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Måneskin — Rush!

Le groupe de rock Måneskin, composé de Damiano David (chant), Victoria De Angelis (basse), Thomas Raggi (guitare) et Ethan Torchio (batterie) à fait beaucoup parler de lui depuis sa victoire à l’eurovision. Tout les yeux étaient braqués sur eux ces dernières années. Et la troupe italienne profite d’avoir les caméras tournées vers eux pour nous présenter un nouvel album : Rush !  Celui-ci fait suite à leur album Theatro d’Ira. Lors de leur dernier opus, on déplorait un album beaucoup trop court et on est ravi de voir ici dix-huit titres. Mais la question que l’on se pose est alors : « Mais qu’est ce que l’on va pouvoir voir du rock de Måneskin pendant autant de titre ? 

Maneskin 2022 publicity CR: Tommaso Ottomano

Måneskin a su jouer à merveille de son image le long de leur jeune carrière et Måneskin continue sur cette lancée avec ce nouvel album. Un style glam rock minutieusement concocter – remerciements à de grandes marques de luxes comme Gucci-. Des scandales faisant la une des journaux et média. L’attente et l’exigence du nouveau public/ du monde face à ce dernier album était au rendez-vous. Le groupe a sous sa manche plus d’un tour de cartes. Ils sont confiants et parfois arrogants -pour le style- mais sont aussi très talentueux et très solides sur leurs bases. L’un de leur meilleur tour de cartes est lorsqu’ils ne se prennent pas aux sérieux, nous offrent un rock espiègle et fun ! Les meilleurs exemples se trouvent dans des chansons comme « Bla Bla Bla » on entre dans le côté très théâtral, assez satirique du groupe. C’est punk, c’est « cunty« , c’est fun, plein d’autodérision et efficace. La basse est mise en avant ici et on se réjouit lorsqu’elle est rejointe par les coups entraînants de la caisse claire; la guitare est au second rang pour rajouter une touche d’edge et ce petit moment de plaisir se finit sur un bang fugace. Et oui, ça se finit aussi vite que ç’a commencé. Les Måneskin savent très bien comment ce genre de chansons fonctionnent et on peut l’entendre clairement sur des titres comme MAMMAMIA et Supermodel. Sur MAMMAMIA, la batterie est enflammée dès le début entre les notes sur l’arceau, l’importance du jeu entre la charleston ouverte et fermée, la guitare dépoussière le tout avec un p’tit coup de pédale de distorsion, le son de la ride en fin de chanson qui lâche la bête sauvage qui est en soi. On est servis. Les deux étant des singles de l’album tant attendu, ces chansons restent extrêmement solides musicalement parlant et ont même leur place en tant que pièces maîtresses du jeu.

Måneskin connaissent très bien les codes du rock et cherchent à agrandir leur public sur cet opus grâce à leur grande maîtrise. On comprend vite que le groupe connaît par cœur la formule pour faire un bon son rock mais juste appliquer la formule avec la petite touche Måneskin n’est pas assez. Nombreuses chansons sont bonnes, presque formidables, et techniquement avisées mais restent malheureusement trop parfaites et trop lissées pour marquer les esprits.  Comme sur le dernier album, la majorité des chansons sont taillées pour le live. Leur nouvelle notion du live s’entend sur chaque chanson. Les solos du guitariste sont meilleurs qu’auparavant mais finissent par tous se ressembler, usant des mêmes tonalités et du même phrasé. Ce qu’il y a de plus classique chez le groupe est ce qui nous surprend le moins. Un riff pop-rock saccadé et dansant, un solo de guitare vers la fin de la chanson techniquement parfait, une batterie très carré qui met en avant un jeu rapide sur la charleston pendant le refrain ; et le tour est joué. Alors évidemment, en fonction de notre humeur du moment, certaines chansons comme « Feel », « Baby Said », ou encore l’opener « Own My Mind », peuvent nous faire passer un bon moment mais sans plus. 
En voulant tellement bien faire, sans éclaboussure et de manière si lisse, chaque tentative du groupe à nous interpréter une ballade pop-rock est fade et presque too-much. Plus l’on avance dans l’album, plus ces balades sonnent sincères mais la voix pleine d’émotions du chanteur n’arrive pas à sauver ces chansons ternes. Même pas l’ajout de la section cordes dramatiques pleine de pathos… c’est pour vous dire ! On retiendra « Il Donno Della Vita », qui fait mieux que les autres. Sûrement car elle fait partie du petit nombre de chansons italiennes sur l’album. Le moment où l’on entend seulement les cymbales jazzy qui crépitent dans nos oreilles pendant que la basse s’installe doucement est un moment jouissif.

