Souvenez vous de l’année 1994, date à laquelle Kmar Gulbenkian pose sur bande le titre « La Peau ». Le grand vide laissé par les Bérurier Noir suite à leur dissolution en 1989 offre un succès rapide aux textes revendicateurs de No One Is Innocent sur fond de rock fusion enragé. Deux albums, dont le superbe Utopia, et puis le groupe se sépare pour cause de divergences artistiques. 10 ans plus tard, Kemar relance la machine en solo. Ce retour est vivement critiqué malgré un tube imparable (« Revolution.com »), qui se poursuit aujourd’hui avec ce nouvel album.
Difficile de faire table rase du passé. C’est bien Kemar la star, avec ses paroles en guise d’étoiles satellites. Gazoline, deuxième album depuis la reformation de No One, se structure autour de 12 titres venimeux qui s’inspirent des moments vécus par ces activistes musicaux depuis la fin de la tournée de Revolution.com. Le discours tenu n’a pas changé, puisqu’ apparemment, selon les dires, rien non plus n’a changé dans ce monde. No One Is Innocent joue un rôle d’éducateur citoyen en combattant avec ses idées au travers de sa musique. Le maitre mot est la dénonciation et, une fois de plus, Kemar pointe du doigt les pantins politiques à la veille d’une élection présidentielle majeure (« La Peur », « Salut l’Artiste »). Que l’on partage ou non ce qui est dit sur cet album, il faut reconnaître le talent du leader pour écrire des textes bien ficelés. Kemar maîtrise à la perfection l’art de la formule et il le démontre une nouvelle fois en signant le très beau refrain de « La Peur » (« Si la peur fait bouger, elle fait rarement avancer »).
Instrumentalement parlant, ce nouvel album marque une évolution dans la carrière de No One Is Innocent. L’énergie, bien que toujours présente, s’est apaisée. On retrouve de nouvelles sonorités lorgnant sur le blues qui confèrent à cet album un aspect définitivement rock’n’roll plutôt que fusion / metal. On retrouve toujours cette influence de Rage Against The Machine mais avec beaucoup plus de parcimonie que par le passé. Les compositions sont extrêmement travaillées, que ce soit pour les structures ou pour les riffs en eux-mêmes. Kmille, guitariste de No One depuis la reformation du groupe, signe une très belle production avec des morceaux aérés où la six cordes prend toute son ampleur. Les machines sont, quant à elles, nettement moins présentes que sur le précédent album.
Il aura fallu huit mois pour que le groupe accouche d’un tel album. Aucune déception à l’écoute, on espère que la suite sera toute aussi bonne. Il ne reste plus à cet album qu’à passer l’épreuve du live !
.: Tracklist :.
01. Liar (machine à rêver)
02. Gazoline
03. Je ne crois pas
04. Salut l’artiste
05. La peur
06. Les mêmes idées, la même erreur
07. L’amour de la haine
08. Les desespérés
09. Exil
10. Boomerang
11. Police-délice
12. Laisse toi aller