La rigueur est de mise chez Static-X, presque tout autant que cette désormais tradition de l'artwork immonde. Car malgré les changements de line-up, rien n'empêche la bande du déjanté Wayne de livrer son album tous les deux ans depuis le remarqué Wisconsin Death Trip, les musiciens s'étant cette fois surpassé sur l'habillage. Preuve qu'il ne faut jamais juger sur les apparences, le kitch absolu de cette tête de mort cache douze nouvelles compositions qui s'avèrent loin d'être inintéressantes.
Bien que Shadow Zone ait tenté la nouveauté en amorçant un virage plus mélodique, la réponse publique s'était montrée plutôt mitigée. Revigoré et remis sur le droit chemin depuis le retour de Koichi Fukuda, son guitariste d'origine, Static-X avait tenté avec Start A War un retour aux sources mais n'avait pas réussi à effacer une impression de déjà-vu. Aujourd'hui, Cannibal rectifie légèrement le tir en mixant plus harmonieusement les différents éléments des précédents opus, tout en apportant quelques nouveautés bienvenues. Certes, ce cinquième opus n'a rien d'un exemple d'innovation, les ossatures restant à peu de choses près identiques. A contrario des derniers Machine Head ou Chimaira, le groupe reste fidèle à lui-même et mise avant tout ses cartes sur l'efficacité, couchant une nouvelle fois douze compositions aux structures basiques dénuées de toute prolongation pompeuse. D'une durée radiophonique exemplaire, chaque titre va directement à l'essentiel (cinq ne passeront même pas la barre des trois minutes), proclamant la saturation comme maître incontesté et tabassant des séries de riffs saccadés sans relâche sur une rythmique épileptique (le premier single « Destroyer », un unique accord sur les couplets pour un résultat néanmoins catchy et percutant). Les tirades vocales de Wayne ne présentent de plus aucune nouveauté. Fort heureusement, le chant clair n'intègre pas le vocabulaire du bonhomme à la coupe électrifiante, celui-ci livrant de fort belle manière et comme à son habitude un festival de hurlements hachés menus.
A quelques détails près, bon nombre des composantes ici présentées auraient très bien pu figurer sur un essai précédent sans que l'on ne puisse douter qu'elles aient été écrites ultérieurement. Mais certains éléments nouveaux viennent s'immiscer dans la composition et permettent à Static-X de hisser sa musique à un niveau légèrement supérieur, à commencer par une dose massive de solos, le groupe ne s'étant de plus pas montré avare sur ce point (l'excellent « Team Hate », « No Submission »). Bien que relativement courts, ceux-ci permettent en effet de briser la monotonie et la répétitivité souvent amenées par la marque de fabrique du groupe : l'utilisation abusive d'un riff ressassé sur trois minutes. Les différents samples et boucles électroniques s'intègrent également mieux à l'ensemble, là ou ces influences technoïdes pouvaient paraître superflues par le passé, Static-X usant de facon importante et surtout plus osée de cet ingrédient (le surprenant « Behemoth » et son introduction dansante).
Les changements sont néanmoins mineurs et Cannibal n'a certes rien d'une révolution, ni même de l'album de l'année, mais son efficacité et ses petits plus permettent d'éviter le sentiment de copié coller palpable à l'époque de Start A War. Reste maintenant à savoir si le prochain opus aura encore quelque chose de neuf à proposer…
.: Tracklist :.
01. Cannibal
02. No Submission
03. Behemoth
04. Chemical Logic
05. Destroyer
06. Forty Ways
07. Chroma Matic
08. Cuts You Up
09. Reptile
10. Electric Pulse
11. Goat
12. Team Hate