On le savait déja plus ou moins : les landais de Gojira, en plus de composer une musique aussi ambitieuse techniquement que musicalement, seraient a priori des grosses bêtes en concert. Plus qu'une rumeur, évidemment, et le public nantais ne s'y trompe pas, à en juger par les affiches annoncant une nouvelle date sold-out pour les quatre gaillards. The Way Of All Flesh, bien qu'ayant un poil moins convaincu que son prédecesseur From Mars To Sirius, reste un dernier album de très grande qualité, imposant Gojira comme une référence metal à l'échelle internationale. Le public français étant évidemment un poil plus exigeant avec ses compatriotes, il était intéressant d'aller jeter un oeil pour voir comment tout ce petit monde s'en sort sur scène avec un nouvel opus trempé dans l'acier à défendre.
Après avoir jugé, en compagnie de mon vénérable acolyte Peter, de la gentillesse légendaire du quatuor dans une interview du batteur Mario Duplantier, le moment était venu d'aller jeter une oreille aux bien connus Trepalium, qui, avec un metal couillu aux plans guitaristiques barrés et groovy, tente de convaincre un public qui leur réservera un accueil sympathique, bien qu'on sente que c'est Gojira qu'on attend parmi les rangs de l'assistance. La prestation des poitevins s'avérera en tout cas de très bonne qualité. Les kids de la fosse verront enfin leur attente récompensée lorsque le charismatique Joe Duplantier et ses acolytes pénètrent sur scène en attaquant directement avec « Oroborus ». L'impression de maitrise est bluffante, le son est puissant, et le public, déja bien au taquet, jubile. C'est vraiment « The Heaviest Matter Of The Universe » qui fera prendre tout son sens au mot « pit », mais c'est le monstrueux « Backbone », joué avec une violence impressionnante, qui le chauffera à blanc. Joe, en grand mélomane, demandera posément à l'assistance « bon, est-ce que vous voulez de la double ? », avant d'entamer « From The Sky », morceau effectivement charpenté par sa batterie martiale.
A ce point du concert, on commence à sentir nettement la consonnance « From Mars » de la setlist, même si le dernier album n'est pas en reste. « A Sight To Behold », son vocoder et sa ligne de synthé semblent avoir cependant un peu plus de mal à convaincre, bien que très bien éxécuté. Moment technique du concert (ah bon, y'avait des moments pas techniques ?) : le solo de batterie de Mario, juste histoire de prouver qu'on a là de vrais instrumentistes virtuoses en leur domaine à l'oeuvre. Après un « Clone » bien senti, Messire Duplantier nous demande si on veut bouger un peu. Visiblement oui, nous avons donc le droit à ce qui sera le highlight du concert, à savoir « Flying Whales », jouée avec une force incroyable, le guitariste et le bassiste se déchaînant sur leurs instruments. Une version qui aurait été parfaite si elle n'avait pas été amputée de sa longue intro, qui contribue trop au morceau pour se permettre d'être absente. « Toxic Garbage Island », moment fort de The Way Of All Flesh, l'est encore plus en live, on se prend une baffe, et on aime ça. Le morceau éponyme de l'album clôturera la partie principale.
Un peu court, messieurs ? Une ovation impressionnante n'aura évidemment pas fait douter Gojira une seule seconde sur leur intention de revenir pour quelques derniers riffs acérés. L'instrumental « Terra Incognita » (peu de titres des premiers albums seront éxécutés ce soir) se chargera d'élever les esprits dans l'atmosphère, avant de les faire replonger dans les affres de la violence avec le single « Vacuity », qui finira d'achever le public, heureux, et qui l'aura montré tout au long du concert. Gojira n'aura pas beaucoup parlé à son public pendant le concert, à peine quelques phrases teintées d'une grande humilité, et c'est avec un profond respect pour son public qu'il restera le saluer chaleureusement pendant de longues minutes, Christian restera très longtemps après la fin signer d'innombrables autographes, avec un grand sourire. La rumeur n'en est effectivement pas une, Gojira en live, ça démonte, et après un moment comme ça, tout ce qu'on peut leur souhaiter, c'est de continuer leur ascension internationale, car ces jeunes hommes le méritent grandement. Chapeau.
.: Tracklist :.
1. Oroborus
2. The Heaviest Matter Of The Universe
3. Backbone
4. Love
5. From The Sky
6. A Sight To Behold
7. The Art Of Dying
8. Solo batterie
9. Clone
10. Flying Whales
11. Toxic Garbage Island
12. The Way Of All Flesh
Rappel :
13. Terra Incognita
14. Vacuity