Mèches, tatouages bien en évidence, t-shirts moulants et jeans bien ajustés, This Is Or The Apocalypse laisse de prime abord et de par son image planer un risque d’affiliation aux modes mélodieusement énervées les plus en vogue actuellement. Des mouvances musicales aux encornures radiophoniques et rarement inscrites dans une réelle perspective d’originalité. Mais le quintet originaire de Lancaster cache bien son jeu et propose avec Monuments un pur disque de hardcore moderne, dans la droite lignée des travaux de A Life Once Lost ainsi que des talentueux Misery Signals. Monuments, premier album distribué sous la bannière d’une véritable structure (en l’occurrence Lifeforce Records) en apporte la preuve en dix titres.
On n’échappera certes aucunement aux clichés du genre, Monuments adoptant une forme relativement classique et déjà exploitée à maintes reprises chez la concurrence. This Is Or The Apocalypse ne révolutionnera en rien le genre, les similitudes partagées avec Misery Signals demeurant à ce titre particulièrement troublantes. A l’instar de ces derniers, les cinq jeunes américains parviennent à équilibrer la violence puissante et entraînante du hardcore à des lignes de guitares mélodiques, jouant des dissonances dans les sons clairs pour arriver à ses fins (« Architeuthis », « No Horizons »). Sans jamais sombrer dans la facilité, le quintet se fend d’un metal hardcore bien corsé, calibré et ultra-efficace, mutant à l’occasion dans des stratosphères quasi-chaotique proches d'un Dillinger Escape Plan dénué de ces nombreuses variations de style. Car This Is Or The Apocalypse applique une formule quasi-similaire à l’intégralité des compositions, les musiciens usent d’une technicité affûtée afin de construire un tout plus aisément digérable. Les guitares volent dans tous les sens, oscillant constamment entre riffs acérés assénés avec la délicatesse d’un marteau-piqueur ( « Mauna Kea », « We Are Debt », « Monuments ») et envolées dans les aiguës, le tout demeurant mené par une section rythmique adepte d’une fulgurance d’exécution épileptique.
Concises, viscérales et sans compromis, les compositions peuplant Monuments se montrent de ce fait parfois difficile à suivre tant les musiciens s’évertuent à conserver continuellement le pied sur la pédale d’accélérateur. Un sentiment renforcé par une certaine volonté de déstructuration éloignant la musique de This Is Or The Apocalypse de toute préoccupation purement mercantile. Tout juste décèlera-t-on à l’occasion de quelques ponts en forme de bouffée d’air frais (« Eleglac »), les musiciens restant intègres et branchés sur courant continu tout du long. Pas de détours vers les courants de chant clair si porteurs pour Ricky Armellino, le chanteur pose sur bandes ses lignes vocales avec la même rage. Un chant hurlé certes très classique, mais qui habille les instrumentations avec un timbre hargneux particulièrement adapté, bien que le manque de variations présenté par l’ensemble n’amène inévitablement à une certaine lassitude passée la première moitié de Monuments. Le superbe intermède instrumental mélancolique et éthéré venant s’immiscer peu avant la conclusion (« Memento Mori ») tombera heureusement à point nommé pour relancer la machine.
Avec Monuments, This Is Or The Apocalypse présente un second opus efficace à souhait, bien que le groupe n’atteigne pas encore le savoir-faire d’un Misery Signals. En greffant une plus grande variété à leur musique, les américains parviendront cependant sans peine à tenir la dragée hautes aux maîtres du genre. Affaire à suivre.
.: Tracklist :.
01. No Horizons
02. Monuments
03. Two Wars
04. We Are Debt
05. Geist
06. Architeuthis
07. The Polymath
08. Memento Mori
09. Mauna Kea
10. Elegiac