Trois jours, trois scènes et plus de quarante concerts… Pour sa cinquième édition, Rock en Seine investit une nouvelle fois le Domaine national de St-Cloud et offre à son public une programmation impressionnante : Tool, Björk, Kings of Leon, PuppetMastaz, CSS, Just Jack, Bat For Lashes… Cette année, le festival Francilien nous donne l’occasion de découvrir (ou re-découvrir) des artistes au talent confirmé.{multithumb}
Samedi 25 août, 15H. Sous un soleil digne du mois d’août, les allemands de PuppetMastaz démarrent les festivités avec leur hip-hop dansant et décalé : les bras se lèvent, les têtes se balancent… Les beats funky et les nappes electro-disco donnent le rythme. Sur scène, la taupe Maloke, le lapin Snuggles, la grenouille Frogga, le cochon Panic et les autres bestioles du collectif s’agitent et déballent leurs flows incisifs. En effet, comme à leur habitude, les berlinois déploient une mise en scène burlesque autour de marionnettes colorées et complètement déjantées. Face à ce bestiaire de l’espace, la foule est réactive et ne peut que sourire et danser. « Planet Booty », « Troublicious Two », « Pet Sound »… Les titres s’enchainent et dévoilent même un nouveau morceau : « The Clones ». Quelques moments forts ponctuent le show, comme l’intervention de maître Yoda, invité d’usage des prestations live du groupe, et l’apparition des Sneaker Boots, alter-egos humains des poupées cosmiques. Les PuppetMastaz ont fini par dévoiler leurs vrais visages, au plus grand étonnement du public.
17H. Il est temps pour les Cold War Kids de monter sur la Grande Scène et de distiller leur rock teinté de blues aux oreilles de la fosse. Jouant successivement les chansons de leur premier album, Robbers and Cowards, les californiens séduisent les festivaliers (et surtout les demoiselles) avec leurs instrumentations lentes et relaxantes. Les tubes radio ne manquent pas à l’appel (« Hang me up to Dry », « Robbers » et « We used to Vacation ») et les fans se laissent bercer facilement par les douces mélodies de velours du groupe. L’atmosphère est rêveuse et pensive, parfois dépressive. Les membres du public paraissent absorbés. L’esprit calme et reposé, il est déjà l’heure de partir pour le concert suivant.
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17H50. C’est au tour d’Erik Truffaz de prendre place. Accompagné de son quartet, le trompettiste suisse nous fait découvrir l’univers sonore de son cinquième album, Arkhangelsk. Lancinant et sinueux, hypnotique et émotif… Le jazz progressif et atmosphérique de Truffaz et de ses acolytes nous emmène vers un monde où la pesanteur n’a plus lieu d’être. La tête se fait légère, les yeux se ferment. Submergée, la foule se laisse porter crescendo en un voyage onirique. Aux instruments vient parfois se mêler les plaintes vocales d’Ed Harcourt, chanteur au faux-air de Thom Yorke (« Red Cloud », « Nobody Put the Baby in the Corner » et « Snake Charmer Man »). Le public est séduit et c’est avec difficulté qu’il tente de raterrir.
19H30. « Marre d’être sexy ». Ce que clame haut et fort la formation brésilienne Cansei Dei Ser Sexy, ou CSS, se révèle surtout être une attitude. Débordant d’une énergie explosive, le groupe dévoile sur scène cinq musiciennes et un batteur tous droits venus des années 80 : collants fluo, coupes de cheveux permanentées, lunettes de soleil ringardes, ballons colorés… Les CSS glorifient et fustigent en un même mouvement le genre « pop », que ce soit dans leur look, leur son electro-rock et leur prestation live. Les morceaux sont rythmés et dansants, avec un côté parfois « putassier » (notamment sur « Meeting Paris Hilton ») et le public adhère à cent pour cent. Chacun des festivaliers laisse d’ailleurs sa timidité de côté et se déhanche furieusement en réponse aux danses endiablées des demoiselles. La bonne humeur est de mise et les ovations accompagnent les mouvements de la chanteuse Lovefoxxx, qui n’hésite pas à courir, sauter et se rouler par terre. Avec le titre « Let’s Make Love and Look Death from Above », le set se conclut en une véritable apogée visuelle et sonore (lumières stroboscopiques, lancers de confettis, hurlements…), laissant la foule dans un complet délire.
20H20. Retour à la Grande Scène. Les reformations sont d’actualité en cette année 2007. Ce soir, les Jesus and Mary Chain reprennent du service et viennent nous délivrer un panorama sonore de leur discographie. De Psycho Candy à Automatic, en faisant un détour par Honey’s Dead et Stoned and Dethroned, le groupe des frères Reid revisite ses classiques pour le plus grand bonheur des amateurs de rock des 80/90’s. Noise, grunge, shoegaze… C’est avec plaisir et nostalgie qu’on ré-écoute les sons à la fois torturés et aériens des quatre écossais. Mention spéciale pour la chanson « Just Like Honey », qui a bercée tant d’adolescents il y a une quinzaine d’années.
22H30. Le moment tant attendu de la soirée est enfin arrivé. Depuis déjà une bonne demie heure, les festivaliers s’agglutinent dans la fosse afin d’être au plus près de la scène lorsque les américains de Tool feront leur apparition. Le public attend, il s’impatiente. Les lumières s’éteignent et les cris s’amplifient. Ca y est, les quatre musiciens de la formation rock-metal font leur entrée. Pendant quelques instants, la batterie oscille, un son de basse ronronne. Aussitôt le set démarre et c’est une véritable claque audiovisuelle que se prend la fosse. Les riffs de guitare fusent et composent une texture atmosphérique pour le chant de Maynard, tandis que les lignes de basses syncopées balisent les rythmiques tribales de la batterie. Chaque instrument contribue à tisser un véritable mandala sonore aux détails précis et insoupçonnés. En toile de fond, les animations psychédéliques et les clips du groupe viennent illustrer la philosophie de Tool, la larmologie. Les titres joués, quant à eux, révèlent la diversité et la créativité de la formation : « Prison Sex » d'Undertow, « Stinkfist » d’Aenima, « Schism » et « Parabola » de Lateralus, ou encore « Jambi » et « Vicarious » du dernier album en date, 10000 days. Le temps défile, les morceaux s’enchaînent. A la fin du concert, la foule reste ébahie devant la scène, impressionnée par la prestation à laquelle elle a pu assisté.
Avec des représentations live d’une qualité exceptionnelle, cette deuxième journée du festival Rock en Seine nous a définitivement convaincu. On attend la suite avec impatience…