Cependant, Måneskin à un dernier tour de carte dans sa manche et c’est l’un des meilleurs. Lorsque le groupe dérive de la formule classique, qu’ils poussent le bouchon un peu plus loin, on arrive à entendre des choses incroyablement intéressantes et elles en donnent plus qu’êtres, seulement, efficaces. On commence avec Gasoline qui est un titre engagé, revendicateur, sérieux et différent des autres. Mais aussi permet d’exécuter une version live mille fois meilleure. La basse est sale, la voix est déterminée, boueuse ; presque militaire. On alterne entre un couplet très rampant, avec peu de batterie et une basse mise en avant chargée d’une fuzz. Puis vient le pré-chorus où encore une fois la partie rythmique vole la vedette. On imagine les pas lourds des soldats sous une cacophonie sans pitié de sons perçants : les missiles, les images horribles, les cris, la peur, la colère… Ensuite, on entend durant le bridge seulement la bass pédale et cette stridente guitare. L’ensemble est très terne et régulier, employant peu de frivolités musicales mais des subterfuges très ingénieux et intéressants, ce qui fait contraste à la fin: solo de basse et guitare incroyable pour finir en beauté. Une fin digne d’un exploit… explosif ! « Kool Kids » mérite aussi des lauriers. On pousse le côté théâtral, l’image très travaillée et retravaillée du groupe de vrais enfants du rock, et on donne un coup de boost à « Blah Blah Blah » et pouf ! Nous voilà avec la précieuse « Kool Kids ». Damiano prend un accent de Northerner criard, prêt à entrer dans une rixe. Le chanteur surprend avec sa manière de s’approprier l’esprit Brit-punk en lançant des EasterEggs par-ci-par là comme un « mate » bien placé. Des icônes comme les Sex Pitols, The Cure, Vivienne Westwood ou -l’encore très jeune- Yungblud viennent en tete. « Kool Kids » nous offre un twist rafraîchissant du -pas si vieux que ça car intemporel- vieux esprit Brit-punk rock. Le son est hyper up tempo, sauvage et c’est ce qu’on veut. Pareil pour les deux explosions italiennes que sont Mark Chapman et La Fine. Mark Chapman revampe le pop-punk à la sauce Måneskin. Une batterie encore inarrêtable, indomptable et rapide, une lead guitare qui change d’effets de pédales en plein milieu de solo. Alors que « La Fine » s’appuie sur un jeu de batterie différent, plus compliqué sur les toms; et des doigts qui ont la bougeotte sur leur basse et leur guitare.

.: Tracklist :.

  1. Own My Mind
  2. Gossip feat. Tom Morello
  3. Timezone
  4. Bla Bla Bla
  5. Baby Said
  6. Gasoline
  7. Feel
  8. Don’t Wanna Sleep
  9. Kool Kids
  10. If Not for You
  11. Read Your Diary
  12. Mark Chapman3:40
  13. La fine
  14. Il dono della vita
  15. MammaMia
  16. Supermodel
  17. The Loneliest

Finalement Rush ! Était une expérience intéressante. Le rock que nous propose Måneskin est tendance, il est aussi aiguisé et très solide. L’envie d’agrandir son public porte parfois défaut au groupe, comme laisse l’entendre les ballades pop-rock sur l’album qui sonnent finalement un peu too much et ternes. Mais malgré les ratés du groupe dû à leur insatiable envie de saisir le moment et s’imposer dans la scène internationale comme avec la plupart des chansons de début de l’album. Måneskin n’est pas un groupe révolutionnaire, ils savent qu’ils sont là pour donner un renouveau au bon vieux rock. Et ils le réalisent à merveille, de manière parfois un peu trop parfaite, un peu trop codée et un peu trop lisse. Contrairement aux autres projets, la voix du chanteur n’est plus la pièce maîtresse du groupe. La partie rythmique mène la danse et surprend à coup sûr du début à la fin. En fait, c’est un polygone avec une base fixe et solide, auquel on n’a pas grand choses à reprocher. Mais à certain moments, le groupe pousse à l’extrême certains aspects de leur image , celle qu’ils essayent de nous donner en tout cas. Et ces moments sont tellement savoureux.

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