Avec trois opus (si l'on fait exception faîte de la démo Kill I Oughtta, ré-éditée plus tard sous le nom de The Beginning Of All Things To End) témoignant d’explorations sonores bien différentes, difficile pour Mudvayne de compiler des morceaux datés de différentes époques tout en gardant une certaine cohérence. Loin de l’idée du best-of initialement annoncé, By The People, For The People apporte plutôt une vision différente sur le travail du groupe. Le concept est même plutôt original et inattendu, l'album ayant été constitué, du choix des titres à l’artwork, par les adorateurs du quatuor. Une perspective bien plus intéressante qu’une succession de hits, pour un disque qui n’est de ce fait aucunement destiné aux néophytes. Le titre du projet demeurera d’ailleurs assez clair à ce sujet.
Mais si la démarche visant à concevoir un album sur mesure est louable, réside encore le problème du contenu. La sur-abondance de démos présentes dans la track-list laissait présager d’un intérêt somme toute assez relatif. Bien qu’aucunement indispensables et matérialisant (forcément) la facette la moins attrayante de ce By The People, For The People celles-ci demeurent pourtant intéressantes. Loin de l’état embryonnaire et du son approximatif dont peuvent témoigner certaines maquettes, ces titres représentent un stade déjà bien avancé dans la composition du morceau, seuls quelques anecdotiques détails parfois quasiment indécelables variant par rapport aux versions finalisées. Les changements les plus flagrants demeurent dans les enregistrements en eux-mêmes, lives et bruts. L’occasion de constater l’importance du travail des différents producteurs sur la musique de Mudvayne, qui parviennent à apporter une touche bien spécifique aux différents albums sur lesquels ils ont opérés. Si ce constat demeure moins flagrant pour les morceaux radiophoniques nettement moins alambiquées extraits d’un Lost & Found décrié et auxquels Dave Fortman n’associera qu’une puissance décuplée (« Fall Into Sleep », le très moyen « Happy ? » que même des lignes de basse toujours aussi impressionnantes ne sauvent pas, ainsi que « All That You Are »), l’apport de David Bottrill est d’autant plus mis en exergue par les morceaux de The End Of All Things To Come. Dénués du son spatial qu’ils leur adjoindra par la suite, les pourtant excellents « (Per)version Of A Truth », « Silenced » et « Skrying » (illustré de lignes de chant primaires qui muteront grandement par la suite) perdent en partie leur impact. « Not Falling », plus classique dans sa forme, n’aura pour sa part que très peu bénéficié de l’apport de Bottrill, les musiciens conservant le pied sur la pédale d’accélérateur trois minutes trente durant. Seule rescapée de L.D. 50, la démo du single « Death Blooms » ne présente pour sa part guère d’intérêt si ce n’est une mise en avant encore plus prononcée de la basse. Chaque titre se voit introduit par les commentaires de Chad Gray, qui bien que concis s’avèrent intéressants sur certaines compositions.
Posés sur bandes lors de la tournée d’été en compagnie de Metallica et proposés en petit nombre, les lives présentent un son acceptable mais cependant loin des enregistrements publics d’ordinaire dopés aux amphétamines. Le groupe semble même parfois si lointain (le tonitruant « Dig » malheureusement desservi par une captation trop brouillonne) que l’on pourrait rapprocher ces performances d’un disque pirate, certes d’excellente qualité. La technique infaillible et le professionnalisme de Mudvayne (le chant de « World So Cold » s’avère plutôt juste malgré les modulations présentées par le morceau) sauvent heureusement ces trois titres de la case poubelle, même si l’on attendait nettement plus à ce niveau. Rayon nouveauté, By The People, For The People propose enfin une petite série de B-Sides et inédits à l’intérêt variable. Judicieusement écarté de la track-list de The End Of All Things To Come, « On The Move » présente une rythmique effrénée peinturlurée de double-pédale sur laquelle la basse s’en donne à cœur joie, tissant quelques similitudes avec « Dig » si ce n’est un refrain en chant clair ainsi que d’un pont aérien de quelques secondes aux deux tiers du morceau. Une structure classique que ne partage pas « Goodbye », nettement plus enclin à se greffer dans la composition de ce même opus. Un morceau hypnotique et lancinant, dénué de toute saturation et mené de main de maître par un Chad Gray plus qu’inspiré. Le très bon « Forget To Remember » (issu de Lost & Found) bénéficie par ailleurs d’un arrangement semi-acoustique qui lui sied plutôt bien, Chad Gray ayant revu ses tirades vocales en conséquence. Plus récente, la reprise de « King Of Pain » de The Police est pour sa part le principal point noir de l’album. Similaire à l’originale, la relecture ne colle pas du tout à l’esprit Mudvayne, en partie à cause d’un chant totalement inadapté. Une erreur de taille que ne corrige qu’à moitié la présence d’un tout nouveau titre du nom de « Dull Boy » mené par un riff basique et répétitif au cours de couplets assez peu accrocheurs. L’excellence du refrain vient heureusement relever l’intérêt du morceau, sans pour autant en faire un titre inoubliable. Dommage.
Comme tout recueil d’inédits, By The People, For The People témoigne de nombreuses et intéressantes raretés, mais aussi de quelques points faibles. Le résultat final est pourtant digne d’intérêt, bien qu’il ne soit aucunement conseillé à ceux qui souhaiteraient découvrir le travail de Mudvayne.
.: Tracklist :.
01. Dig (Live)
02. Silenced (Demo)
03. Dull Boy
04. Death Blooms (Demo)
05. Fall Into Sleep (Demo)
06. Not Falling (Demo)
07. -1 (Live)
08. Happy (Demo)
09. (Per)Version Of A Truth (Demo)
10. World So Cold (Live)
11. On The Move
12. Goodbye
13. Skrying (Demo)
14. All That You Are (Demo)
15. Forget To Remember (Acoustic)
16. King Of Pain