D’une certaine façon, Unswabbed ne peut qu’imposer un certain respect par sa persévérance. Bien que débarqué en pleine vague néo-metal, les résidents du nord de la France ne sont jamais parvenus à atteindre le niveau de popularité dont ont bénéficiés la clique parisienne ainsi que ses collègues marseillais. Et si le groupe a perdu son bassiste d’origine (et accessoirement ami de longue date) en route, il compte bien une nouvelle fois faire honneur à cette inébranlable volonté d’avancer. Au vu du résultat, les cinq gaillards ne peuvent que s’en féliciter.
Car avec In-Situ, Unswabbed couche sur bandes son meilleur album à ce jour, incontestablement supérieur à ses déjà plutôt bons prédécesseurs. Le groupe a franchi avec ces treize nouvelles compositions une marche de taille, accédant à une plus grande fluidité dans sa composition pour un résultat bien moins éparpillé que sur Instinct, disque qui pouvait s’avérer lassant sur la longueur. Certes, les nordistes n’affichent comme par le passé pas la prétention de révolutionner le petit monde du rock français et s’appliquent d’ailleurs à respecter consciencieusement des structures basiques qui ne dévient jamais du traditionnel schéma de couplet – refrain – couplet. Et pourtant, alors que l’on aurait pu penser le genre « rock metal sautillant gentiment énervé » à l’agonie, le quintet prouve qu’il est encore possible de livrer un disque prenant de bout en bout. Un album de qualité bien que composé dans une certaine urgence, mais surtout une enfilade de titres hautement sincères, critère qui semble aujourd’hui faire grandement défaut chez certaines formations plus populaires. In-Situ fait preuve d’une cohérence totale et ne laisse absolument aucune baisse de tension gênante s’immiscer, les cinq musiciens enchaînant quelques belles perles à l’énergie décapante et aux refrains fédérateurs (« Addict », probable futur hymne de concert, l’excellent « Sauvés », « Ma Place »). Les guitares, parfois trop effacées sur le précédent essai, regagnent enfin le premier plan et balancent à la poire de l’auditeur une bonne brochette de riffs entêtants et catchy comme il se doit. Les quelques tentatives d’incursions électroniques auparavant greffées dans quelques recoins sont laissées, le groupe préférant plaquer de ci et là des solos plutôt bienvenus (le pont de « Libre Comme l’Air »).
Unswabbed ne s’octroie de mid-tempos qu’avec parcimonie, sans oublier néanmoins de baigner les refrains d’électricité malgré une rythmique moins soutenue. Le résultat se montre suffisamment contrasté pour tenir sa proie en haleine, à l’image d’un « Ma Dernière Heure » aux couplets dépouillés et qui prend son envol lorsque surgissent les refrains ultra-efficaces dynamités par les décibels. Le travail s’avère encore plus impressionnant en ce qui concerne les lignes de chant de Seb. Le frontman a indéniablement gagné en maturité, qu’il s’agisse de ses textes comme de ses intonations, tant celui semble désormais à l’aise dans un registre regorgeant de mélodies accrocheuses. Plus grave que jamais dans son propos, le chant fait d’In Situ un album désillusionné aux propos d’autant plus percutants qu’ils témoignent d’une dimension totalement personnelle (« Pourquoi » et « Sauvés », deux des plus belles réussites du disque à ce niveau). Auto-biographiques et probablement vécues comme un exécutoire, les envolées vocales témoignent de sentiments forts encore plus marqués que sur les précédents travaux d’Unswabbed. Un bon point supplémentaire à un album quasi-sans failles.
Avec In-Situ, Unswabbed tient un atout de taille afin de s’imposer encore d’avantage et d’enfin accéder à une popularité méritée. Rien ne manque à ce nouvel album, pas même un artwork soigné. A découvrir, si ce n’est pas déjà fait depuis bien longtemps.
.: Tracklist :.
01. Ma place
02. Libre comme l'air
03. Un monde sans pitié
04. Addict
05. Pourquoi
06. Sauvés
07. A la dérive
08. Faire pause
09. Les nerfs à vif
10. Comme hier
11. Remonter le temps
12. Ma dernière heure
13. L'écho de vos âmes