock/barrée absolument incroyable en live !
Quels sont vos objectifs actuellement ?
Tourner au maximum.
Un dernier mot croustillant à propos de Sidilarsen ?
Sidilarsen vous aime. Merci à Vacarm.