Avec Mirrors, publié il y a maintenant deux ans, Misery Signals était parvenu à prouver que le hardcore mélodique (ou plus communément Metalcore) pouvait encore accoucher de rejetons surprenants. Non pas que le résultat fut résolument novateur, mais les onze morceaux composant l’album adoptaient une approche mois standardisée FM que la moyenne et s’adjoignaient de ce fait une redoutable efficacité. Controller, nouveau méfait des américains, était donc attendu au tournant. D’autant plus que ces derniers sont retournés aux côtés de Devin Townsend, qui assure une nouvelle fois la production de l’album.
Les signes ne trompent que rarement. Il suffira presque d’une écoute pour s’en convaincre : Controller confirme indiscutablement tous les espoirs placés en Misery Signals. Loin de céder aux sirènes du mercantilisme et des mélodies à outrance, le quintet a affirmé son style et posé sur bandes dix nouveaux titres clairement inscrits dans la continuité de l’excellent Mirrors. Car si la formation ne propose aucunement une nouvelle vision de sa musique et conservera le même équilibre des éléments, les musiciens en ont néanmoins renforcés les fondations. Entre rage pure et séquences riches en émotions, Misery Signals ajuste merveilleusement sa balance, évitant à tout moment les débordements parfois inhérents à une facette mélodique trop marquée. Le chant du frontman Karl Schubach est à ce niveau l’ingrédient indispensable au très bon niveau de ce Controller, ce dernier posant sur bandes des tirades vocales ne faisant preuve d’aucune concessions. Ses interventions baignent dans une hargne viscérale, son timbre se montrant puissant et encore mieux maîtrisé que sur la livraison précédente. Deux ans après son intégration au sein de Misery Signals, Schubach semble définitivement avoir trouvé sa place, et s’épanche dans des lignes hurlées aux tonalités graves décuplées et envahissants (« Set In Motion », le fabuleux « Weight Of The World »). Bien qu’à l’aise dans un registre clair bourré d’émotions, ce dernier n’en use qu’avec une relative parcimonie, conférant à ces interventions inopinées une véritable utilité (« A Certain Death », les couplets envolés de l’enivrant « Ebb And Flow ») du fait qu’elles ne viennent pas habiller chaque refrain.
Si la très bonne performance de Karl Schubach retient inévitablement l’attention lors des premières écoutes, les canevas musicaux érigés par la section instrumentale s’avèrent eux-aussi particulièrement soignés. La politique de contrastes propre au « style » Misery Signals est là aussi appliquée à la lettre, la paire Ryan Morgan / Stuart Ross évitant la saturation continue au profit de très nombreuses incartades aériennes toutes en arpèges. Débarquant sans crier gare, les envolées planantes permettent à la musique du quintet de respirer (« Nothing », « Coma »), bien que l’ensemble ne demeure par ailleurs pas moins virulent que Mirrors. Bien que légèrement moins rageuses, Les musiciens n’en oublient pas les nombreuses interventions coups de poing, qui ne perdent rien de leur efficacité dévastatrice. Les parties de guitares restent en effet bien plus techniques qu’une majorité de formations metalcore lambda, Misery Signals ne respectant pas toujours un schéma pré-établi et permettant à Controller de se doter de quelques travers surprenants (le versatile « Reset », plus de six minutes au compteur). Vocalement comme instrumentalement, la formation joue constamment l’équilibriste, et parvient à ne jamais sombrer dans la facilité.
Bien que Controller ne révolutionne en rien les bases établies par Misery Signals sur ses deux précédentes livraisons, le disque sonne comme un aboutissement et se placera indiscutablement comme le maître étalon de la discographie du groupe. En matière de hardcore mélodique, il devient rare de trouver une formation aussi intègre et talentueuse. Une raison de plus de ne pas passer à côté de ce nouvel opus.
.: Tracklist :.
01. Nothing
02. Weight Of The World
03. Labyrinthian
04. Parallels
05. Coma
06. A Certain Death
07. Set In Motion
08. Ebb And Flow
09. Reset
10. Homecoming