Pas de télé-crochet à la mode ni poses sexy destinées à aguicher le chaland dans les pages des magazines. Dallas Frasca s’est construite toute seule. Avec à peine dix-huit bougies au compteur, la chanteuse bouffait sable et bitume afin d’aller présenter son travail au public Australien. Dans une industrie musicale en crise, la persévérance paie encore. Près de sept ans après ses débuts scéniques, la frontwomen évolue désormais au sein d’un groupe rodé, et offre avec Sound Painter son premier véritable album à portée internationale. Désignée artiste de l’année aux « Musicoz Awards » dans son pays et forte de multiples prestations sur les scènes de festivals reconnus – Big Day Out, Blues Passion de Cognac côté France –, Dallas Frasca livre un effort parfaitement maitrisé et suffisamment original pour s’imposer.
La tendance est à l’extravagance et aux voix éraillées. L’esprit rock’n’roll libertaire des seventies semble aujourd’hui marquer un véritable retour, imprimant une génération d’artistes qui n’hésite plus à fusionner psychédélisme ambiant à une approche résolument pop de la musique. Si Amy Winehouse semble avoir ressuscitée jusqu’à l’autodestruction l’adage « sex, drugs & rock’n’roll » qui aura définitivement l’âge d’or du genre, Dallas Frasca en reprend les principes. Du moins, dans sa vision de l’écriture. Sound Painter est un disque certes accessible, mais indéniablement marqué d’une touche trash et sans concessions. Ersatz vocal d’une Janis Joplin couplée à un Robert Plant au meilleur de sa forme, Dallas Frasca chante avec les tripes, privilégiant l’authenticité à une justesse de tous les instants. Si la chanteuse témoigne d’une impressionnante technicité, l’imperfection de son travail – enregistré sur le vif et sans retouches – lui confère un charme indiscutable. Entre cris stridents, tirades bluesy et couplets rocailleux, ses vocaux s'accordent parfaitement à des instrumentations old-school teintées à l’alcool frelaté.
Riffs solides, groove irrésistible, solos en veux-tu en voilà. La musique de Dallas Frasca replonge son auditeur dans une ambiance très « woodstock ». Marqués par tout un pan de la musique américaine, ses musiciens greffent à leurs instrumentations une foule d’influences diverses. Un soupçon de blues, une louche de sleaze, une pincée de hard, Sound Painter est un cocktail de rock’n’roll à l’ancienne, détonant et dénué du moindre temps mort. Dallas Frasca et ses musiciens n’hésitent pourtant jamais à relâcher la pédale – le fantastique mid-tempo « Ain’t No Fury » –, mais leur travail ne souffre d’aucune baisse d’intensité. Dopé par une production quasi-live, Sound Painter se profile comme la parfaite bande sonore d’un road-trip timbré et sans retour. Et s’habille de ce que certains artistes ont perdu avec « l’industrialisation » actuelle de la musique : une sincérité véritable et débordante.
Avec Sound Painter, Dallas Frasca témoigne d’une personnalité musicale aussi forte qu’appréciable. Furieux, touchant, mélodique et buriné, respectueux des classiques mais résolument moderne, son travail opère à une synthèse parfaitement équilibrée. Du grand art.
. : Tracklist :.
01. All My Love
02. One Man Woman
03. Coming Home
04. Better Without You
05. Birds of Wisdom
06. Going Back Row
07. Hey Mama
08. Freedom
09. Anything Left to Wonder
10. I Only See You
11. Ain’t No Fury