Une victoire au fameux tremplin Onde de Choc organisé chaque année par le fameux label Roadrunner qui lancera véritablement le groupe, un nombre de concerts et de premières parties incalculables et un album (Time Of A News Slavery en 2004) qui sera distribué au Canada et en Suisse, X-Vision présente un parcours sans faute. Trois années après son premier méfait, il était plus que temps pour le quintet de revenir aux affaires sérieuses. Et So Close, So Far ne pourrait que difficilement être qualifié autrement.
Les américains n'ont désormais qu'à bien se tenir. La France n'a plus à pâlir face aux grosses productions débarquées du pays de l'oncle Sam tant le son concocté par le désormais inévitable Stéphane Buriez assisté de Christophe Edrich s'avère une nouvelle fois massif et puissant, à l'image de la musique du groupe. X-Vision vient en effet piétiner les plates-bandes de Slipknot, Machine Head et autres Chimaira, adoptant pour ce faire un gros son bien gaulé riche en riffs velus et percutants (« Paper Plane », « The Sky Was Trye »). Point d'évolution vers un contenu plus mielleux et vendeur à l'horizon, les cinq gaillards continuent dans leur lancée en livrant un album qui casse la baraque, à la manière de leurs camarades de Sikh désormais signés sur la même structure. Bien que légèrement néo (mais alors vraiment très légèrement) sur les contours, X-Vision flirte avec le death ou encore le hardcore tout en conservant une accessibilité plus aisée. Les messins ne font pas dans l'inaudible et conservent un son aussi clair que dense. Construit sur la base d'une fusion de riffs acérés matraqués supportés par un jeu de batterie carré qui évite d'en faire des tonnes ainsi que d'une basse slappée relativement bien mise en relief par la production (« Self-Abnegation »), l'ensemble instrumentale se montre cohérent et efficace. Les rythmiques syncopées envoient brutalement le bois et sont préférées à une technicité accrue et inutile, les musiciens instaurant en quelques mesures un climat froid, vision d'une société qui semble en pleine implosion.
Mais X-Vision ne garde pas toujours le pied appuyé sur la pédale et parvient heureusement à faire taire la saturation le temps de quelques bouffées d'air frais bienvenues, plaçant de ci et là quelques ponts aériens et ambiancées qui bien que relativement rares ouvrent vers de nouveaux horizons (l'outro planante de « Deadly Adornment »). L'appât du gain ne semble également pas avoir touché la façon d'aborder le chant. Pierre enroule les instrumentations en béton armé dans un timbre rauque et sans concession, balançant du hurlement dans tous les recoins et ne faisant preuve d'un chant plus doux qu'à de rares occasions (à peine plus de quelques secondes murmurées sur l'efficace « Paper Plane » d'ouverture). On pourra certes reprocher à X-Vision un certain manque d'innovation ainsi qu'un petit sentiment de répétitivité qui se profilera au fur et à mesure de l'avancement dans le disque, deux petits défauts bien vite oubliés face à la débauche d'énergie dont fait preuve le quintet.
So Close, So Far n'est peut-être pas l'album de l'année, mais se montre sacrément bien ficelé face à la concurrence. Une qualité qui pourrait expliquer la capacité surprenante d'un groupe qui parvient à régulièrement s'incruster en ouverture des formations américaines les plus prestigieuses.
.: Tracklist :.
01. Paper Plane
02. The Green Light
03. Deadly Adornment
04. Blow On Ashes
05. The Sky Never Lies
06. The Sky Was True
07. And Now ?
08. Early Mental Release
09. Cut Off
10. Self-Abnegation
11. Theater Of Appearances