The Used, voilà un groupe que l’on suit avec attention depuis la sortie de son premier album éponyme en 2002. Original et créatif, le quatuor de l’Utah a convaincu des millions d’adeptes de musiques « émotionnelles » sans jamais pour autant compromettre son approche de la création musicale. In Love And Death avait ainsi su surprendre et dévier de la trajectoire empruntée par The Used. Avec Lies For The Liars, vient aujourd’hui l’heure fatidique du troisième album. La vérité est-elle ailleurs ? Pas impossible…
Les deux premiers albums studios de The Used furent produits par John Feldmann (Goldfinger, Story Of The Year, Good Charlotte, The Matches), ce Lies For The Liars ne déroge pas à la règle du « jamais deux sans trois ». On retrouve ainsi une patte particulière dans la production qui reste fidèle au The Used du début. Mais la production ne fait pas tout… En effet, à la première écoute, c’est bien simple, peu de titres sortent véritablement du lot. Plus lourd, plus lent, plus rock, The Used n’a clairement pas fait dans la redite et certaines de ses mélodies s’avèrent parfois trop tortueuses pour pouvoir être véritablement suivies et donc appréciées à leur juste valeur (« Pretty Handsome Awkward »). Le tout est finalement très dense sans pour autant être excessivement long (39 minutes au compteur). L’utilisation de cuivres, démarche originale il est vrai pour un groupe classé dans la scène emo, n’est pas toujours évidente à digérer et risque d’en perturber plus d’un (« With Me Tonight »). Même les balades, pourtant force du groupe auparavant, on se souvient notamment de « Blue And Yellow » sur le premier album, n’accrochent pas autant qu’on l’aurait espéré d’un album aussi attendu que celui-ci (« Find A Way »).
Branden Steineckert (batterie) ayant été viré du groupe pendant l’été 2006 (parti depuis rejoindre Rancid), The Used a dû recruter un nouveau frappeur de fûts en la personne de Dan Whitesides (The New Transit Direction). Et la différence se fait clairement sentir, le punch de Steineckert est désormais un lointain souvenir, il a été remplacé par un jeu qui paraît plus passe-partout et au final moins charismatique. Alors qu’il y a quelques mois, on aurait pu dire que des groupes comme The Matches étaient influencés par The Used, on a parfois l’impression que le vent a changé de direction et que c’est au tour de The Used d’être influencé par ses successeurs (« Paralyzed »). Est-ce un mal ? À l’auditeur d’en juger.
Admettons cependant que plus on écoute cet album, plus certains morceaux finissent par se révéler et par retenir l’attention, en particulier le titre d’ouverture « The Ripper » avec son intro explosive et son refrain qu’on finit, à force de behaviorisme, par connaître par cœur. Ensuite, « The Bird and the Worm », et son style très conte de fée dans l’approche de la composition, est certainement le titre le plus proche de l’album précédent, il rassurera les plus nostalgiques tout en apportant une touche de fraîcheur avec ses violons. Remarquons enfin « Hospital » et son entrainante rythmique en cavalcade, ainsi que « Liar, Liar (Burn in Hell) » avec ses riffs saturés et son refrain crié absolument imparable à terme. Le final de ce dernier morceau nous prouve par la même occasion que Bert McCracken (chant) est bel et bien barré.
On soulignera enfin le travail graphique d’Alex Pardee qui avait déjà officié pour In Love And Death. L’artiste a cette fois-ci conçu avec CW Mihlberger et les membres de The Used plusieurs personnages étranges, dont Chadam figurant sur l’artwork, censés donner une autre dimension à la musique du groupe en la représentant physiquement. Démarche intéressante mais pas sûr qu’elle puisse être véritablement appréciée par tous. Et c’est peut-être, finalement, le principal problème de Lies For The Liars.
Les fans les plus aveugles seront aux anges, les plus clairvoyants, s’ils n’ont pas le courage de se plonger vraiment dans l’album, ressortiront les deux opus précédents bien plus singuliers musicalement. En effet, pas de véritables surprises dans ce Lies For The Liars, comble du comble pour un groupe qui ouvrit une brèche dans la nouvelle vague emo au début des années 2000 avec un style à la fois très personnel mais pourtant universel. Le quatuor continue donc son évolution, respectons-le pour ne pas avoir sombré dans les clichés du genre et pour avoir su conserver sa propre identité, mais il n’est pas sûr que tous les fans y trouvent leur compte cette foi-ci… Petite déception, triste vérité.
.: Tracklist :.
01. The Ripper
02. Pretty Handsome Awkward
03. The Bird and the Worm
04. Earthquake
05. Hospital
06. Paralyzed
07. With Me Tonight
08. Wake The Dead
09. Find A Way
10. Liar, Liar (Burn in Hell)
11. Smother Me