Zuul FX aura connu le privilège d’un démarrage en grandes pompes. Tournées conséquentes en dehors des frontières françaises, premières parties prestigieuses – Machine Head, Soulfly, Fear Factory –, la troupe menée par Steve Petit bénéficiait dès la sortie de son premier opus d’une exposition plutôt enviable. Etrangement, le groupe sera pourtant resté campé sur ses positions d’outsider de luxe. Si Zuul FX enchaine depuis maintenant quelques années les albums efficaces, le quatuor n’explosera jamais véritablement. La faute à un mouvement « metal français » aujourd’hui quasi-neurasthénique, malgré la présence d’une petite poignée de formations audacieuses. Bon gré mal gré, Zuul FX publie pourtant aujourd’hui avec Unleashed son – déjà – quatrième opus.
Faisant suite à près de quatre années d’absence ainsi qu’à un changement de line-up, The Torture Never Stops avait su relancer la carrière de Zuul FX sans pour autant marquer de véritable révolution. Unleashed se profile pour sa part comme le film négatif de son ainé. Rien de bien étonnant néanmoins : l’album est en grande partie construit à l’aide de morceaux composés lors des sessions de l’année passée. La manœuvre offre au groupe l’occasion de livrer deux rasades bien corsées en profitant d’un délai de latence minime, avantage non négligeable au vu des difficultés actuelles. Inutile donc de chercher en Unleashed un quelconque renouveau. Zuul FX s’est depuis longtemps fait l’expert d’un power-metal aux entournures thrashisantes, et tend une nouvelle fois à respecter sa formule au millimètre près. Velue, agressive et puissante, la musique du quartet est ici calibrée à l’américaine. Le son se veut à la fois clair et écrasant, Unleashed parvenant habillement à conserver un esprit purement « metal » tout en restant ultra-accessible.
L’orientation du disque et son appréciable bipolarité est en partie inhérente au travail de Steve Petit, qui excelle à alterner growls burinés et vocaux clairs radiophoniques. Sans sombrer trop souvent vers les mélodies irritantes, le frontman parvient à jouer des contrastes avec un certain savoir-faire – le single « Under The Mask », parfaitement entêtant –. Fusionnant groove implacable, riffs marteaux-piqueurs et solis ébouriffants, Zuul FX livre une copie sans réelles scories d’un disque de « mélo-deathcore » US gonflé aux amphétamines. Une belle performance qui n’occulte cependant en rien une légère impression de déjà-vu. Car si le quartet témoigne ici d’une maitrise totale de son art et bourre son support ras la gueule – quinze morceaux –, l’ensemble cultive une parfois gênante similarité avec ses travaux précédents. Unleashed manque en effet d’un poil d’inventivité, de rebondissements. Dans la force de l’âge, le quartet semble avoir délaissé toute notion d’originalité au profit d’un calibrage auquel il se tient sans volonté de sortir des carcans. Dommage.
Unleashed est incontestablement un bon disque. Sa durée de vie reste pourtant partiellement limitée par la relative stagnation dont témoigne Zuul FX depuis ses débuts discographiques. Les aficionados s’en contenteront probablement, les autres « consommeront » ce nouvel opus comme un appréciable chapelet de compositions sans prétentions.
.: Tracklist :.
01. First Interlude
02. In the Light of Darkness
03. Break
04. Under the Mask
05. Second Interlude
06. Unleashed
07. Betrayed
08. The Fight
09. Zombie Followers
10. Soul Seeker
11. F**ck Thee
12. Resist to Persist
13. Battlefield
14. Third Interlude
15. Life in Me