Bien qu’ayant bénéficié d’un relatif succès commercial lors de la sortie de Beyond The Valley Of The Murderdolls, le retour des poupées tueuses devenu plus qu’hypothétique. La sordide affaire de mœurs dans laquelle fut impliqué le guitariste Tripp Ensein (ex-Static X) ainsi que la multiplication des projets de Joey Jordison ou Wednesday 13 ne laissaient guère d’espoir concernant un éventuelle résurrection du projet Murderdolls, quasi-tué dans l’œuf faute de temps. Huit longues années après un premier opus remarqué, les deux têtes pensantes relancent pourtant leur machine maléfique. Composé dans une urgence typiquement punk – à peine six mois séparent le communiqué de reformation de la sortie de ce second disque –, Women And Children Last présente un Murderdolls nouveau et nettement plus mature.
Surfant sur le tsunami levé par le succès de la machine de guerre Slipknot et avant-tout vendu comme le side-project de Jordison, le premier opus des Murderdolls lorgnait pourtant dans une direction totalement quasi-antagoniste. Inscrit dans un registre horror-punk simple et efficace, le groupe avait décontenancé les adeptes de grosses productions métallisées par son côté simple, cradasse et résolument eighties. Un détachement des modes de l’époque qui n’avait pourtant pas empêché le quintet d'imposer son premier essai comme un petit classique, l’engouement suscité par l’arrivé de ce nouvel opus témoignant de l’impact du groupe sur la génération de l’époque. Et bien que réduit à sa forme la plus épurée en matière de line-up, Murderdolls signe ici un retour en grande pompe. Suintant et furieusement et rock’n’roll, le son du groupe n’a pas changé d’un iota, ce dernier s’épanchant dans une ambiance ultra-efficace de B-Movie fauché et décérébré. Sans fioritures inutiles, Women & Children Last bastonne avec une énergie punk simple et directe, les deux musiciens servant une formule connue enquillant riffs basiques et leads tourbillonnants (« Blood Stained Valentine », « Chapel Of Blood »). Pas novatrice pour un sou, l'approche musicale se montre une nouvelle fois totalement décomplexée, plus propice à faire transpirer l’alcool frelaté et le rimmel outrancier qu’à véritablement s’épancher dans une complexité musicale de tous les instants. Jouissif, dégeulasse, dégoulinant, le travail des Murderdolls navigue dans les soubassements vulgos et anticonformiste du rock à l’Américaine.
Murderdolls affine pourtant sa composition en posant sur bandes un chapelet de morceaux nettement plus burinées que par le passé. Si l’approche générale ne mute pas du tout au tout – la formation conserve un sens affuté du refrain judicieusement placé et des schémas basiques –, Jordison et Wednesday 13 n’hésitent pas à durcir le ton, quitte à occasionnellement lorgner vers un rock furibond aux enluminures metal (« Hello, Goodbye, Die », le fulgurant single « My Dark Place Alone »). Le son du groupe gagne en puissance ce qu’il perd en fun, mais offre à l’opus une certaine variété, là ou Beyond The Valley Of The Murderdolls pouvait s’avérer lassant sur la longueur. Un champ d’action étendu qui trouve un écho tout particulier dans le travail du chanteur Wednesday 13, moins primaire et centré sur le registre horrifique en matière de composition. Rien d’intellectuellement transcendant – le « fuck-syndrome » n’est jamais très loin –, mais le tout se montre une nouvelle fois particulièrement adapté au timbre grinçant et déjanté du personnage. Azimuté et punk jusqu’aux bout des ongles, le frontman livre une performance remarquable et nettement plus maitrisée que sur les précédents travaux du groupes. Symboles de cette nouvelle aisance d’écriture, les refrains témoignent ici de contours affutés et résolument accrocheurs (« Rock’n’Roll Is All I Got », « Drug Me To Hell »).
Excellent shot de rock qui tape du pied, Women & Children Last présente un Murderdolls 2.0 ouvert sur l’évolution. Un bon pan de sous-culture décalée, parfaite bande-son d’un zombie flick crétinisant. Comprendra qui pourra.
.: Tracklist :.
01. The World According to Revenge
02. Chapel of Blood
03. Bored 'Til Death
04. Drug Me To Hell
05. Nowhere
06. Summertime Suicide
07. Death Valley Superstars
08. My Dark Place Alone
09. Blood-Stained Valentine
10. Pieces of You
11. Homicide Drive
12. Nothing's Gonna Be All Right
13. Rock'n'Roll Is All I Got
14. Whatever You Got,I´m Against It
15. Hello, Goodbye, Die