La courbature de metal, vous la connaissez ? C’est en tout cas comme ça que je l’appelle. Cette raideur dans la nuque qui prend ses racines dans la ligne médiane postérieure et qui s’accompagne d’une belle douleur aigue au niveau de la région cervicale postérieure… (on sait que vous avez googlé tous ces mots que nous avons-nous-mêmes cherchés pour vous décrire ce mal infâme). Bref, à cause de Krisiun, The Ocean ou Pogo Car Crash Control, on se la tape sévèrement.
Que cela ne nous empêche pas de nous amuser comme il se doit avec Tranzat, venu défendre exclusivement leur déjanté et dernier album « Ouh la la ». Alors qu’il est relativement tôt et que certains ne sont pas encore levés (il est tout de même 13h35), le groupe a clairement rameuté curieux et connaisseurs pour remplir la tente. Entre humour, très gros riffs et étonnantes variations de styles et d’ambiances, les brestois ont créé une véritable surprise.
Plus tard dans la journée, on retrouvera les nantais de 20 Seconds Falling Man et leur post-hardcore poignant. Les nantais étaient en force aujourd’hui sur scène avec leurs comparses de Regarde Les Hommes Tomber ! Alors que 20SFM n’avait auparavant pas spécialement cherché à devenir une référence dans le style, force est de constater que leur show implacable a marqué tous les esprits des festivaliers présents ! Du gros riff, évidemment, mais aussi une intensité émotionnelle remarquable et un jeu de scène envoutant, permettant au quintet d’être l’une des meilleures découvertes de la journée. Et pourtant, c’était un défi immense, aussi bien pour le public que pour le groupe, d’avoir pu remplacer au pied-levé les redoutables Brutus qui, pour des raisons familiales, ont du décommander leur venue au festival quelques jours avant.
Puis, c’est l’heure du dilemme. Benighted ou Regarde Les Hommes Tomber ? Même si leur musique n’est en rien comparable et qu’elle ne procure évidemment pas les mêmes sensations, c’était un dilemme vraiment pénible à surmonter.
Alors bon, on a décidé d’aller jeter un œil sur la Supositor Stage. Et sans surprise, aucune déception. Le groupe, malgré l’absence de l’un de ses guitaristes, a proposé une setlist incroyablement efficace et une énergie tellement folle que le public, connaisseur ou non, a massivement rendu ce qu’ils se prenaient dans la tronche : du lourd et de la bonne humeur !
Après ces moments de poésies, il était temps de se faire un petit break. Nous avons pu suivre la performance incroyablement émotive de God Is An Astronaut. Le post-rock des irlandais n’est clairement inconnu de personne dans l’audience. Rien que d’avoir pu assister au jeu en live de titres forts comme All is Violent, All is Bright ou encore le magnifique morceau Suicide by Stars, on aurait pu s’arrêter de vivre. C’était divin et vraiment bienvenu, une preuve de plus de l’efficacité de l’éclectisme de la programmation du Motoc’ !
Et pas le temps de niaiser ! Bordel, il nous a fallu partir avant la fin du set de GIAA pour se placer pour Alcest. Un mouvement de foule assez fou s’est créé pour y assister ! Et bordel (oui, encore ce mot), je crois que c’était là l’un des points culminants de tout le festival. Alors que leur excellente (mais froide, avec le recul) prestation du Hellfest nous avait déjà laissé énormément de bons souvenirs, Neige et ses amis ont clairement mis le paquet sur la justesse et la poésie avec une setlist très similaire mais ô combien mieux accompagnée par des ingé-sons qui ont su faire s’exprimer toute la puissance et la délicatesse du groupe. Une vive émotion collective s’est emparée de tous les festivaliers à la fin du set, où j’ai pu voir autour de moi plusieurs personnes complètement en larmes de bonheur, après un final intense, magnifique et mélodieux. J’en ai encore des frissons rien qu’à me remémorer ces instants si délicats…
Après une pause, on se place pour voir les papas, les maitres, les seigneurs, j’ai nommé Cult Of Luna. Les suédois ont joué sur la simplicité niveau scène, avec un jeu de machine à brouillard absolument dingue qui a foutu une ambiance lourde, froide et sèche qui n’a pas eu de meilleur effet que de pouvoir sublimer tout l’art de CoL. Ceux-ci n’ont pas eu besoin de prouver quoique ce soit, à part qu’en 24 ans d’existence, il n’y a toujours pas de meilleure référence sur terre en termes de sludge metal.
Et malheureusement, après toutes ces énormes émotions, plus aucune place pour quoique ce soit, même pour le génialissime Perturbator. Mais on le savait déjà, on se rattrapera bientôt sur les terres nantaises pour s’offrir un moment de fête avec eux, du coup c’est sans regret que nous choisissons de ne pas assister à leur prestation.
Textes : Jean-Marie
Photos : Matt (Instagram : heavy.matt_pics / Facebook : heavy.matt.all)
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