Sous un nom énigmatique qu'on prononcera très vite « parenthèse » à défaut de ne pas savoir mieux le qualifier, () est le troisième album des Islandais de Reykjavík si on ne compte pas l'album remix de Von. Enregistré en 2002 dans leur studio personnel, une piscine désaffectée de Álafoss, banlieue de leur ville natale, l'oeuvre peut être perçue comme une longue interlude entre Ágætis byrjun et Takk.
() a tout pour nous perturber avant même de l'écouter. Pour commencer, le boîtier du disque se loge dans un étui plastique blanc, percé de deux parenthèses aux bords arrondis, avec seulement écrit d'une tendre calligraphie, le nom du groupe. Sur le boîtier, aucune inscription, aucun nom, pas la moindre trace d'un signe alphabétique, juste du blanc et un dessin abstrait aux nuances de gris. Le livret n'est en réalité qu'une succession de calques où se projettent subtilement sur chaque page un élément de dame nature (des branches, des tiges d'herbes…). Le CD dans son emplacement n'en dit évidement pas plus que le reste. Il est blanc.
Les huit pistes que composent () ne possèdent aucun titre. A l'écoute intégrale de l'album, on découvre que toutes les mélodies se suivent pour nous bercer soixante et onze minutes non-stop. Pourtant prises une par une, chaque chanson à sa particularité. Même s'il est difficile de ne pas parler de notions de répétition dans leurs sonorités, Sigur Rós parviennent à esquiver la lassitude. La durée des pistes ne risque pas d'attirer les radios pour d'éventuels singles, la moyenne de temps tourne autour des sept minutes par morceau.
Le fait d'avoir enregistré dans leur studio personnel, les islandais dévoile avec () un son plus brute et encore plus ambiant que les précédentes compositions. Le clavier est toujours présent et Jón Þór Birgisson utilise toujours un archer de violoncelle sur sa guitare pour apporter ses longues mélopées tellement envoûtantes. La quatrième piste est une très belle surprise, et son titre on le connaît! « Njósnavélin ». Si ce nom est dévoilé c'est grâce à Vanilla Sky de Cameron Crowe. Rappelez vous cette scène où Tom Cruise rencontre sa douce Penélope au sommet d'un gratte-ciel. La musique qui accompagne ce dialogue n'est autre que l'enregistrement en concert de « Njósnavélin » qui n'était pas encore produit en studio.
Autre particularité de (), il est chanté intégralement en « vonlenska », un pseudo langage créé par le chanteur. C'est un dérivé de l'islandais, les mots sont transformés en sonorités, et le chant devient alors un instrument lyrique des plus mélodiques. Jón Þór Birgisson déclare être le seul à se comprendre et que le but du chant dans Sigur Rós n'est pas d'apporter un sens à l'auditeur, mais de laisser l'auditeur choisir le sens des sons. Sur les précédents albums, il chantait principalement en islandais. Au travers des titres on ressent l'atout qu'apporte le « vonlenska », la musique est plus atmosphérique que jamais et offre un charme indéniable aux morceaux.
Il n'est pas simple de parler de (), toute description de l'album n'est en réalité qu'une version hyper subjective des sentiments que nous a apportée l'oeuvre islandaise. Que cette musique agace terriblement ou élève son auditeur dans un ciel aux doux nuages sonores, une chose est certaine, Sigur Rós ne vous laissera jamais indifférent à cette parenthèse artistique.
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